Agadir, une ville renaissante!

Franchement, que manque-t-il à une métropole de taille comme Agadir, pour devenir une véritable locomotive du développement régional? Aussi bien son statut de ville-carrefour entre le nord et le sud du royaume que son registre de ville-levier de la triptyque économique de choix qu’elle renferme, depuis des lustres, lui procurent une telle position avant-gardiste dans l’échiquier national.

D’autant plus que la ville était rebâtie, à l’état brut, bien au lendemain du cataclysme de 1960. Certes, au début de la ruée vers la résurrection de la cité sinistrée, sous les auspices de l’instance de l’Etat créé à cet effet, le Haut Commissariat de la Reconstruction d’Agadir (HCR), la ville renaissait progressivement de ses décombres, en procréant de belles bâtisses aux architectures antisismiques de haute qualité, tant sécuritaire qu’esthétique, à l’image du secteur administratif ou encore des sièges de la poste centrale et de l’hôtel de ville.

Cependant, quelques années plus tard, juste après la dissolution du HCR, on eut l’idée de confier une série de lotissements aux conseillers communaux et aux services administratifs concernés, sous l’aile des autorités locales, à l’époque. C’est ainsi que de nouvelles défections entachaient les opérations de montage du cadre de vie de l’habitation, ainsi que l’affectation des domiciles.

Sans trop s’étendre sur les détails de cette phase d’urbanisme marquée de comportement de laxisme et de clientélisme béats, on dira que la refonte de la ville souffrait, dès lors, d’une basse hybridation dont les retombées néfastes ne se font ressentir que des décennies après.

L’entrée en lice du promoteur immobilier national et ses pareils du privé, ensuite, aggravaient davantage ces diverses incohérences foncières, avec de nouvelles attitudes infectées de spéculation et de «sous table», sans parler de la profusion de multitudes d’immeubles, sans respect de normes urbanistiques ni dotation en équipements publics rudimentaires.

La voracité «bétonnière» des lotisseurs-aménageurs en vrac allait, par la suite, se poursuivre, sans répit, partout en ville et ses banlieues au point d’offrir, au fil des ans, un modèle d’urbanisation, en fracture criard avec la politique de la ville intégrée recherchée.

En revanche, on ne pourrait passer sous silence le succès enregistré dans le programme national de l’éradication des bidonvilles, à l’instar de nombre de régions du royaume. Ce sursaut ferme a permis de mener une large campagne de démolition des baraques et des constructions non réglementaires, notamment dans la bourgade d’Anza ou pas moins d’une dizaine de douars ont été totalement rasés, quoique ces mesures aient suscité des sentiments de frustration aux victimes, longtemps enracinées dans ces lieux, avec l’aval complice des agents de l’autorité et des conseillers de la commune, pour des considérations électoralistes, à l’époque.

Ceci étant, aujourd’hui, on a  pas l’intention de dévoiler ce passé lugubre pour revendiquer des sanctions à l’encontre des auteurs de ces déchéances, car la responsabilité incombe à nombre de gouverneurs, d’élus et d’institutionnels. L’impunité a toujours été le fort du pays durant des décades.

On hérite alors de ces déficits qui ont beaucoup nui à l’évolution de cette ville dont les atouts susmentionnés ci-dessus sont incontestables. Comment peut-on assurer à la cité satellitaire qui regorge d’une constellation de potentiels, le rayonnement escompté ? Il est bien évident que l’intervention de l’Etat est primordial, à l’instar de plusieurs de ses homologues du pays, en particulier Marrakech, Tanger, Rabat, Kénitra, Casablanca…Son soutien, à travers l’apport de gros fonds publics et étrangers et de hauts chantiers, est nécessaire pour pouvoir enclencher le décollage effectif dont les ingrédients ne lui ont jamais fait défaut.

Toutefois, on ne pourrait guère persuader et drainer les appuis étatiques de cette envergure, sans la prédisposition des énergies locales, fondées d’abord, sur la créativité et l’engouement de toutes ses composantes, en parfaite synergie, en premier lieu, la commune  territoriale. Agadir a toujours les moyens de le faire, en toute franchise ! Certes, le pessimisme n’a pas lieu d’exister en pareils cas, en comparaison avec l’optimisme qui souvent est utile pour la vie d’une ville. Mais, des fois le pessimisme incite au dépassement d’un état maussade, comme disait, le théoricien communiste italien, Antonio Gramsci : «On est pessimiste par l’intelligence et optimiste par la volonté!».

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