Les opérations de séductiondes MRE n’ont pas permis d’atteindre l’objectif escompté Seuls 14% de leurs transferts au Maroc sont affectés à l’investissement productif alors que plus de 40% sont injectés dans l’immobilier, selon les dernières statistiques.
Une nouvelle enquête du Haut-commissariat au Plan confirme ce constat. Dans la région de Tadla-Azilal, à peine 6% des MRE ont procédé à des investissements, dont 71% au Maroc. Souvent, ce sont les MRE les plus âgés qui investissent. Et sans grande surprise, c’est l’immobilier qui draine l’essentiel des investissements. Des secteurs productifs comme l’agriculture ou l’industrie sont délaissés. Ceci revient à la pénurie de capitaux pour les deux-tiers des MRE, elle -même due à la faiblesse des revenus. D’autres, un tiers environ, avancent comme raisons pour ne pas investir, l’état de santé, l’inexpérience, la lourdeur des démarches administratives ou l’étroitesse du marché.
Déjà, les transferts des MRE ont quasiment stagné à près de 29,3 milliards de DH. Mais c’est toute la structure des transferts de MRE qui présente des défaillances. Selon le HCP, ces transferts ne sont pas à sens unique, c’est à dire du pays de destination vers le pays de départ. Des montants, assez modestes, peuvent servir à financer l’émigration d’un membre de famille. Dans l’écrasante majorité des cas, ces transferts sont inférieurs à 10 000 dirhams. Mais pour un cinquième des émigrants, ils étaient évalués à plus de 10 000 dirhams.
Ainsi, la proportion des émigrants actuels qui transfèrent est faible aussi bien chez les jeunes de 15-29 ans (29%) que chez les plus âgés de 60 ans et plus (31%). Même constat chez les 30-39 ans, 40-49 ans et les 50-59 ans. De surcroît, les montants transmis vers leur ménage d’attache sont relativement modestes. Seuls 20% ont reçu plus de 4000 dirhams par an.Les transferts servent à satisfaire plusieurs besoins à la fois (66%). Ce sont surtout les achats destinés à satisfaire des besoins fondamentaux comme l’alimentation et l’habillement qui se taillent la part du lion avec 25%.
Les dépenses nécessaires, mais non productives, sont rarement mentionnées, comme les frais médicaux avec 3,7%. En revanche, des dépenses qui pourraient stimuler le développement économique de la région, telles que l’épargne (1,7%), le démarrage d’une entreprise (0,2%) ne représentent qu’une faible part. Idem pour les dépenses indirectement productives telles que les frais de scolarité (0,2%).
Face à l’échec des initiatives destinées à booster les investissements des MRE, notamment du Fonds MDM Invest, qui engage l’Etat à prendre en charge 10% du coût du projet d’investissement, le gouvernement déploie désormais le patronat pour ses opérations de séduction. Récemment, la GCEM a lancé une 13ème région, une nouvelle plateforme virtuelle qui présente les opportunités économiques aux investisseurs et entrepreneurs marocains installés à l’étranger, et les accompagne pour investir dans tous les secteurs.
Hajar Benezha