Après sept ans de guerre
Sept années de conflit: depuis que les rebelles Houthis ont pris en septembre 2014 le contrôle de Sanaa, la capitale du Yémen, ce pays pauvre de la péninsule arabique est plongé dans une guerre qui semble sans fin.
Le conflit entre les rebelles et les forces progouvernementales a provoqué, selon l’ONU, la pire crise humanitaire au monde, avec une population au bord de la famine. Malgré de nombreux efforts diplomatiques, les combats n’ont pas cessé.
Partis de leur fief de Saada, dans le nord du pays, les rebelles Houthis, soutenus par l’Iran, ont déferlé à l’été 2014 sur Sanaa, qu’ils ont prise en septembre de la même année.
Au-delà de la capitale, les rebelles ont ravi la majeure partie du nord du Yémen, un pays d’environ 30 millions d’habitants.
En mars 2015, une coalition dirigée par l’Arabie saoudite est venue au secours des forces gouvernementales, et les combats ont gagné en intensité.
Les rebelles contrôlent aujourd’hui des territoires où vivent plus de 20 millions de personnes, selon Peter Salisbury, analyste au International Crisis Group.
Selon des analystes, la balance a basculé en faveur des rebelles alors que les forces progrouvernementales, bien que soutenues par la coalition, ont été incapables de remporter de victoire décisive.
« Au bout de sept ans, nous assistons à un grand changement dans l’équilibre des forces, avec un camp anti-Houthi fragmenté », fait remarquer à l’AFP Maged al-Madhaji, directeur du Centre d’études stratégiques de Sanaa.
Les forces du gouvernement se sont alliées aux séparatistes du Sud face aux Houthis, mais ces frères d’armes se livrent en même temps une bataille politique et parfois militaire pour le contrôle de cette région, qui fut un temps indépendante.
Par ailleurs, malgré des pertes importantes ces derniers mois, les Houthis ont lancé en février une campagne pour arracher la ville de Marib, dernier bastion gouvernemental dans le nord du pays. Le contrôle de cette région riche en pétrole a ravivé l’intensité du conflit.
Pour Maged al-Madhaji, l’ONU doit en priorité parvenir à un cessez-le-feu à Marib, où des centaines de combattants ont été tués.
« Tant que la bataille pour Marib continue, les combats se poursuivront partout dans le pays », estime-t-il.
Mais les efforts de l’ONU ces dernières années pour faire cesser les combats ont été vains. En juin dernier, l’émissaire de l’ONU au Yémen Martin Griffiths avait ainsi dressé un constat d’échec au terme d’une mission de trois ans.
Pour Elisabeth Kendall, chercheuse à l’université d’Oxford, le défi principal de son successeur Hans Grundberg sera d’obtenir un cessez-le-feu « que les Houthis pourront accepter afin que le processus de paix puisse débuter ».
De leur côté, les Houthis exigent, avant tout cessez-le-feu ou négociations, que la coalition, qui immpose un blocus aérien, autorise la réouverture de l’aéroport de Sanaa.
Lors des dernières discussions de paix en Suède en 2018, les deux parties avaient convenu d’un échange de prisonniers et avaient trouvé un compromis pour la gestion du port de Hodeida, principal point d’entrée de l’aide humanitaire au Yémen.
Fin 2020, plus de 1.000 prisonniers de guerre ont été libérés lors d’un vaste échange entre rebelles et pouvoir. Mais l’accord sur Hodeida, aux mains des rebelles, ne s’est toujours pas matérialisé.
« Sans effort considérable au niveau local, aucun accord de paix conclu au niveau international ne pourra tenir », souligne Elisabeth Kendall.
« Tant qu’une partie se sent plus forte que l’autre, la situation se détériorera davantage cette année et la prochaine. Et normalement, la partie la plus forte n’est pas celle qui opte pour la paix », observe Maged al-Madhaji.