Au vu de ce qui se passe, depuis ce vendredi, au pays de l’Oncle Sam, on peut dire, sans risque de se tromper, que la guerre a été ouvertement déclarée entre le Chef de l’Etat et les footballeurs américains. Mais pourquoi donc et comment en est-on arrivé là?
Lors d’un discours donné ce vendredi, Donald Trump s’en est violemment pris à Colin Kaepernick, un ancien «quaterback» qui, en 2016, avait protesté contre les violences policières exercées à l’encontre des Afro-américains et qui s’étaient soldées par le meurtre de plusieurs noirs. Il est reproché à l’intéressé d’avoir -en signe de protestation- posé un genou à terre lors de l’interprétation de l’hymne nationale alors, que d’ordinaire, à ce moment-là, joueurs et public ont coutume de se tenir debout la main droite posée sur le cœur.
Condamnant les propos tenus par leur président, ce sont plus de 150 joueurs de la Ligue de Football américain (NFL) qui, avant les quatorze matchs disputés ce dimanche, se sont donné le mot pour défier leur chef d’Etat en s’agenouillant et en se tenant par la main durant l’hymne nationale ; un comportement qui a provoqué l’ire d’un Donald Trump profondément outré qui a menacé de « virer tous ces fils de p…».
Les images des joueurs, genoux à terre pendant l’hymne nationale et se tenant par la main, ont marqué les esprits car elles ont été reprises, en boucle, par toutes les chaînes de télévision.
En signe de solidarité avec les footballeurs, un joueur de base-ball s’est lui aussi comporté de la sorte pendant l’interprétation de l’hymne nationale. Il en va de même du chanteur-vedette Stevie Wonder qui a profité d’un concert pour soutenir les footballeurs américains en adoptant la même posture.
Autant dire que ce sont de plus en plus d’américains qui récusent les propos tenus par leur Président. Or, ce dernier ne s’en est pas arrêté là puisqu’il a poursuivi ce lundi sa croisade contre le manque de respect envers le drapeau en déclarant que « le problème du genou à terre n’a rien à voir avec les questions raciales (mais qu’) il s’agit (plutôt) du respect pour notre Pays, notre Drapeau, notre Hymne Nationale (et) la NFL doit respecter ça ! ».
Nous pouvons dire, enfin, que la virulence des propos du chef de l’Etat et l’avalanche des condamnations auxquelles ils ont donné lieu ont conféré un relief tout particulier à cette querelle qui touche au respect des symboles nationaux et de la liberté d’expression ainsi qu’à la condamnation des injustices sociales et raciales et qui intervient, enfin, peu de temps après les propos embarrassés et ambigus tenus par le chef de l’Etat à la suite des violences à relent xénophobe qui, le 12 Août dernier, avaient endeuillés la ville de Charlottesville en Virginie.
Nabil El Bousaadi