Attendons pour voir…

Bien qu’ils avaient voté, à deux reprises cette année, en avril et en juillet, et mis fin à une décennie de pouvoir de Boïko Borissov, affaibli par les importantes manifestations de 2020, force est de reconnaître que les partis dits « du changement » n’avaient toujours pas réussi à s’unir pour accéder au pouvoir à telle enseigne que ce dimanche, les bulgares ont pris, pour la troisième fois durant cette année, le chemin des bureaux de vote mais sans aucun engouement, toutefois, dès lors que, pour un scrutin qui intervient alors que le pays est confronté, à la fois à une nouvelle augmentation des contaminations au Covid-19 et à une hausse des prix de l’énergie, le taux de participation n’a pas dépassé 40%.

Les bulgares ont, également, été appelés, ce dimanche, à élire un nouveau président même si sa fonction reste purement protocolaire et que tous les sondages attribuent la victoire à Roumen Radev, le chef de l’Etat sortant, qui pourrait décrocher un deuxième mandat à l’issue du deuxième tour prévu le 21 novembre.

Pour rappel, les premières législatives de cette année 2020 qui avaient eu lieu en Avril dernier s’étaient soldées par la défaite du premier ministre d’alors, Boïko Borissov et de son parti de centre-droit, le GERB.

Mais, en étant très divisée, l’opposition s’était trouvée dans l’incapacité de former un nouveau gouvernement et la nouvelle élection qui eût lieu en Juillet avait abouti aux mêmes résultats ; ce que le GERB avait mis à profit pour reprendre du poil de la bête à telle enseigne que les récents sondages lui ont attribué 24% des intentions ; ce qui, s’il venait à se confirmer, devrait lui permettre d’être le premier parti au sein du Parlement.

Or, pour plusieurs analystes, il est fort peu probable que Boïko Borissov, cet ancien garde du corps de l’autocrate communiste Todor Jivkov, puisse trouver les alliés qui lui permettraient de former un gouvernement et, en outre, si l’on en croit les premières estimations faites par des instituts de sondage, ce dimanche, au sortir des urnes, ce serait le nouveau mouvement anti-corruption « Continuons le changement », lancé par le tandem Kiril Petkov-Assen Vassilev avec pour mot d’ordre « éradiquer la corruption », qui serait arrivé en tête.

Les deux quadragénaires qui s’étaient rencontrés sur les bancs de l’Université aux Etats-Unis auraient recueilli 26% des suffrages dépassant le parti conservateur GERB de l’ancien Premier ministre Boïko Borissov  qui n’aurait glané, quant à lui, que 23% des voix alors même qu’il était donné vainqueur et bien loin devant le chanteur anti-système Slavi qui n’aurait obtenu que 10% des suffrages exprimés alors que même en arrachant la victoire lors du précédent scrutin, il avait échoué  à former un gouvernement.

C’est donc à l’unanimité que la classe politique bulgare a montré sa détermination à sortir de l’impasse dans laquelle se trouve le pays depuis la fin du régime communiste et c’est à ce titre qu’en sortant du bureau de vote de la capitale où il avait accompli son devoir électoral, Kiril Petkov avait déclaré que « la Bulgarie a besoin d’un gouvernement qui fonctionne normalement ».

Le duo victorieux qui s’est donné pour mission de mettre un terme à la corruption qui gangrène le pays et lui fait occuper la dernière place au sein de l’Union européenne, détonne dans le paysage politique bulgare mais s’est dit, néanmoins, prêt au « compromis » et très ouvert au dialogue à l’effet de mettre sur pied une coalition qui regrouperait toutes les tendances politiques du pays ; que celles-ci viennent de la gauche, du centre ou de la droite.

« Si nous pouvons stopper (la corruption) et redistribuer l’argent pour le bien-être des contribuables, alors nous devrions nous entendre avec de nombreux partis » a déclaré Kiril Petkov avant de se féliciter, face aux caméras, pour le « nouveau chemin » emprunté par la Bulgarie.

La Bulgarie va-t-elle pouvoir disposer, enfin, d’un gouvernement apte à lui conférer une place honorable au sein de l’UE et à éradiquer cette corruption qui entrave fortement son développement ? Souhaitons-le pour le bien de la Bulgarie et des bulgares et attendons pour voir…