Abdelmajid Dolmy, le maître à jouer et le maestro à ne pas oublier

A l’occasion du mois sacré du Ramadan et à l’approche de la reprise des éliminatoires de la Coupe du Monde 2018 de football qui seront prochainement à la 3e journée de la phase des groupes, dernier Cap avant d’aller en Russie, pour les cinq pays gagnants du Continent dont le Maroc, on vous propose de revisiter ensemble le parcours de certains joueurs ayant accompagné l’équipe nationale en Coupes du Monde (1970 et 1986 au Mexique, 1994 aux Etats-Unis et 1998 en France).

La pensée aux anciens joueurs ayant marqué l’Histoire du football marocain continue, encore et toujours. Abdelmajid Dolmy est un élément majeur de cette constellation de joueurs. Il a contribué d’une grande manière à l’enrichissement de la sélection du Maroc tout en garantissant les plus périodes des plus agréables àson club dans les compétitions nationales et ce, durant plusieurs saisons. Son parcours long et glorieux parle bien de lui.

Né en avril 1953 à Casablanca, Dolmy a fait ses débuts dans les terrains et espaces vagues de Derb Soltan, fief du Raja de Casablanca, auquel il a commencé sa carrière en 1971 pour parcourir une carrière longue de 20 ans et plus précisément jusqu’à 1991 où il a raccroché les crampons. Entretemps, Dolmy avait été transféré à l’équipe de la Centra Laitière (CLAS). Ce transfert qualifié du plus cher de la saison pour un joueur de l’époque, avait été effectué en raison du talent inné de Dolmy mais aussi de sa grande popularité. L’arrivée de Dolmy en compagnie de son public qui le suivait là où il évoluait, a donné un nouveau souffle à l’équipe de la CLAS portant par la suite le nom de l’Olympic Casablancais (OC) et jouait devant des gradins pratiquement vides dans son fief au célèbre terrain Tessema. Dolmy avait fait les beaux jours de l’OC durant 3 saisons, entre 1987 et 1990, avant de revenir au bercail pour achever sa carrière chez les Verts en 1991.

Si Dolmy n’avait pas eu de chance pour remporter le championnat national surtout avec son club rajaoui qui optait pour le jeu spectaculaire, l’art et la manière au lieu du résultat, il garde à titre de consolation les 3 Coupes du Trône remportées en 1974 au détriment du Moghreb Fès, en 1977 devant le Difaâ El jadida et en 1982 face à la Renaissance Kénitra, toujours sur le même score serré  de (1-0). Ce qui montre bien que le Raja, surnommé les Diables Verts, préférait le jeu séduisant avant les buts et les filets.

Dolmy qui reste un grand footballeur ayant plusieurs surnoms le «Maâllem» (Maestro), «Al Moudir» (Directeur), «Al Oustade» (professeur)… ou encore «Al mitale» (l’exemple), a brillé au Raja sous le numéro 4 avant de porter le numéro 6 en équipe nationale où il a joué également pendant une longue durée de 1973 à 1988.

Ayant un rendement technique polyvalent, une très bonne endurance et un grand esprit sportif, Dolmy a accompagné l’équipe nationale pendant 5 Coupes d’Afriques des Nations. La première CAN était la meilleure avec le titre remporté en 1976 lors de la CAN d’Ethiopie à Addis-Abeba, la seconde avec le premier tour en 1978, puis la 3e place du podium en 1980 alors que lors des CAN 1986 et 1988, les Lions avaient terminé en 4e place.

Dolmy qui a également contribué à la qualification de l’équipe nationale aux Jeux olympiques de 1984 à Los Angels, allait mener les Lions de l’Atlas vers la plus grande performance de l’histoire, non seulement du Maroc mais aussi du monde arabo-africain tout entier. Il s’agit de la qualification du Maroc au second tour de la Coupe du Monde 1986 au Mexique en prenant le leadership d’un groupe composé par certaines grandes nations de football telles la Pologne et l’Angleterre étouffées par Dolmy et accrochées par les Lions sur le même score de (0-0) alors que le Portugal n’a pas pu limiter les dégâts en s’inclinant par (3-1), buts de Merry Krimau et Khairi auteur d’un doublé. Au second tour, les coéquipiers de Dolmy ont quitté ce rendez-vous planétaire, la tête haute, face à l’Allemagne vainqueur  sur un petit but (coup franc marqué par Lothar Matthäus à 2 minutes de la fin du match). L’équipe du Maroc avait tout l’honneur à garder puisque l’Allemagne sera le futur finalise de ce Mondial remporté par l’Argentine de Maradona.

Voila pour le parcours long et riche, d’un maestro qui a bénéficié de l’admiration sans failles de toutes les générations des joueurs marocains l’ayant accompagné.

Dolmy restera ainsi un modèle à suivre par les footballeurs marocains d’aujourd’hui et la génération à venir pour plusieurs raisons dont son esprit sportif qui lui a valu le «prix du fair-play» décerné en 1992 par l’UNESCO (Organisation des Nations unies pour l’Education, la Science et la Culture). Ce titre a bien récompensé Dolmy, un joueur dont la moralité et la courtoisie exemplaires le font unanimement considérer par ses partenaires ou adversaires comme un ambassadeur remarquable du football.

Les générations montantes doivent également s’inspirer de la longévité exceptionnelle de Dolmy qui a duré pendant deux décennies, carrière marquée par 800 matches environ, un record de 140 sélections, 570 matches avec le Raja et plus de 70 rencontres au sein de l’OC. Tout au long de ces matches, Dolmy n’a cessé de sillonner et marquer les terrains aussi bien au Maroc qu’en Afrique et à l’échelon mondial.

Feu José Faria qui dirigeait les Lions de l’Atlas à l’épopée du Mondial 1986 avait dit que son équipe nationale est heureuse puisqu’elle bénéficie des services de deux techniciens. Un sur le banc qui est l’entraineur, l’autre sur le terrain reste bien sûr  Dolmy qui oriente le jeu, rassure ses partenaires, assure les couvertures et les récupérations, tout en jouant le rôle du « porteur d’eau », et en permettant à son équipe de dominer le milieu de terrain et de prendre le match en main, quel que soit le calibre de l’adversaire,. Voilà certains points forts de Dolmy qui lui permettent de faire la jonction entre la défense qu’il contribue à stabiliser et l’attaque qu’il alimente grâce à ses excellentes relances.

Les Marocains restent donc fiers d’un tel joueur considéré comme une légende vivante… Car Dolmy restera toujours le maître à jouer qui mérite bel et bien le nom par lequel il est connu par les fans du football à savoir, le «Maestro».

Rachid Lebchir

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