Il y a tout juste un an, la liste des entreprises privatisables venait d’être adoptée par le Conseil du gouvernement et faisait la Une de la plupart des journaux.
Dans la short list des privatisables, il y avait Energie Electrique de Tahaddart, Maroc Telecom, Biopharma, Sonacos, Marsa Maroc et la Mamounia. Objectif de l’opération : 10 milliards de dirhams de recettes attendues de ces privatisations pour couvrir en partie le déficit budgétaire de 2019, estimé alors à 27 milliards de dirhams. Energie Electrique de Tahadart et la Mamounia devaient rapporter à eux seuls la moitié du pactole, soit 5 milliards de dirhams.
Aujourd’hui, on apprend que la Mamounia ne sera finalement pas privatisée. Elle sera désormais intégrée à un pôle public dans l’hôtellerie qui sera aux mains de l’ONCF, l’OCP et du Fonds Hassan II.
Auparavant celle-ci était détenue à 62% par l’ONCF (part cessible par l’Etat), à 26% par le Conseil de la ville de Marrakech et à 12% par la CDG. Si aucun détail financier ne filtre quant à cette opération, il n’en reste pas moins que depuis quelques mois déjà le nom de l’OCP revenait régulièrement. En juillet dernier, notre confrère ledesk.ma rapportait déjà que le géant phosphatier serait l’heureux acquéreur de ce joyau et ce pour plusieurs raisons. D’abord, bien que de nombreux candidats, et parmi les grandes signatures de l’hôtellerie mondiale, se soient bousculées au portillon, il était finalement regrettable qu’un tel joyau, patrimoine national de surcroît, passe aux mains d’investisseurs étrangers.
Ensuite, il s’agirait pour l’OCP de compenser la perte engendrée pour l’ONCF suite à la décision de Terrab, au moment de son arrivée en 2006, de lancer un pipeline pour le transport du phosphate et d’économiser ainsi le coût du transport ferroviaire. Enfin, même en passant aux mains de l’OCP, cela permettrait toujours d’atteindre un des objectifs principaux de l’opération, à savoir permettre à l’ONCF de se défaire de ce gouffre financier et de se concentrer sur son large programme d’investissement.
La Mamounia traine dans son sillage plusieurs casseroles : une dette à long terme de 455 millions de dirhams et à court terme de 94 millions de dirhams à fin 2016, des résultats déficitaires d’année en année (44,54 millions en 2015 et 3,64 millions de dirhams en 2016 grâce à une cession d’éléments du patrimoine) et un chiffre d’affaires ayant reculé de 378 millions de dirhams en 2015 à 349 millions de dirhams en 2016.
Désormais, on sait que l’ONCF sera toujours partie prenante, sans pour autant savoir dans quelle mesure. La création de ce pôle public dans l’hôtellerie permettra également de reprendre Le Michelifen, le Palais Jamaï de Fès mais aussi le dernier né Marchica Lagoon Resort à Nador. Mais on sait aussi , qu’aucune remontée de cash vers le budget (un des objectifs majeurs de la décision initiale de privatisation) ne se fera.
Soumayya Douieb