«Belal était l’humble intellectuel»

M’hamed Grine: 

J’ai eu la chance, alors étudiant, d’avoir connu de près et côtoyé Aziz Belal, le militant, le penseur, l’humaniste et l’intellectuel. Belal était l’humble intellectuel qui a le mérité d’avoir les outils et mots qu’il faut pour transmettre à ses étudiants et autres ses idées et en particulier celles du socialisme scientifique.

En plus de l’intellectuel et de l’enseignant que j’attendais à la CTM pour l’amener dans la voiture de mon frère donner des conférences ici et là, Aziz Belal était le grand homme avec qui l’on prenait un sandwich au café Château Brillant ou ailleurs, un homme humble et précis, très respectueux des autres, des rendez vous et des idées d’autrui.

C’est donc Aziz Belal qui m’avait appris, moi issu du quartier Yacoub El Mansour, où Mehdi Barka avait remporté en 1963 ses premières élections avec le score sans appel de 96 % des voix, les premières leçons du socialisme scientifique, comme d’autres militants, ce qui nous avait aidés à mieux orienter notre engagement.

Ouvert à toutes les idées, Aziz Belal rejetait tout dogmatisme, comme l’attestent d’ailleurs son œuvre et ses thèses, qui sont toujours d’actualité. Et c’est grâce à de telles idées, que son parti réussit aujourd’hui à gérer ses problèmes et les divergences entre ses militants.

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Nouzha Skalli: «Aziz Belal sera toujours vivant dans nos cœurs»

Les mots sont souvent trop pauvres pour exprimer une douleur collective, pour exprimer les larmes ruisselantes sur tous les visages, les sanglots si déchirants quand ils sortent de la gorge des hommes, mais transformés en regrets. Comment les mots peuvent-ils décrire cette foule impressionnante et dense de milliers de gens assemblés devant le domicile de notre camarade disparu Aziz Belal?

Aziz Belal était le maître, le professeur, il a formé des générations de licenciés et d’économistes. Participant au cortège qui devait conduire mon camarade Si Aziz vers le cimetière, j’eus une crevaison à un des pneus de ma voiture ; alors que je transportais deux femmes, n’ayant pas le temps de la réparer, je fis signe à la première voiture à un seul passager. Le conducteur nous prit dans sa voiture ; son visage était inondé de larmes, pendant toute la route, il n’arrêta pas de sangloter. Je lui demandais doucement s’il était un parent, un ami peut être un camarade ? Il me répondit : ah Si Aziz, c’était mon professeur, c’est lui qui m’a formé,  je suis un ancien élève.

Moi je suis sa camarade et ma douleur a été terrible mais je suis restée perplexe : comment donc un ancien élève peut-il tant pleurer son professeur, fallait-il que ses analyses, que sa finesse que son sens de l’humour, que sa modestie et sa gentillesse surtout soient fortes pour que tant d’étudiants et d’anciens étudiants soient ainsi secoués de sanglots. Si Aziz était un grand homme dont tous les Marocains étaient très fiers, un grand maître militant qui a consacré toute sa vie à la lutte pour son pays et pour son peuple qu’il aimait tant. C’était un homme qui ignorait la grandiloquence ou l’orgueil, sa modestie et sa gentillesse étaient aussi grandes que sa vaste culture et son immense intelligence, il est un exemple à suivre pour tous les Marocains. C’est pourquoi Aziz Belal sera toujours vivant, il sera toujours lié dans nos cœurs, dans nos bouches et dans nos têtes.

Nous ferons tout pour continuer la lutte pour les nobles objectifs pour lesquels il a consacré sa vie.

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