C’est dans la liesse et l’allégresse que s’est ouverte, lundi dernier, la seizième édition du festival international Cinéma et Migrations d’Agadir.
Un contingent hilare d’artistes de tous les horizons, en compagnie d’un public enivrant, prend d’assaut l’enceinte du cinéma Rialto, amoureusement pavoisé pour cette fête annuelle. Aicha et Mountassir, les deux ravissants présentateurs, tout feu, tout flamme, montent sur scène et défilent, dans les trois langues Arabe, Amazigh et Français, les ingrédients de cette soirée d’ouverture à laquelle prennent part le Wali de la région Souss Massa, le Secrétaire Général du Conseil de la Communauté Marocaine à l’Etranger (CCME), le président régional et de nombre de personnalités administratifs et représentatifs.
De prime abord, le grand écran dévoile, dans l’émotion et la piété, une série de figures du cinéma qui ne sont plus de ce monde, frappés du sceau du souvenir reconnaissant à jamais. Driss Moubarik, le président de l’association l’Initiative culturelle, l’organisatrice du festival, prend possession du pupitre pour émettre des propos de bienvenue aux festivaliers, mais également de verbe épris de désolation pour la fermeture chronique de bâtisses de cinéma, dans une métropole mordue du septième art. Puis, survint un moment de haute charge pathétique, à l’adresse de la toute gracieuse Asmaa Khamlichi, pour un hommage solennel, empreint d’affection en direction de cette artiste longiligne et pétillante.
Karim Saidi, le rebelle cinéaste franco-algérien eut droit aussi un geste élogieux du festival qui, par le biais des présentateurs, fait découvrir le talent et le raffinement de la prestation de ce terrible enfant du cinéma, au bord des larmes par cet égard cordial du festival.
Après quoi, les jurys des deux catégories long et court métrage, en compétition officielle, furent, tour à tour,présentés, sous les acclamations nourries du public. De même, des extraits de films ont été débités, pour attiser la curiosité aussi bien des cinéphiles que les profanes, durant la période du festival. Enfin, cet instant cérémonial fut ponctué par la projection d’un court métrage, signé Mustapha Madmoune et interprété par une flopée de jeunes locaux.
Une tradition qui, par sa symbolique et surtout sa spontanéité, ne manquait pas de réchauffer le cœur, à chaque manche du festival. C’est ainsi donc que prend fin ce moment convivial qui annonce le déroulé de cette sixième édition, en grande pompe, de par la qualité des films au programme, mais aussi la diversité du menu proposé, tout au long de ce séjour où le partage et l’échange seront de mise.
Ce coup d’envoi si savamment orchestré, de bout en bout, ne serait, sans nul doute, que le préambule d’une semaine de rencontre euphorique. Le son et l’image qui meubleront la vie de cette ville, longtemps privée de ce plaisir, mettront encore la pression sur les décideurs du public et du privé, afin de les inciter à doter la ville d’un cinéma, a même de combler ce besoin de vie. Ne dit-on pas : «Qui aime la vie, va au cinéma !». Le festival d’Agadir incarne bien ce dicton et rappelle que l’essor de la destination balnéaire n’est pas uniquement le béton de l’économie de marché, mais aussi l’espace de la délectation de l’âme dont le cinéma constitue un satisfecit des sens et de l’esprit.
Saoudi El Amalki