Refonte du système national de santé
Ouardirhi Abdelaziz
Le Maroc s’engage dans une ambitieuse refonte de son système national de santé, visant à garantir un accès universel à des soins de qualité pour l’ensemble de notre population.
C’est un défi et un enjeu majeur pour le développement humain et économique pour notre pays. Il s’agit de mobiliser toutes les ressources nécessaires, infrastructures sanitaires, ressourcés humaines, financières, pour assurer l’accès aux soins de qualité à tous grâce à une refonte du système de santé.
A cet effet, la Loi-cadre n° 06-22 constitue le socle de cette réforme profonde, introduisant des mesures ambitieuses pour renforcer notre système de santé, pour qu’il soit plus robuste, résilient et capable d’accompagner les grands chantiers dans lesquels s’est engagé notre pays sous la conduite éclairée de sa majesté le Roi Mohamed VI que Dieu le préserve.
Cette réforme s’articule autour de plusieurs axes stratégiques, dont l’adoption d’une bonne gouvernance, la revalorisation des ressources humaines, la mise à niveau de l’offre de soins, et la digitalisation du système de santé.
De grands efforts, mais il reste beaucoup à faire
Le système de la santé représente un poids non négligeable dans l’économie marocaine, le Maroc consacre 6 % de son PIB au secteur de la santé
, avec un mentant de la dépense globale de santé qui pèse 60 milliards de DH.
C’est un secteur dont l’organisation est complexe avec près de 160 hôpitaux publics, une capacité de 25.889 lits, et 11 hôpitaux psychiatriques avec une capacité de 1.512 lits. De nouvelles structures hospitalières sont en cours d’achèvement et viendront renforcer l’offre de soins au niveau des différentes régions du Maroc.
Il est aussi important de mentionner qu’il n’existe que 131 centres d’hémodialyse pour les malades dans le public avec un nombre total de 2.739 appareils de dialyse.
2.178 établissements de soins de santé primaire dans le public.
Dans le secteur libéral à but lucratif, il y a 350 cliniques privées concentrées dans 4 régions, à savoir Casablanca-Settat, Rabat-Salé-Kenitra, Marrakech-Safi et Fès-Meknès.
En outre, 14.345 médecins exercent dans le secteur public, près de 14.533 médecins dans le secteur privé, soit un total de 28.892 médecins pour une population estimée à 37 millions d’habitants, le ratio est de 7,8 médecins pour 10.000 habitants alors que le standard de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) est de 15,3 médecins pour 10.000 habitants
En ce qui concerne les professionnels de santé soignants (infirmiers – infirmiers – sages femmes – techniciens de santé….), leur nombre est estimé à 37.376 dont 16.221 infirmiers polyvalents et 6.216 sages-femmes et les administratifs, agents de service, de maintenance, ambulanciers…..
Grace aux hautes instructions de sa Majesté le Roi Mohamed VI que Dieu le préserve, le budget de la santé vient de connaitre une augmentation passant à 32,6 milliards de dirhams, ce qui représente une hausse de 1,9 milliard de dirhams dans le projet de loi de finances pour 2025 par rapport à 2024.
L’objectif visé est de permettre une modernisation des établissements de soins, d’augmenter le nombre de professionnels de santé (médecins – infirmiers), notre pays a un besoin urgent de 65.000 infirmiers et infirmiers, et de 32.000 médecins, pour garantir un accès élargi et équitable aux soins de santé pour tous nos citoyens.
A eux seuls ces chiffres témoignent qu’il reste beaucoup à faire, et que parmi les problèmes prioritaires, il y a celui de la bonne gouvernance de notre système de santé.
Gouvernance du système de santé
Analysée dans sa globalité, cette gouvernance de notre système de santé implique comme nous l’ont souligné une multiplicité d’acteurs des différents secteurs public et privé, tant au niveau régional, qu’au niveau national.
Cette gouvernance a toujours été critiquée depuis des années, on entend souvent qu’elle est trop cloisonnée, trop centralisée, trop couteuse par rapport aux résultats escomptés. Il est vrai que notre système de santé n’est pas le premier de la classe, mais il est bon et permet à tous de pouvoir être soignés, et aux indigents et économiquement démunis d’être pris en charge gratuitement dans les hôpitaux publics.
Notre système de santé peut mieux, mais parmi les nombreux problèmes qui ne lui permettent pas de s’exprimer pleinement, il y a comme qui dirait un grain de sable qui enraye les rouages de ce système.
Il ne faut pas chercher très loin, les professionnels de santé qui ont des années d’ancienneté et d’expérience, qui ont vécu les différentes réformes depuis les années 90 à ce jour, vous diront tous qu’il s’agit de la gouvernance.
Depuis plusieurs années, cette gouvernance fait l’objet de réformes, dont la dernière en date consiste à mettre en place les groupements sanitaires territoriaux (GST), la haute autorité de la santé, l’agence nationale des médicaments, l’agence nationale du sang et des dérivés du sang. Sans oublier le rattachement de la CNOPS à la CNSS pour nous, dit -on une meilleure gestion de l’assurance maladie.
Ces grands projets illustrent la Haute Sollicitude dont SM le Roi Mohammed VI n’a eu de cesse d’entourer le secteur de la santé, notamment à travers la modernisation des infrastructures hospitalières, ainsi que le renforcement et l’amélioration de la qualité des prestations médicales de base et leur rapprochement des citoyens.
Ils traduisent également l’engagement du Maroc, sous la conduite de Sa Majesté le Roi, à promouvoir et développer le système national de santé et à garantir l’accès de l’ensemble des citoyens à des services de santé de qualité dans l’ensemble des régions du Royaume.
Les hommes qu’il faut à la place qu’il faut
En guise de conclusion concernant la gouvernance de notre système d santé, plus particulièrement le volet relatif aux compétences humaines, il y a lieu de dire sans détours, clairement, en toute simplicité que le clientélisme, les nominations partisanes, les pistons, bak sahbi, tout cela finit par miner la bonne gestion des services sanitaires.
Diriger une direction, une division, un CHU, un hôpital régional, préfectoral est une entreprise difficile, les problèmes humains techniques, logistiques et financiers, sont d’une grande complexité et demandent. De ce fait, un savoir et un savoir-faire indispensables pour mener à bien toutes les missions et atteindre les objectifs.
Il y a ceux qui sont là grâce à un concours de circonstances, d’autres qui sont indéboulonnables, qui s’accrochent au mime fauteuil depuis des années.
Il ne s’agit pas pour nous de faire ici un procès, mais de chercher l’intérêt des citoyens, car qui dit manque de compétences managériales hospitalières fait aussi référence à la non qualité qui va se répercuter sur les soins, la gestion des ressources humaines, matérielles…
C’est l’une des raisons qui porte atteinte à l’image de nos hôpitaux, et toutes les réformes entreprises jusque là n’ont pas apporté des résultats.
Nous avons des atouts considérables en moyens humains et matériels. Si seulement les responsables pouvaient faire appel aux cadres administratifs et médicaux compétents et expérimentés, intègres, exemplaires, des leaders et des managers capables de mobiliser les professionnels autour de projets novateurs pour que tous les partenaires puissent travailler ensemble pour le plus grand bien de nos concitoyens, il sera possible de réaliser les réformes nécessaires et salutaires. La tâche n’est pas facile, mais on relèvera les défis inchAllah .