«Allons-nous porter ce fardeau seuls ? Si nous ne recevons pas le soutien nécessaire pour partager le fardeau des réfugiés avec l’Union européenne et le reste du monde, nous allons ouvrir nos frontières».
C’est, en ces termes, qu’en redoutant l’arrivée massive de réfugiés syriens sur le territoire turc en provenance de la province d’Idlib, le dernier bastion de la rébellion syrienne qui fait face actuellement à une grande offensive de la part des forces du régime et de son allié russe et alors que quelques 500.000 réfugiés syriens sont massés dans des camps de fortune le long de la frontière turque, le président Recep Tayyip Erdogan, s’était adressé le 8 Septembre dernier à l’Union Européenne, lors d’une réunion de son parti, AKP (Parti de la Justice et du Développement, Islamo-Conservateur), en menaçant de laisser les 3,6 millions de réfugiés syriens héberges actuellement en Turquie entrer en Europe pour y demander l’asile.
Cette déclaration coïnciderait, selon «Valeur Actuelle», «avec l’arrivée, la semaine dernière, de 13 embarcations de fortune ayant débarqué, en quelques heures, plus de 540 migrants sur l’île (grecque) de Lesbos» qui, de par sa position géographique, se trouve en première ligne pour gérer les réfugiés transitant par la Turquie.
Pour rappel, au plus fort de la «crise des migrants» en Novembre 2015, Ankara avait conclu avec l’UE un accord visant à réduire le trafic d’êtres humains et à prévenir les naufrages en mer Egée. Aux termes de cet accord, en contrepartie d’une aide financière évaluée à 6 milliards d’euros – dont Erdogan affirme n’avoir reçu, à ce jour, que la moitié alors même que ses partenaires européens déclarent lui avoir déjà avancé 5,6 milliards d’euros. La Turquie s’était engagée à renforcer les contrôles à ses frontières avec l’Europe afin d’empêcher les migrants, en provenance de Syrie notamment, d’accéder aux pays de l’UE.
Or, les fonds versés à la Turquie par l’UE se sont révélés bien en-deçà du prix à payer par Erdogan pour pouvoir accorder l’asile à un aussi grand nombre de réfugiés syriens tout en se «permettant» de se mettre à dos sa propre population.
Raison pour laquelle ce dernier se trouve contraint de se tourner vers les Etats-Unis qu’ils mettent en place la fameuse «zone de sécurité» large d’une trentaine de kilomètres que le Président Trump avait cherché, en 2016, à établir au nord-ouest de la Syrie et sous le contrôle d’Ankara pour lui permettre d’y réinstaller au moins le tiers des réfugiés syriens hébergés par la Turquie.
Mais, les propos tenus par le président turc inquiètent les pays européens qui, en s’appuyant toujours sur l’accord précité, entendent contenir le flux de migrants à destination du vieux continent. Aussi, pour calmer le jeu, la chancelière allemande Angela Merkel s’est adressée, ce mercredi par téléphone à son homologue turc pour lui demander de surseoir à l’exécution de sa menace, pendant que Heiko Mass, le ministre allemand des Affaires étrangères, a rappelé au chef de la diplomatie turque, Mevlüt Cavusogu, que l’Union Européenne respecterait ses engagements.
Le président turc Recep Tayyip Erdogan va-t-il mettre ses menaces à exécution et ouvrir les portes de l’Europe aux réfugiés syriens au grand dam des pays de l’UE ? Attendons pour voir…
Nabil El Bousaadi