La capitale du Souss s’apprête à enlacer la grand-messe du cinéma dont elle ne s’est jamais passé, au présentiel comme à distance, au temps du lugubre Corona. Cette fois, alors que le virus s’assoupît à petits trots, l’Association INITIATIVE de la ville, fondatrice de cette aventure de si haute qualité, s’affaire à pied d’œuvre afin de faire revivre au peuple du cinéma de tous bords, la magie de l’image et le pathétisme du partage, tout au long de la quasi semaine du 13 au 18 décembre prochain. « On peut oublier un visage mais on ne peut tout à fait effacer de sa mémoire la chaleur d’une émotion, la douceur d’un geste, le son d’une voix tendre!», écrit l’éminent écrivain, Tahar Benjelloun, dans son chef-œuvre « Nuit sacrée ». Cette bribe aussi expressive que raffinée ne manquera sans doute pas, d’embaumer l’ambiance guillerette qui réchauffera les cœurs des cinéastes et convives dont seul le cinéma sera à la fois complice et confident. D’autant plus que le faiseur de ces propos cristallins, aura l’honneur de présider le jury de la compétition long métrage de la 18 ème manche du festival international du Cinéma et Migrations d’Agadir.
Un choix de symbolique intellectuelle et créative richement ensemencée par une gerbe d’académiciens, au prologue des années 2000, tels Mohamed Charef, Omar Halli et consorts auxquels le mérite revient à jamais pour cette perpétuité saisissante. Cette édition comprend également une pléiade de femmes et d’hommes de l’art cinématographique dont on en citera un cluster de talents, tels le critique d’art Bilal Marmid, président du jury de série court métrage, le réalisateur racé Noureddine Lakhmar, l’acteur patenté Rabi Kati, le polyvalent attitré Driss Roukhe, l’artiste aguerri Aziz Dadas et j’en passe. On n’en omettra aucunement deux chouchoutes de notre cité qui ne sont autres que les toute gracieuses Zohra Makach et Latifa, respectivement chercheure en études théâtrales et écrivaine, toutes les deux membres du jury court métrage. En plus de la panoplie de nouvelles projections au menu de l’édition, la cerise du gâteau qui trône au cœur de l’événement se nomme cette année, la toute ravissante Majdouline Idrissi, en compagnie de l’un des acteurs franco-algériens brillants, en Samy Naceri et le talentueux habitué du lieu, l’humoriste Mohamed Benyamna alias Booder, auxquels on rendra un vibrant hommage au cours du festival.
Il importe de rappeler que les festivaliers et leurs invités, tout en restant en total respect des mesures préventives anti-Covid, auront droit à d’autres exercices tant artistique que culturel, formatif et récréatif. En marge, la rencontre sera agrémentée par des débats de réflexion et de recherche dans les questions de l’art en sa globalité et de la diaspora. Après donc l’arrêt forcé de la présence effective, le festival réapparaît si fort pour mettre à nouveau le fameux slogan en vogue au temps de la vague illuminée des années 70 marquée par des sommités tels François Truffaut, Claude Chabrol, Jean-Luc Godard… : «Quand on aime la vie, on va au cinéma ! ». Comme de coutume et à défaut de salle de cinéma au niveau de cette prodigalité, le festival se contentera de s’opérer dans le Rialto, bâtisse de cinéma désuet, mais réaménagé une fois par an pour cette circonstance. L’un des paradoxes que les décideurs de la commune et de la région se devront d’y remédier au plus vite, à la satisfaction des mordus du grand écran ! On y reviendra certainement.