Casablanca: Quartier Rahma à l’heure de l’urgence sanitaire

Les équipes d’Al Bayane sont allés visiter le quartier populaire «Rahma» situé dans la périphérie de Casablanca. A première vue, la grande majorité des habitants respectent scrupuleusement les mesures de sécurité en vigueur. Quant à certains récalcitrants, ils attendent à ce qu’on leurs remontent les bretelles pour se plier aux exigences d’une situation délicate et très sensible. Tour d’horizon.

Il est 18H30 ce dimanche 22 mars, dans le quartier casablancais de Rahma. Les rues , en temps normal très animées, sont presque désertes. Quelques vendeurs de fruits et légumes, deux épiceries et une boucherie servent encore les retardataires. Mesure de sécurité oblige, un cordon de sécurité est placé à la porte de chaque commerce.

De l’avis de citoyens que nous avons croisés, les règles de sécurité sont respectées par la plupart des habitants. Les gens ne se permettent plus les embrassades, tout comme les discutions avec l’épicier du coin. Néanmoins comme dans chaque quartier, un noyau d’irréductibles, composé d’une demi-douzaine de jeunes adultes vaquent à leurs occupations, comme si l’état d’urgence sanitaire n’était pas décrété. Rigolade, croche-pieds, accolade, et cela, jusqu’au passage des forces de l’ordre. Un impressionnant convoi de véhicules blindés des Forces Armées Royale (FAR) investit la rue. À l’aide de microphones, les policiers et les agents d’autorité exhortent les habitants de regagner les domiciles.

De manière pédagogique, les forces de l’ordre expliquent aux passants le but de ce confinement obligatoire: «Tous les Marocaines et Marocains doivent être responsables, ils doivent prendre toutes les précautions, se plier au confinement afin d’endiguer cette pandémie mondiale».

Après le passage du convoi, les habitants du quartier ont commencé à regagner leur domicile. Le clan des irréductibles, après avoir filmé toute la scène, ont repris de plus belle. Ils ne semblaient pas vouloir regagner leurs domiciles, «il fait encore jour», s’exclama l’un d’eux, pour crédibiliser son acte irresponsable. C’est alors à ce moment-là que les ainés ont repris le flambeau demandant aux «petits frères» de rentrer chez eux sans faire d’esclandre. Deux jeunes, les plus futés du groupe apparemment, ont pris la direction de la demeure familiale.

18H45, le convoi de la force publique se dirige une nouvelle fois dans la rue. Le ton cette fois-ci est tout autre, les forces de l’ordre ordonnent tout simplement aux individus postés à la porte des commerces, ne faisant ni achat, ni courses de regagner le domicile illico presto sous peine d’application de la loi en vigueur. Et voilà que le groupuscule d’irréductibles se distilla sur le champs.

19H00, l’équipe d’Al Bayane rebrousse chemin. Sur le retour, de nombreux barrages de police sont dressés pour le contrôle. Le document officiel de sortie délivré par les agents d’autorité est réclamé systématiquement. Un policier posté sur un barrage a déclaré que «jusqu’à présent, nous expliquons de manière pédagogique aux automobilistes l’importance d’avoir ce papier. Dans les jours à venir, nous serons beaucoup moins compréhensibles, et donc sortir sans l’autorisation peut entrainer des désagréments inutiles (comme passer la nuit au poste par exemple).

Depuis la mise en place du confinement obligatoire, plusieurs routes sont désormais interdite d’accès, et il faut, pour rejoindre le centre-ville, prendre d’autres itinéraires que ceux empruntés d’habitude.

De retour au centre-ville vers 19H20, Casablanca est quasi-déserte. À part quelques taxis et particuliers encore de sortie, les véhicules de la police, des agents d’autorité et de l’armée, qui veillent au grain.

Depuis le vendredi 20 mars à 18H, le confinement obligatoire est en vigueur dans tout le pays. Les citoyennes et citoyens de tous les âges se plient volontiers à cette action salutaire. Quelques irréductibles quant à eux font de la «résistance», mais finissent par se résigner et rejoindre le domicile familial quand ils s’aperçoivent que leur petit jeu n’amuse personne.

Karim Ben Amar

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