Brésil : Txai Surui, l’amérindienne qui défie Bolsonaro

Attendons pour voir…

Elle lui en veut parce qu’il encourage la violation des droits des indiens d’Amazonie. Il lui en veut parce qu’elle lui tient tête. Lui, c’est le président brésilien Jair Bolsonaro. Elle, c’est Walelasoetxeige Paiter Bandeira, dite Txai Surui, 24 ans, surnommée « la Greta Thunberg du Brésil » par référence à la lycéenne suédoise qui fut à l’origine des grèves des jeunes pour le climat. La jeune amérindienne s’était faite connaître, hors des frontières du Brésil, lorsqu’en prenant la parole, à l’occasion de la tenue de la Conférence des Nations-Unies sur le climat (COP26) à Glasgow, en Novembre dernier, elle avait interpelé l’ensemble des dirigeants de la planète et franchi, ainsi, ce qu’elle avait elle-même considéré comme étant un premier pas vers la « décolonisation des espaces de parole » puisqu’elle était devenue, ce jour-là, la première femme brésilienne d’origine amérindienne à s’exprimer devant les plus hauts dirigeants de la planète et, de surcroît, en anglais ; une langue qu’elle maîtrise parfaitement.

Arborant un sourire serein et vêtue des habits traditionnels de sa tribu avec une couronne de plumes mais aussi en portant le « masque sanitaire » qu’elle ne retirait que lorsqu’elle devait prendre la parole, Txai Surui avait été la seule représentante du Brésil à la COP26 en l’absence du président Jair Bolsonaro et après le long règne médiatique du grand chef Raoni dont elle poursuit le combat mais qui se trouve, désormais dans l’incapacité de faire un tel voyage vu la dégradation de son état de santé du fait de son grand âge.

Dans sa prise de parole à la tribune de la COP26, celle qui incarne le renouveau de la lutte indigène au Brésil, avait tenu à préciser qu’étant donné que « les peuples amérindiens sont en première ligne de l’urgence climatique (…) ils doivent être au centre des décisions » que les congressistes seront amenés à prendre lors de ce sommet du moment qu’ils luttent « au prix de (leur) vie pour préserver l’Amazonie et la planète ».

Déclarant recevoir « des messages racistes et des messages de haine » de la part de ceux qui sont aux commandes du Brésil et qui désapprouvent le fait qu’elle soit venue à Glasgow « pour parler de ce qui se passe » dans son pays, elle affirmera ne pas avoir peur d’eux « car ce que vivent les peuples indigènes au Brésil est bien plus dangereux que les messages sur internet » et, en ajoutant « nous avons des idées pour retarder la fin du monde », elle invitera les congressistes à en finir « avec les mensonges ! »

Dénonçant, par ailleurs, la « politique meurtrière » menée par le gouvernement brésilien et déplorant la mort de « beaucoup de dirigeants indigènes » du fait de leur combat contre le pouvoir du président Jair Bolsonaro, elle rappelle que « les peuples autochtones ont besoin d’aide ».

Ne comptant pas assister aux prochaines assises de la Conférence des Nations-Unies sur le Climat, elle émet, néanmoins, le souhait de voir les populations indigènes faire partie intégrante des négociations car « les autres pays doivent comprendre qu’ils peuvent aider les populations indigènes du Brésil sans violer (leur) souveraineté ».

Mais si,  sur le plateau de « Roda Viva », le principal talk-show politique du Brésil, elle avait concédé que « Greta est une fille formidable », celle qui symbolise, aujourd’hui, le nouveau visage de l’activisme indigène brésilien a tenu, tout de même, à nuancer ses propos en précisant que les affirmations faites par la jeune suédoise sont celles que les indiens d’Amazonie disent « depuis toujours » alors même que personne ne les écoute.      

Rappelant, enfin, que l’Etat dans lequel elle vit « est un des bastions de Bolsonaro et que les défenseurs des droits de l’homme et de l’environnement y sont en danger », la jeune activiste amérindienne a laissé entendre qu’elle a besoin d’être protégée.

Tout porte à croire, en effet, que la vie de la jeune militante est en danger mais attendons pour voir…

Nabil EL BOUSAADI

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