Un énorme gâchis : 25 à 30 millions d’exemplaires de manuels « jetables »

Le PPS au Parlement

Se fondant sur les résultats de l’étude du Conseil de la concurrence dans son récent «Avis sur le fonctionnement concurrentiel du marché du livre scolaire», le président du groupe du progrès et du socialisme à la Chambre des représentants, Rachid Hamouni, a adressé une question écrite au ministre de l’éducation nationale, du préscolaire et des sports pour lui rappeler les défaillances du marché du livre scolaire. 

Il y souligne aussi la nécessité de réhabiliter le livre scolaire en tant qu’outil pédagogique et non en tant que produit essentiellement commercial comme c’est le cas actuellement et d’intégrer cette réhabilitation dans la politique de réforme du secteur. 

Selon l’étude du Conseil de la concurrence, les livres scolaires sont devenus moins attractifs pour les élèves, voire répulsifs pour certains, ce qui les prive des apprentissages fondamentaux que ces livres sont censés apporter à ces élèves.

Hamouni écrit aussi que l’une des principales recommandations contenues dans l’avis du CC souligne que « L’Etat se doit de s’approprier la production des manuels scolaires officiels destinés notamment au cycle primaire et secondaire comme étant un acte constitutif de la souveraineté nationale. Leur élaboration ainsi que les droits d’auteurs y afférents doivent rester la propriété de l’Etat et doivent viser la création d’un socle servant l’unité, l’identité et les valeurs de la Nation ».

En effet, le Conseil constitutionnel (CC) estime aussi que le modèle économique sous-tendant le marché du livre scolaire est devenu contreproductif reposant sur une offre et une demande artificiellement soutenue par des fonds publics et semi-publics et en total déphasage avec les réalités économiques du marché.

D’après le CC, ce marché se caractérise par une production du livre scolaire massifiée oscillant entre 25 et 30 millions d’exemplaires de manuels « jetables », programmés et conçus à être utilisés une et une seule fois, soit une «consommation» de 3 à 4 livres en moyenne par élève et par an. Ceci occasionne un énorme gaspillage de ressources, de matières et d’énergie pour le pays.

L’outil pédagogique transformé en un produit essentiellement commercial

Cette production est dominée par le manuel papier imprimé qui occupe une place primordiale dans le processus d’apprentissage au sein de l’école publique marocaine. Il a encore la particularité d’être un manuel unique sans outils auxiliaires tels que les CD-Rom, clés USB, etc. En effet, aucun manuel scolaire sur le marché n’est doté d’un support numérique complémentaire, et ce, contrairement à d’autres pays où le manuel imprimé est souvent accompagné d’un ensemble de supports numériques.

Dans le même temps, ajoute le CC, six groupes d’éditeurs contrôlent 63 % du marché national du livre scolaire. Le manuel scolaire a pratiquement été transformé d’un outil pédagogique en un produit essentiellement commercial, regrette-t-il.

Le développement quantitatif du marché du livre scolaire s’est effectué au détriment de la qualité de sa forme et de son contenu. De ce fait, les livres scolaires sont devenus peu attractifs pour les élèves, voire répulsifs pour certains, ce qui les prive des apprentissages fondamentaux que ces livres sont censés apporter à ces élèves.

Et l’étude de conclure que la multiplicité et la diversité des manuels scolaires n’ont pas atteint les objectifs souhaités et qu’il est temps d’en tirer les conclusions qui s’imposent.

M’Barek Tafsi

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