Dans l’attente de la visite royale: Agadir, le sourire lui va si bien!

La capitale économique du Souss (Taroudant, étant la capitale historique) retrouve le sourire et l’exprime à travers son nouvel embellissement, prélude à la visite royale attendue et vivement souhaitée pour moult raisons.

La ville de la résurgence mérite largement de retrouver son dynamisme qui en a fait l’emblème du Maroc comme projet sociétal en devenir. Plusieurs facteurs d’ordre naturel et culturel participent à la constitution de cette image de marque. Mais peut-être qu’il faudrait aussi souligner qu’Agadir jouit d’une autre situation qui en fait une ville importante dans le schéma politique global du pays. Trois éléments au moins font, en effet, qu’Agadir occupe une position spécifique dans le dispositif stratégique du pays, trois dossiers qui font la modernité du pays et le socle de son économie ; il s’agit de l’agriculture, du tourisme et de la pêche. A propos de ces trois points autour desquels se constituent des enjeux fondamentaux pour l’avenir du pays, la centralité d’Agadir est évidente.

Agadir est l’avant-pays de cette formidable plaine du Souss, riche de multiples variétés agricoles, restée longtemps en friche et qui a connu en quelques années un boom et un essor formidables. C’est le lieu qui a vu émerger un nouveau capitalisme local, féroce, dans des conditions de production infernales et créant un appel d’air pour une émigration interne, notamment des régions pauvres voisines de Abda et Chiadma. Une multitude de centres urbains ont ainsi vu le jour en l’espace de quelques années. Oulad Taïma et Aït Melloul par exemple sont devenues de grandes agglomérations dans la périphérie d’Agadir, rejetant dans l’ombre une charmante cité historique, Taroudannt.

Toute cette activité agricole se traduit en termes d’activités florissantes dans le grand souk Elhad (dimanche) de la ville d’Agadir qui, bien au-delà de son appellation initiale, connaît une animation pratiquement tous les jours de la semaine. Ne pas aller à Souk Elhad, c’est manquer un pan de la vie d’Agadir. C’est un peu la synthèse de Derb Ghallef et Koréa pour citer deux lieux casablancais mythiques. On y trouve de tout, et une journée entière s’avère insuffisante pour en faire le tour. Les prix y sont ouverts et dépendent de l’intelligence des uns et des autres et de la connaissance du client de la réalité du marché.

Globalement, le coût de la vie à Agadir reste tributaire des fluctuations saisonnières. Les Gadiris de souche vous avoueront aisément que le mois huit, comprendre août, n’est pas indiqué pour vivre à Agadir. Pour certaines résidences, les prix passent du simple au double. Il n’empêche que le touriste, national ou étranger, se plaît à Agadir. Et là ce sont d’autres facteurs qui interviennent, disons qu’à ce niveau joue la spécificité culturelle d’Agadir : je peux affirmer en effet que c’est encore la seule ville où une jeune employée casablancaise ou rbatie ou fassie peut venir, seule ou avec ses amies, passer ses vacances en toute quiétude.

Aller à la plage, faire le boulevard, se promener le long de la corniche, s’attabler à un café, manger un sandwich…tranquillement sans risque d’agression. Le harcèlement sexuel public n’est pas un sport soussi. Rien à voir avec ce qui caractérise les artères d’une ville comme Casablanca. Il y a une certaine retenue, voire une forme de pudeur qui caractérise l’échange social des Soussis. Certes, la corniche voit bien le soir une noria de voitures tentant des opérations de séduction, mais cela relève d’un jeu qui intègre parfaitement l’ambiance générale et reste bien limité à une frange d’âge limitée, souvent des jeunes issus de l’immigration. L’essentiel est que les familles se sentent sécurisées et rassurées. Même dans les fameuses soirées organisées autour d’une vedette de la chanson, le souci des organisateurs est de donner la priorité aux familles.

On n’est pas surpris alors de voir des familles entières se déplacer pour telle ou telle vedette locale ou nationale….sauf que l’animation culturelle connaît une certaine inflation qui manque de vision et de stratégie. Il faudra parvenir à une formule originale qui tienne compte de cet immense capital de sympathie dont jouit la ville. Une ville qui illustre merveilleusement bien les potentialités de ce pays et le désir de vie qui anime ses habitants.  Sauvegarder cette image n’est pas seulement une nécessité économique, c’est surtout un devoir politique.

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