Hadda Ouâkki est l’une des voix amazighes les plus singulières, suaves, douces et chaudes. La chanteuse porte derrière elle toute une histoire, un amour fou pour le chant et la musique. Elle a développé une passion artistique depuis sa tendre enfance et a dû braver des obstacles pour réaliser son unique rêve: devenir chanteuse.
C’est dans les montagnes du Moyen-Atlas où les chants amazighs puisent leurs rythmes dans l’harmonie et la poésie de la nature que celle qui a le rythme dans la peau a ouvert ses yeux.
Née en 1953 à quelques kilomètres d’Aït Ishaq dans la province de Khénifra, Hadda Ouâkki a commencé à chanter «Izlan» à l’âge de 4 ans. A l’âge de 8 ans, elle se fait un tatouage sur le front. «Nous étions des nomades et nous vivions dans les tentes dans les montagnes. A un moment, j’ai regretté et je me suis dit que ce tatouage allait me donner l’air plus âgée et peut-être m’empêcher de me lancer dans la chanson. Cependant, j’avais toujours ce rêve : devenir une chanteuse», confie la chanteuse.
Les passionnés de la musique amazighe et marocaine se souviennent du duo mythique Hadda Ouâkki et Bennacer Oukhouya. Deux figures de proue qui ont charmé et fait vibrer toute une génération. Parmi les chansons de Hadda, figurent entre autres «Righ ak nsal», «Tserfd Digui L3ar», «Ad Ur N Kat Zin» «Mid Aghin Asisiu». Elle a également fait des duos avec des artistes amazighs de renom, en l’occurrence Mohamed Maghni qui avait chanté avec elle l’un de ses beaux titres «iche3li wafa Gwul».
Issue d’un milieu conservateur, Hadda s’est mariée trop jeune. Rapidement, elle a divorcé. Quelque années plus tard, elle s’est enfuie d’un deuxième mariage et s’est installée à Zaouiat Ait Ishaq. Lors de l’une des fêtes dans la région, elle fait la connaissance de Bennacer Oukhouya. C’est celui-ci qui la ramènera plus tard à Casablanca.
Hadda entame sa carrière artistique en 1969. La chanteuse s’est inspirée de l’art ahidous pratiqué dans sa tribu. Obsédée et passionnée par le chant, la diva s’est produite dans différents festivals au Maroc et ailleurs, entre autres le festival d’Ile de France en 2009.
Reconnaissante envers ses amis artistes amazighs, Hadda a tissé souvent de bons liens avec les acteurs du milieu artistique. Elle ne chantait pas uniquement en amazigh. Elle a également donné à l’art de l’Aita un autre charme avec sa voix puissante qui dépasse les frontières de la langue. «Je suis Marocaine et j’aime tous les Marocains. Il faut que les Marocains s’aiment et s’entraident, sinon il n’y aura rien. C’est l’union qui fait la force», avance t-elle.
Mohamed Nait Youssef