La 5e édition du visa for music, qui s’est déroulée du 21 au 24 novembre 2018, a tenu toutes ses promesses. Cette première plateforme musicale réunissant les professionnels et artistes de la filière musicale du Maroc, du Moyen-Orient et d’Afrique, risque de ne pas tenir sa 6e édition l’année prochaine, en raison de l’absence de partenaires et de moyens.
«On n’a en aucun cas voulu que ce soit la dernière ! C’est une réalité parce que cette manifestation ne nous appartient plus, elle appartient à ses artistes, aux acteurs culturels qui ne sont pas uniquement marocains, mais proviennent de tout le continent», nous indique Brahim El Mazned, Directeur Fondateur de Visa For Music, dans une interview accordée à Al Bayane en marge de ce salon musical professionnel.
Et d’ajouter : «C’est un rendez vous auquel les professionnels sont attachés. Ils viennent chaque année avec une fidélité assez impressionnante. Mais aujourd’hui, malheureusement, nous n’avons aucun partenaire annoncé pour l’avenir. Nous n’avons absolument pas de visibilité. Et Il serait imprudent de se lancer dans le vide parce que c’est une affaire très sérieuse et qui nécessite des moyens». Pour sortir de cette impasse, Brahim compte se lancer à la quête de nouveaux partenaires et de nouvelles collaborations pour injecter un sang nouveau dans cette manifestation. «Ce rendez-vous a besoin de mécènes et de sponsors traditionnels. Nous sommes à la recherche de partenaires publics, de mécènes. J’espère que nous parviendrons à trouver une solution pour une prochaine édition», rassure-t-il.
Contre vents et marrées, cette 5 édition s’est tenue avec une programmation très intense et riche. Elle a été marquée par la participation d’une brochette d’artistes venus présentés leurs nouveaux projets musicaux, notamment Asmaa Hamzaoui et Bnat Timbouktou (Maroc), Gwen & Tiana (Gabon), Hamza Said Chraibi & Band (Maroc), Ifrikya Spirit (Algérie), Kommanda Obbs (Lesotho), Lucibela (Cap vert), Lornoar (Cameroun), Mamadou Diabate & Percussion Mania (Burkina Fasso), Mehdi Qamoum (Maroc), Nabyla Maan (Maroc), Sharmoofers (Egypte) et le groupe Shayfeen (Maroc). à cela s’ajoute une sélection officielle composée de Tania Saleh (Liban), Thee Legacy (Afrique du Sud), Ooldouz Poori (Iran), The brooks (Canada), Serkan Uyar (Turquie/ France), Pigment (Reunion), Mounira Mitchala (Tchad), Moonaya (Sénégal), Petit Kandia (Guinée Conakry), Mokhtar Gania et Africa Experience (Maroc), Mbokka Project (Maroc/Sénégal/Mali/Cote d’Ivoire), Adango Salicia Zulu (Gabon), Afro Asian SSound Act “AASSA” (Corée du Sud), Omar and the Eastern Power (Corée du Sud/Maroc), Fellas The Chairman (Afrique du Sud), Guedra Guedra (Maroc) et Marockin’ Brass (Maroc/Belgique) qui ont livré des showcases sur les scènes du Palais Tazi, la salle Bahnini et la salle renaissance.
«On peut dire que c’est un énorme succès vu la qualité des professionnels qui sont venus du monde entier et vu la qualité des concerts, des formations, ainsi que des conférences et débats, des rencontres parallèles qui ont eu lieu. Il y avait du public dans toutes les conférences, sur toutes les scènes et dans tous les concerts», explique El Mazned. C’est une belle manifestation qui a animé cette ville durant 4 jours. «Tous les concerts se déroulent dans des lieux pratiquement historiques de Rabat. Ce qui était formidable, c’est de voir autant de professionnels de tout le Maroc, qu’ils soient des petites ou des grandes villes, comme Zagora, Oujda, Nador, Agadir.
C’est une bonne chose de voir des gens qui viennent de Corée de Sud, de Colombie, de Chili, de l’Europe et d’une trentaine de pays africains, des journalises qui vont venus du monde entier de (Slovénie, de Slovaquie, de Pologne, Norvège) et qui se sont pris eux-mêmes en charge », poursuit-il. «Nous n’avons même pas pu saluer tous les collègues qui sont venus. Il y avait pratiquement 1500 collègues de 70 pays représentés dont une trentaine de pays africains. On peut s’en réjouir», souligne-t-il.
La liste des artistes qui ont pris part à cette édition est étoffée. Le public a découvert grâce aux différents concerts les univers musicaux de Magou Samb (Sénégal/France), Rachid Zeroual (Maroc), Benin International Musical (Benin), Agricantus (Italie), Chalaban (Hongrie/Maroc), Liberia (Russie), Mr. ID (Maroc), Ariband (Maroc), Frigya, Imed Alibi (Tunisie/France), Al Raseef (Palestine), Kasbah (Algerie/France), Kaloune (L’ile de la Réunion), Hicham Massine (Maroc), Mallal (Maroc), ILAM (Canada), Farah Siraj (Jordanie) et Jodour Sahara (Maroc).
5 ans d’existence déjà. Mais quelles sont les retombées financières et économiques sur la filière musicale au Maroc et en Afrique ? « Tout d’abord, des retombées économiques directes sur la ville de Rabat au Maroc, avec le nombre de chambres prises par les professionnels eux-mêmes puisque le festival accueille 30% et les 70% sont pris en charge par les professionnels. Je trouve que c’est formidable de faire de ce rendez-vous une manifestation artistique phare et de faire de Rabat une capitale africaine, une capitale du Moyen-Orient…», confie Brahim El Mazned. «En dehors des retombées sur nos artistes depuis la naissance du visa for music, invités par des grandes manifestations internationales de référence que ce soit au Danemark, au Chili, en Afrique du Sud, au Corée… C’est une occasion pour nous artistes d’aller dans des territoires et des marchés inhabituels», conclut-il.
Mohamed Nait Youssef