Ammouri Mbarek : l’école !

Mohamed Nait Youssef

Une voix suave et poétique issue du Maroc profond. Ammouri Mbarek est considéré comme l’un des artistes marocains les plus talentueux ayant modernisé et internationalisé par ses compositions et ses recherches la musique et la chanson  amazighes. C’est à Irguiten, près de Taroudant, que le compositeur, chanteur, poéte et militant a vu le jour en 1951. Une enfance un peu difficile au pied du Haut Atlas, mais le cœur était plein d’espoir pour affronter les entraves du quotidien. Ainsi, en menant cette bataille contre les vents et marées de la vie, l’artiste a concrétisé son rêve ; faire de la musique. En effet, ses premiers pas dans le domaine artistique ont été dans le groupe « Souss five » qui avait apporté sa pierre à l’édifice de la culture et de la musique amazighes en présentant des chansons en français ou encore en anglais. Il a suivi sa passion jusqu’au bout !

Après cette aventure artistique et musicale assez riche, Ammouri Mbarek s’est engagé dans le travail associatif en intégrant l’Association marocaine de recherche et d’échange culturel «AMREC» qui était d’ailleurs à l’origine de la création du  groupe musical « Yah » qui portera par la suite le nom d’Ousmane, en 1975. Un nouveau départ, une nouvelle aventure…

En outre, c’est avec cette troupe que la carrière professionnelle du défunt avait  véritablement commencée. Il faut le rappeler, le rôle de ce dernier a été extrêmement important dans la modernisation non seulement du style musical de Ousmane, mais aussi de toute de la musique amazighe moderne qui était écoutée au  Maroc et même ailleurs. Toutefois, la rencontre d’Amouri Mbark avec Brahim Akhiat, qui était président de l’AMREC, s’est faite lors d’un mariage à la ville de Tiznet.

Ce dernier l’invita à pendre part à une troupe musicale qui sera créée par l’association, et qui œuvra par le biais de la musique pour la transmission des valeurs universelles et moderniste de la culture amazighe. Le but était également la rénovation et le développement de cette chanson qui  était, depuis des décennies,  victime d’un certain regard folklorique et limitatif.

Après l’expérience d’Ousmane, Ammouri Mbarek a tracé un nouveau chemin voire un nouveau cheminement de la création en continuant sur la lignée de la modernisation de la musique amazighe en inventant de nouveaux arrangements qui  sortaient du lot de l’époque. Lui  qui intégrait des nouveaux rythmes et sonorités mondiaux a toujours été en quête de nouveaux horizons musicaux et artistiques. Cette recherche a été bel et bien accompagnée par un travail sur le patrimoine musical des Rwayes, notamment celui du vétéran et icône de la musique amazighe,  Lhaj Belaïd. Toutefois, sa belle voix l’avait beaucoup aidé à immortaliser ses chefs d’œuvres agréables à écouter et à apprécier par l’oreille.  Artiste engagé, intègre et moderniste, Ammouri Mbarek avait créé sa propre école après de nombreuses décennies d’exercice et de lutte acharnée. Cette école constitue aujourd’hui, une véritable référence en matière de musique non seulement amazighe, mais aussi marocaine. Son style a été connu par la bonne phrase musicale, le poème engagé et les nouveaux arrangements soigneusement recherchés.  

Par ailleurs, l’artiste a puisé sa musique de l’art et patrimoine populaire tout en s’inspirant des autres sensibilités de la musique moderne. Il a chanté pour la terre, l’homme, l’identité, la liberté et le vivre ensemble. Il avait également donné sa voix aux poèmes des poètes et écrivains amazighs, tels que Brahim Akhiat (Taghlahgalt, Urti n Luz), Omar Amarir, Mohamed El-Moustaoui (Anu n irafan, Awal inu gan Amazigh), Hassan Id Belkassm, Ali Sadki Azayku (Tadwat ayga wul, As nna ira yan aykerz). Ammouri Mbarek a tiré sa révérence le 14 février 2015 à Casablanca. Il avait 64 ans.

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