Les sous-produits du palmier-dattier, un potentiel à haute valeur ajoutée sous-exploité

Outre la datte, aliment de haute valeur nutritive, le palmier dattier offre une large gamme de sous-produits agricoles, qui va de l’artisanat de vannerie au bois de construction en passant par les aliments de bétail.

Symbole de fertilité et de prospérité, le palmier dattier assure aussi bien à la population oasienne qu’à son cheptel, une gamme très large de produits très utiles voire même indispensables à leur vie et à leur maintien dans ces zones hostiles.

Pour une croissance verte, les experts du secteur ont préconisé le fait qu’il est temps de déterminer les actions prioritaires à mener pour assurer une croissance économique écologiquement durable et socialement équitable.
Parmi les produits phares dont peut s’enorgueillir le Maroc, la datte figure en bonne place. Connue mondialement par ses différentes variétés, la datte marocaine est d’une qualité inégalable, tant sur le plan nutritionnel qu’en matière de goût.

Cependant, d’aucuns ignorent les vertus et les bienfaits insoupçonnés de ses sous-produits, à l’image des noyaux de dattes, lesquels représentent un manque à gagner économique et une perte de gisement de biomasse.

A en croire les responsables des offices régionaux de l’agriculture de Drâa et Tafilalet, la valorisation des sous-produits agricoles, comme le noyau de datte, permettra de protéger l’environnement en utilisant différents procédés biologiques. Elle assure également une agriculture régénératrice et durable.
Les noyaux de dattes constituent une biomasse locale, disponible et bon marché. Ses potentialités d’utilisation sont immenses et peuvent intéresser les différents secteurs de l’activité humaine telles les industries agro-alimentaire, cosmétique et pharmaceutique.

Pour le segment alimentation, les dattes non consommables se transforment en vinaigre, alcool, levures, farine et sirop. Quant aux noyaux, on peut les trouver dans des emballages bien présentés par les coopératives contenant du café ou des produits cosmétiques (huile et khôl).

Les déchets même du dattier ont trouvé le chemin de la valorisation par ensilage, pour constituer un aliment de bétail avec des caractéristiques nutritionnelles intéressantes.

« Les déchets des dattes, les dattes de faible valeur marchande qui représentent en moyenne 20 % de la production et les noyaux des dattes consommées par le ménage sont broyés et utilisés comme aliment concentré pour le bétail », fait savoir le directeur régional de l’agriculture de la région Drâa-Tafilalet, Mohamed Boussfoul, dans une déclaration à la MAP.

Depuis quelques années, certains agriculteurs ont commencé à produire à partir des restes des régimes de dattes une sorte de tourteau pour le cheptel en utilisant des broyeurs mécaniques, précise M.Boussfoul.

Le potentiel existe, mais la recherche doit accompagner pour l’élaboration d’une ration alimentaire bien équilibrée, recommande le responsable.
Les oasis de la région Drâa Tafilalet produisent un gisement important de sous-produits du palmier estimé à plus de 10.000 tonnes annuellement, relève M.Boussfoul, notant que ce gisement est constitué de palmes sèches, les restes des inflorescences et des régimes et d’autres parties sèches de l’arbre.
Des essais de valorisation de ces déchets par la production du compost sont menés au niveau de la zone de Jorf dans le cadre du Programme Oasis Tafilalet (POT), le Cari, le CEDTOD et avec l’appui de l’ORMVA du Tafilalet et la FSTE, indique le responsable.

Le procédé consiste en un broyage des déchets du palmier dattiers et toute matière organique de l’oasis et le mélange avec du fumier des ovins et bovins et de l’eau dans des proportions bien déterminées, explique-t-il.

Après au moins 6 mois, le compost est prêt à être utilisé. Les essais ont bien réussis et ont permis l’amélioration de la technique de production d’une matière organique bien décomposée restituée au sol au niveau de l’exploitation agricole, se félicite M. Boussfoul.

La préoccupation actuelle des institutions de développement agricoles au niveau de la région réside dans l’utilisation de ce gisement pour la production d’un compost indemne de Bayoud, maladie qui affecte le palmier dattier et la création de petites unités à proximité des palmeraies.

D’après le président du GIE Ghris Fekala Amagha, Mohamed Idriss, la recherche joue un rôle primordial dans le développement de ce potentiel.
« Dans le cadre du plan Maroc vert, les agriculteurs bénéficient de sessions de formation pour améliorer leur rendement et exploiter davantage le palmier dattier », a indiqué M.Idrissi.

Recelant d’énormes richesses en fibres végétales, le palmier dattier présente des propriétés mécaniques susceptibles d’être utilisées dans plusieurs domaines techniques, dont la construction.

Ainsi, on l’utilise pour construire les logements, les meubles et leur décoration ou pour la préparation des outils à exploiter dans l’agriculture ainsi que pour la lutte contre l’ensablement.

Un autre secteur non moins important, d’ordre agro-touristique, mérite d’être signalé eu égard au rôle primordial du palmier dattier dans le maintien de l’identité écologique des oasis marocaines.

Dans ce contexte, il est intéressant de noter que le tourisme dans le Sahara a connu un développement rapide ces cinq dernières années et les oasis occupent une place stratégique comme lieu de visite et de résidence.

Ainsi, le développement d’un tourisme équitable, raisonné qui respecte l’environnement et l’Homme des oasis qui façonne le paysage et le maintien quotidiennement, permettrait de diversifier les sources de revenus dans ces zones.

Le palmier dattier est également exploité dans l’artisanat, ses poutres et ses palmes constituent toujours une matière première que la main de l’homme transforme en figure à usage multiple.

Mobilier d’intérieur, objets de décoration, à base de tronc de palmier, cordes et couffins tressés en fibre de palme ainsi que de véritables petites œuvres d’art réalisées avec des noyaux de dattes composent la gamme de produits que des artisans tirent des palmiers.

Il faut noter à ce propos que la loi interdisant l’utilisation et la vente des sacs en plastique ont ravivé l’intérêt des familles à un retour aux paniers traditionnels et entraîné un regain de plusieurs métiers para-agricoles valorisant au mieux les sous-produits agricoles, en l’occurrence du palmier dattier.

Malika Mojahid

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