Autriche: Sebastian Kurz applique la politique de «préférence nationale»

Arrivé au pouvoir il y a tout juste une année, le 18 décembre 2017, le jeune chancelier autrichien Sebastian Kurz, du Parti populaire autrichien (ÖVP, conservateur) allié au Parti de la liberté d’Autriche (FPÖ, extrême-droite) fondé par d’anciens nazis, veut appliquer une politique de «préférence nationale».

D’essence éminemment populiste et n’ayant jamais été appliquée dans l’Union Européenne, cette politique émane de la volonté commune de ces deux alliés que sont le chancelier Sebastian Kurz et Heinz-Christian Strache, le président du Parti de la Liberté qui, selon le porte-parole du gouvernement autrichien Peter Launsky-Tieffenthal, «ont réussi à établir un rapport professionnel et personnel basé sur la confiance et sur une coopération très étroite». Aussi, «lorsqu’ils sont en désaccord sur un sujet, ils arrivent à le résoudre dans un esprit de respect mutuel et tous deux assument le programme sur lequel ils ont bâti leur action».

Préconisant une baisse des charges pour inciter les entreprises à y adhérer, la loi de «préférence nationale» réduira de moitié les cotisations patronales durant trois années pour tout recrutement d’un chômeur ou d’un salarié en reconversion ; qu’il soit de nationalité autrichienne ou qu’il ait déjà travaillé en Autriche.

Le gouvernement de Sebastian Kurz, qui se défend, pourtant, de faire preuve de  discrimination en affirmant que «cela est conforme (aux) idées européennes», rappelle qu’entre 2013 et 2015, ce sont des étrangers, pas toujours européens, qui avaient bénéficié de la création d’emplois alors que les autrichiens en avaient perdu 26.700.

Cette prime aux embauches locales a été vivement saluée par les syndicats car la loi «de préférence nationale» permettra, ainsi, à l’Autriche, d’économiser quelques 100 millions d’euros annuellement sur les 250 millions qu’elle avait coutume de verser pour des enfants vivant à l’étranger notamment ceux qui vivent dans les pays frontaliers.

Votée par les députés le 24 Octobre, validée par le Sénat le 8 Novembre et devant entrer en vigueur le 1er Janvier 2019 cette loi va indexer les allocations familiales sur le niveau de vie du pays d’origine de l’allocataire et non plus sur le niveau de vie autrichien lorsque ce dernier y a laissé son enfant.

Ainsi, pour une aide-soignante slovaque travaillant à Vienne, l’Etat autrichien va économiser 70 euros sur l’allocation mensuelle qu’elle percevait pour son enfant resté en Slovaquie.

Mais bien qu’ayant été saluée par les syndicats, cette loi qui n’encourage pas les ressortissants étrangers à venir travailler en Autriche dès lors qu’en payant les mêmes taxes que leurs collègues autrichiens, ils ne bénéficieront pas des mêmes prestations, suscite la controverse à telle enseigne que ses détracteurs – les opposants à la coalition au pouvoir – la dénoncent en organisant tous les jeudis soirs des manifestations à Vienne où ils rappellent qu’il s’agit-là d’un très mauvais signal envoyé aux partenaires européens alors même que l’Autriche assure, jusqu’à la fin du mois, la présidence tournante de l’Union Européenne.

Mais, en considérant que l’indexation des allocations familiales est contraire au droit européen, la Commission Européenne pourrait, de son côté, enclencher une procédure d’infraction contre l’Autriche et ce, d’autant plus que le niveau de vie en Autriche est beaucoup plus élevé que celui des pays voisins fournisseurs de travailleurs. Aussi est-il fort probable que nous assistions, au cours des prochains mois, à l’adoption de mesures punitives à l’encontre l’Autriche de la part de la Commission Européenne ? Alors, attendons pour voir…

Nabil El Bousaadi

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