Lors de leur réunion de vendredi et samedi à Osaka, au Japon, les chefs d’Etat et de gouvernement du G20 ont eu bien du mal à s’entendre sur la rédaction d’une déclaration finale puisqu’elle a repris, à peu près, les mêmes termes que celle de l’année dernière à Buenos-Aires en Argentine notamment sur les deux questions épineuses ayant trait au climat et au commerce.
Aussi, sur la question du climat, c’est toujours le même constat: Les Etats-Unis restent seuls contre tous. Washington, qui a vainement bataillé pour que le texte final ne mentionne pas le caractère «irréversible» de l’accord de Paris, continue d’afficher sa fermeté en faisant cavalier seul et en écartant d’un simple revers de manche toute idée de changement climatique alors que, de l’autre côté, tous les pays-membres réaffirment leur engagement aux accords de la COP21 signés en 2015 à Paris. S’il n’y a donc aucun recul sur la question du climat, il n’y a aucune avancée non plus.
Ni le président français, déterminé à convaincre son homologue américain, ni la Première ministre britannique malgré son intervention pleine d’énergie, ne sont parvenus à faire changer d’avis à un Donald Trump persuadé que «le changement climatique n’est qu’une idée fausse» quand bien même Theresa May a porté à la connaissance de l’assistance qu’en considérant que «les économies vertes offrent de grandes possibilités», Londres s’est détourné du charbon pour s’engager fermement sur l’objectif de neutralité carbone d’ici 2050. Le Royaume-Uni aurait même déposé une loi en ce sens.
Sur le dossier relatif au commerce, «rien n’a changé » depuis Buenos-Aires concède Angela Mekel qui appelle à «engagement pour un commerce internationale juste, transparent et sans discrimination»; ce qui passe par une nécessaire réforme de l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC) confrontée à l’absence des juges pour arbitrer les conflits commerciaux puis aux questions du respect de la propriété intellectuelle, du règlement du problème des surcapacités de production notamment dans l’acier et, enfin, de celui des subventions cachées. Autant de questions auxquelles des solutions devront être apportées par les ministres du Commerce du G20 avant la conférence ministérielle de l’OMC qui se tiendra au Kazakhstan en 2020.
Mais cette réunion d’Osaka ne s’est pas limitée aux seules questions du climat et du commerce. En effet, les débats ont également porté sur la guerre commerciale entre les Etats-Unis et la Chine et sur les tensions entre Washington et Téhéran après le retrait des Etats-Unis de l’accord sur le nucléaire iranien signé à Vienne en Juillet 2015 par l’Iran, les cinq membres permanents du Conseil de Sécurité des Nations-Unies et l’Allemagne.
Ainsi, en marge de cette rencontre, une trêve a été conclue par Donald Trump et son homologue chinois dans la guerre commerciale que se livrent depuis des mois Washington et Pékin. Au terme de cet arrangement, les Etats-Unis renoncent à imposer des droits de douane supplémentaires sur les importations de produits chinois et consentent à reprendre les négociations avec la Chine.
S’agissant du dossier afférent au nucléaire iranien, il y a lieu de signaler que les trois pays européens présents à Osaka ; à savoir l’Allemagne, la France et le Royaume-Unis – tous signataires de l’accord de Vienne – continuent à le défendre tout en espérant qu’avec un changement de locataire à la Maison Blanche, les Etats-Unis pourront le réintégrer.
Que dire pour terminer sinon que, bien que sa légitimité soit de plus en plus remise en question, le G20 n’a pas encore disparu quand bien même cette réunion d’Osaka n’a rien amené de nouveau dans la mesure où sa déclaration finale ne diffère pas grandement de celle qui avait été adoptée l’année dernière à Buenos-Aires. Jusqu’à quand le G20 «tiendra-t-il le coup» ? Attendons pour voir…
Nabil El Bousaadi