Ainsi parlait Shahrazade

Ce sont les femmes qui le crient, le renchérissement du coût de la vie est insupportable. Comme elles le disent « Là où tu poses la main sur une marchandise, son prix te brûle ».La conjoncture redonne à la journée internationale de la femme son caractère revendicatif originel, celui de la mobilisation pour les droits de la femme ;pour une « approche intégrée de l’égalité entre les femmes et les hommes »dans notre société.

Nos femmes ne crachent pas sur l’agréable fleur, même celle d’un jour, mais elles veulent vivre dans la dignité et le bienêtre aussi relatif soit-il, dans une société moderne, ouverte et régie par la justice sociale.

Le rôle social de la femme reste déterminant pour l’ensemble de la famille alors que l’homme vaque aux « obligations d’usage » avec ses semblables dans un café, dans un stade ou au siège d’un parti politique.

Cela rend nos conjointes, nos filles, nos mères et nos sœurs sensibles aux variations qui peuvent affecter l’équilibre familial. Elles qui doivent « arranger les dépenses » pour se permettre d’avoir un intérieur convenable, une table agréable et une présence remarquable. Cela les empêche aussi de participer à ces « obligations d’usage » pour se divertir ou contribuer à la vie politique générale.

Une femme dont le nom suggère qu’elle est étrangère à cette société où elle est pourtant enracinée, de ses monts et de ses vallées ; derrière le prénom de Shahrazade, celle qui a résistée et a fait preuve d’intelligence pendant mille et une nuits, dans sa lutte pour l’égalité rappelle la situation de celles qui souffrent au quotidien.

Les femmes, au dos brisé par des ballots de marchandises, par du bois de chauffage ou toute autre colis, qui au quotidien peinent pour permettre la survie de leurs familles.

Elles nepeuvent suivre ce long discours sur la culture du genre, l’exclusion, la mentalité masculine, les actions menées par les associations de femmes pour résoudre les problèmes des femmes et la constitution qui garantit la jouissance des hommes et des femmes, à égalité, des droits et des libertés à caractère civil, politique, économique, social, culturel et environnemental et que l’Etat œuvre à la réalisation de la parité…

Elles ne se préoccupent que d’une chose :ce qui leur faudrait à elles et àleurs progéniturespour assurerdes forces quotidiennes.La résistance à la nature et à sa brutalité, l’endurance devant la cruauté de la vie auxquelles elles font face patiemment pour assurer la vie des siens. Ce sont des femmes dont la vie est un combat perpétuel.

Cette femme dont la beauté enchantait tous ceux qui l’ont approchée et qui la considéraient comme une malédiction devant disparaître. Elle,qui n’est pas née avec une cuillère d’or dans la bouche etqui n’a jamais connue le chemin de l’école. Elle n’a vécu et agi qu’au milieu des loups. Ni sa beauté, ni la voix avec laquelle elle chantait, ni le corps avec lequel elle avait l’habitude de danser pour gagner de l’argent pour elle et son fils, venu de son parcours, ne l’ont aidée. Tout le monde l’a abandonnée, quand ses traits ont commencé à changer ; les loups ont changé de direction vers un autre corps.

Pour le bien de son enfant, elle est revenue pour reprendre le cours de sa vie, loin du chant, de la danse et des loups. Elle balaye la mosquée de la ville et mendie l’aumône aux mêmes loups qui ont dévoré son corps.

Cette femme qui, dans un moment d’amour fou, en est morte ; alors que dans ses entrailles il y avait quelque chose de cet amour.Elle pensait que cela ferait grandir cet amour.Ce n’était pas comme ça pour l’autre ; il ne lui pardonnait pas ce qu’il appelait le péché, bien qu’il en soit l’auteur.Il ne lui laissa pas le choix : elle n’avait pas assez d’argent et elle ne pouvait se confier à personne. Ne lui rester qu’une seule et unique option ;cacher lacharge du péché au moindre coût : les herbes mangées pour que les preuves tombent et avec elles une belle vie…

Cette femme, depuis qu’elle avait quitté l’école à la fleur de l’âge, s’est épuisée dans les usines d’AlBayda, pour un salaire qui ne dépassait pas la première semaine de chaque mois. Confrontée aux lourdes exigences de sa famille, elle a dû choisir une autre destination, la rue, qui a épuisé toutes ses forces pour encore retourner à l’usine, mais cette fois-ci pour assurer le nettoyage et pour un tarif bien moins élevé qu’auparavant.

Des femmes, ouvrières de l’agriculture exportatrice, qui meurent dans des accidents de la route car leur transport, à l’aube, est assuré dans des conditions inhumaines et non sécuritaires.

Ainsi parlait Shahrazade …

Le 8 mars annonce le printemps. Une journée ensoleillée qui n’a été perturbée que par le passage d’un nuage noir qui se déplaçait dans l’autre sens.De nombreuses publicités annoncent la fête de la femme. Et des femmes qui, de symposium organisé à émissions médiatisées, parlent de la culture du genre. Même, un restaurant qui ouvre ses portes le soir pendant deux heures devant des femmes pour les massages, manucures et maquillages à petits prix et à huis clos.

Officiellement, la célébration de la journée internationale de la Femme est devenue un événement national. Il est loin le temps où seul(e)s les militants de gauche s’en préoccupaient. Toutefois, le même couplet se répète identique à lui-même auquel s’ajoute cette année la note du Conseil Economique Social et Environnemental qui préconise une révision ambitieuse du code de la famille qui soit en mesure de protéger les femmes et garantir leurs droits C’est vrai que cela dure depuis. Et que les mineures se faisaient marier, que la tutelle des enfants, les biens acquis durant la vie conjugale, les délais de procédure, la succession, la filiation, la garde des enfants, le travail domestique et autres questions constituaient des sujets de réformes revendiquées par les forces de progrès dans notre société. Devrait-on attendre encore mille et une nuits pour que Shahrazade parle de parité, d’égalité et de la réalisation de la justice sociale ?

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