Conférence de la jeunesse socialiste sur la crise du coronavirus au Maroc
Karim Ben Amar
La jeunesse socialiste a tenu lundi 4 mai une conférence portant sur la crise du coronavirus au Maroc. L’invité, Housseine Louardi, ex-ministre de la Santé et membre du bureau politique du PPS, a répondu durant 90 minutes aux interrogations des internautes par l’intermédiaire de la modératrice, Laila Dakiri et aux questions du journaliste Soulaiman Raissouni : déconfinement, traitement médical, primordialité de la recherche scientifique…
Le monde a déclaré une guerre acharnée au Covid-19; ce fléau qui a réduit au confinement plus de la moitié de la terre. A cet effet, Housseine Louardi, a mis en exergue l’extrême importance d’une bonne communication en temps de pandémie, et cela à tous les niveaux. L’exministre de la santé a donné l’exemple, en termes de communication défaillante, du port des masques de protection. Aucune consigne n’est donnée pour un port efficace du masque.
Toujours dans le domaine de la communication, Housseine Louardi a exhorté le gouvernement de ne pas donner de faux espoirs aux citoyens marocains. Pour cela, il a donné l’exemple du traitement de la chloroquine. « Jusqu’à présent, aucun traitement ne s’est avéré efficace, ni la chloroquine, ni l’azithromycine.
Ce qui est important à signaler est que 85% des patients atteints du Covid-19 guérissent tout seul», souligne le professeur en médecine. «Le monde entier est à la recherche d’un protocole de traitement pour vaincre ce virus, mais jusqu’à présent, nous n’avons pas encore trouvé de remède efficace à 100%», poursuit-il.
Pour pouvoir lutter efficacement contre ce genre de pandémies meurtrières, il faut que la recherche scientifique soit au point, et donc que l’enseignement soit à la hauteur. A ce sujet, Housseine Louardi a fait un constat alarmant: «depuis 1980, il se dit que le budget de la recherche scientifique passera de 0,8 à 1% du PIB. En 2020, il est toujours à 0,8%».
«Nous avons un besoin criant de mettre les moyens dans la qualité de notre enseignement. Une bonne formation permet de faire de la recherche efficace, et une université ayant un laboratoire de recherche scientifique efficace offre un meilleur enseignement, de plus grande qualité», soutient-il.
Quant au déconfinement prévu le 20 mai, Housseine Louardi a appelé les Marocains à la vigilance.
«Aujourd’hui, il est trop tôt pour lever le confinement. Tant que la situation ne s’est pas encore stabilisée au Maroc, il serait prématuré d’engager le Maroc dans le déconfinement. Tant que le porteur du virus peut contaminer 1 à 3 personnes, il faut persévérer dans cette mesure salutaire» clame le professeur en médecine. Par rapport au type de déconfinement possible, L’ex détenteur du portefeuille de la Santé a préconisé qu’«il pouvait se faire par tranche d’âge, ou par région, mais qu’en aucun cas les Marocaines et les Marocains ne doivent oublier les gestes barrières, dont le port du masque, et le mètre de sécurité».
Et d’ajouter, que «les dépistages doivent continuer mais espérant que d’ici le 20 mai, la situation se sera stabilisée» En réponse à une question sur les sanctions appliquées aux citoyens ne respectant pas les mesures de sécurité et en premier lieu, le confinement, Housseine Louardi les a qualifiés de «disproportionner». «Une amende devrait suffire, de la prison ferme pour ne pas avoir respecté l’état d’urgence sanitaire, c’est excessif» a-t-il affirmé.
«Il y a plus d’individus arrêtés pour non-respect de l’état d’urgence sanitaire que de personnes atteintes du coronavirus au Maroc» souligne-t-il le sourire aux lèvres.
«Le pire c’est que cela a été voté au Parlement. Tout comme le projet de loi 21-20, je ne comprends pas comment des élus votent des textes de loi pareil. Le plus drôle, c’est qu’une fois que les textes font scandale, il n’y a plus personne pour les assumer», a conclu Housseine Louardi.
