Colombie : Guerre ouverte entre l’ELN et les dissidents des FARC

Attendons pour voir…

Nabil EL BOUSAADI

Le torchon brûle entre les groupes armés colombiens formés par les dissidents des FARC (Forces Armées Révolutionnaires de Colombie) et les guérilleros de l’Armée de Libération Nationale (ELN) dont les affrontements pour le contrôle de la région du Catatumbo, dans le département de Norte de Santander, stratégique pour la production de cocaïne, et des routes du narco-trafic en Colombie, ont fait, depuis jeudi, aux dires des autorités locales, au moins 100 morts et plusieurs milliers de déplacés.

Dans une vidéo publiée sur « X » (ex-Twitter), Iris Marin, la cheffe du Bureau du médiateur, a déclaré « Nous sommes confrontés à l’une des crises humanitaires les plus importantes et les plus graves que le Catatumbo ait jamais connues, si ce n’est la plus importante (…) En seulement quatre jours, au moins 11 000 personnes auraient été déplacées et il pourrait y en avoir beaucoup plus ».

Cet assaut de l’ELN ayant mis fin à la trêve avec les dissidents des FARC et entraîné la suspension, vendredi, des négociations de paix par le président de gauche Gustavo Petro, qui a accusé l’ELN de « crimes de guerre », c’est donc une nouvelle page de cette malheureuse histoire de violence rappelant les pires heures du conflit armé opposant les guérilleros de l’ELN et les dissidents des FARC qui s’est ouverte, ce jeudi, quand des guérilléros ont attaqué aussi bien des dissidents des FARC que la population civile près de la frontière avec le Venezuela.

Aussi, pour contrecarrer ce déchaînement de violences qui a touché les villes de Convención, Abrego, Teorama, El Tarra, Hacarí et Tibú et « renforcer la sécurité » puisqu’à en croire le général Cardozo, des guérilleros « ont sorti les gens de chez eux et les ont tués de façon misérable » et qu’à ce titre il appartient à « l’armée nationale de « stabiliser le territoire », cette dernière a déployé plus de 5.000 soldats dans les montagnes du Catatumbo où « la situation est très critique » et le ministre de la défense, Ivan Velasquez, s’est rendu à Cucuta, ville frontalière avec le Venezuela, pour diriger, en personne, l’offensive contre la guérilla.

Si, avec plus de 50.000 hectares de cultures de coca, le Catatumbo est le symbole incontesté de cette guerre interne colombo-colombienne qui, en six décennies, a fait plus de 9,5 millions de victimes, une source militaire a indiqué à l’AFP, que, cette fois-ci, de nombreux villageois ont été évacués en hélicoptère et que « des déplacés continuent d’arriver dans les différents points d’accueil » des sinistrés à telle enseigne que le général Erik Rodriguez avait saisi cette occasion pour rappeler que l’Etat d’urgence intérieur, prévu par la Constitution, peut être autorisé pour une « période maximale de 90 jours et prorogé jusqu’à deux périodes égales, dont la seconde requiert un avis préalable et favorable » du Parlement.

Bien qu’après son arrivée au pouvoir Gustavo Petro, se soit attelé à mettre un terme à un conflit armé qui dure depuis six décennies, en entamant, dès la fin de l’année 2022, des pourparlers avec l’ELN, la conclusion d’accords n’a jamais pu être concrétisée du fait des attaques des rebelles et des divergences qui subsistent encore entre les différentes factions rivales car même si l’accord de paix « historique » qui avait été signé, en 2016, entre les FARC et le gouvernement de Bogota  avait entraîné le désarmement de ces dernières, certaines factions l’avaient refusé et s’étaient vite réorganisées en ouvrant leurs bras à de nouvelles recrues.

Aussi, en réponse à ces affrontements, ce lundi, le président colombien Gustavo Petro, soucieux de donner son feu vert au gouvernement pour prendre des mesures extraordinaires, débloquer des ressources financières et restreindre la mobilité, s’il en est besoin, a signalé sur « X » (ex-Twitter) que « l’état d’urgence interne et l’état d’urgence économique ont été déclarés ».

C’est à croire que cette guerre interne colombo-colombienne qui déchire le pays depuis plus d’un demi-siècle est vouée à s’éterniser mais attendons pour voir…

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