Sous le feu des critiques depuis le dernier rapport de la Cour des comptes, les Centres régionaux d’investissement feront l’objet d’une réforme radicale. Le chef du gouvernement, Saaâd Eddine El Othmani, a présenté au roi sa vision de réforme, en marge du conseil des ministres qui s’est réuni jeudi dernier. La feuille de route proposée prévoit d’abord la restructuration profonde des CRI qui jouissent actuellement du statut de Service de l’Etat géré de manière autonome (SEGMA).
Ce nouveau souffle, tant attendu, permettra aux CRI de faire face aux difficultés qui les empêchent actuellement de remplir l’intégralité de leurs missions en termes de création d’entreprises et de suivi de l’investissement. L’idée retenue est de les transformer en établissements publics gérés selon une approche participative. Les CRI seront, en effet, ouverts à tous les acteurs, notamment les conseils régionaux, représentants du secteur privé et les services extérieurs des départements gouvernementaux.
Parallèlement, leurs prérogatives seront étendues au traitement intégré des dossiers d’investissement dans ses différentes étapes, à l’accompagnement global des PME et au règlement à l’amiable des litiges entre Administration et investisseur. La réforme prévoit aussi une réorganisation des CRI. Deux pôles seront créés au sein de ces structures : le pôle «La maison de l’investisseur» et le pôle «encouragement de l’investissement et de l’offre territoriale». La formation des ressources humaines n’est pas en reste. En plus de renforcer la qualification du capital humain, la stratégie d’El Othmani annonce une sélection plus rigoureuse des compétences dans le domaine de la gestion des dossiers d’investissement, surtout pour les postes de directeurs.
Par ailleurs, une commission régionale unifiée de l’investissement sera mise en place. Elle regroupera en fait toutes les anciennes commissions régionales d’investissement. Objectif : améliorer et harmoniser les procédures de prise de décision. Les décisions sont contraignantes pour tous les membres, mais elles pourraient faire l’objet de recours devant le wali de région ou, le cas échéant, devant une commission présidée par le chef du gouvernement. Et comme attendu, la réforme ne fait pas l’impasse sur la simplification des procédures relatives à l’investissement aux niveaux central et régional. Il s’agira, au niveau régional, d’adopter la décentralisation de l’administration. Le gouvernement promet aussi de mettre fin à la bureaucratie administrative et aux abus en adoptant une loi sur l’obligation d’exécution et en réglementant les délais d’octroi des autorisations.
Pour traduire cette vision de réforme en actions concrètes, le chef du gouvernement propose la mise en place d’une commission ministérielle composée du ministre de l’Intérieur, de son homologue de l’Economie et des finances, du secrétaire général du gouvernement et du ministre chargé de l’investissement.
Hajar Benezha