Intervention de la députée Touria Skalli
Dr Touria Skalli, députée du Groupement parlementaire du progrès et du socialisme, a fait intervention devant la Chambre des représentants, mardi dernier, pour exprimer le point de vue du Parti du progrès et du socialisme sur le projet de loi 47-14 relatif à la Procréation Médicalement Assistée (PMA). En voici la teneur.
Monsieur le ministre,
Au groupement du PPS, nous saluons votre volonté de persévérer pour que cette loi encadrant la Procréation Médicalement Assistée (PMA), la loi 47-14 voie enfin le jour.
La PMA est un progrès scientifique majeur, et des millions d’enfants dans le monde ont pu voir le jour et donner le bonheur à tant de pères et de mères de devenir parents après une longue attente où le désespoir menaçait ces familles en devenir.
Les progrès dans ce domaine pointu de la science ne cessent d’apporter des résultats qui offrent des chances de succès grandissants.
Au Maroc, les premiers bébés éprouvette ont plus de trente ans, avec le recul toutes ces méthodes ne présentent aucun danger pour les enfants à naître ;
Face aux charlatans et autres «guérisseurs»…
Mais pour les conjoints, il reste un problème majeur : celui de l’accessibilité à ces soins de santé, de par leur coût élevé et l’absence de couverture médicale par les assurances ou l’AMO (Assurance Maladie Obligatoire), et aussi de par la rareté des centres qui offrent ces thérapeutiques, essentiellement concentrées dans 3 ou4 grandes villes du Royaume.
Au passage, c’est l’occasion de saluer les efforts louables des professionnels de santé, médecins et biologistes, en particulier du secteur libéral ; qui ont su hisser le Maroc et le niveau des prestations dans ce domaine aux normes internationales, obtenant des résultats très honorables.
Eux aussi,ils sont fiers qu’une loi vienne enfin encadrer leurs travaux, à l’instar des autres pays à travers le monde ; pour leur permettre de travailler dans la sérénité, pour mettre fin aux légendes fausses de dérives qui n’existent que dans l’imaginaire des ignorants, faisant de ces thérapeutiques des actes du diable !
Nous saluons également les efforts des hôpitaux publics à Marrakech, Rabat, et bientôt d’autres villes pour créer des centres de PMA qui puissent offrir des soins de qualité aux couples en difficulté, car nous savons combien la régionalisation dans l’offre de soins est importante, pour soustraire les couples en difficulté – et surtout les femmes- aux promesses des charlatans en tous genres ou autres « guérisseurs » qui nuisent plutôt qu’ils n’apportent de solutions.
Un problème de santé publique
Car nous savons le drame que constitue pour une jeune femme en particulier, mais pour les hommes aussi, la difficulté d’enfanter rapidement, la femme devient la cible de la famille, la belle famille et la société en général, ayant poussé certains couples à la rupture avant toute exploration et tentative de diagnostic ou de traitement, ou encore à des suicides tels que rapportés par le ministre de la santé précédent.
Monsieur le ministre,
Les lois qui permettent de garantir un accès sécurisé et de qualité pour tous les couples qui nécessitent une PMA, n’auront de valeur que si cet accès est réel et égal pour tous, quelle que soit la région ou le pouvoir d’achat des citoyens.
Nous savons que ce sont environ 12 pour cent des couples qui sont confrontés à ces problèmes de procréation à des degrés divers ; il s’agit donc d’un problème de santé publique.
A ce titre, la nature d’acte médical répondant à une situation de pathologie de santé de reproduction est clairement établie. La couverture par les organismes de couverture médicale doit couler de source ;C’est là un devoir de l’humanité, qui est garanti par notre Constitution. Il est donc impensable de refuser cette même couverture médicale lorsque des couples en souffrance absolue ne peuvent assumer les coûts de la PMA, qui pourra régler leur problème et leur donner le bonheur de la parentalité, ou au moins la possibilité de tenter leur chance sans s’endetter lourdement ou se ruiner.
C’est pourquoi nous comptons sur vous, monsieur le ministre, pour répondre effectivement aux demandes de ces couples, après la mise en œuvre rapide des décrets qui pourront compléter cette loi, que nous voterons aujourd’hui malgré quelques insuffisances que nous pourrons modifier par la suite.
Et l’approche «droit et progrès» ouverte sur l’accès aux soins et les avancées de la science seront les garants d’une équité sociale dans ce domaine sensible de la santé des femmes, des hommes et de la famille dans notre pays.