«De la diversité des opinions pour faire face aux défis de la mondialisation»

Amnesty International Maroc au SIEL 

Propos recueillis par Mohamed Nait Youssef

Depuis la création du Salon International de l’Edition et du Livre (SIEL), Amnesty International Maroc ne manque pas ce rendez-vous livresque important pour communiquer sur ses actions et dévoiler au grand public ses publications récentes. Cette année encore, ce mouvement mondial est présent à travers un stand, où il organise des activités, des échanges et des débats. Rencontre avec Salah Abdellaoui, directeur d’Amnesty International (section marocaine).

Al Bayane : Comme à l’accoutumée, Amnesty International ouvre les  portes de son stand au grand public et communique sur les publications et actions menées au  service des droits de l’homme. En fait, quelles sont vos nouveautés pour cette 27ème édition qui s’organise deux ans après la pandémie ? 

Salah Abdellaoui : Amnesty, depuis sa création au Maroc, a l’habitude de participer à toutes les éditions au Salon International de l’Edition et du Livre ; bien évidement avec un programme ciblant le large public. En outre, c’est une occasion idoine pour faire la promotion de nos activités et notre plan d’action, ainsi que nos priorités. Dans le stand, on y trouve les dernières publications, rapports, des guides pour les enseignants, les enfants et des produits de promotion. Il y a aussi un côté très important pour nos actions, c’est la partie solidarité avec les victimes des droits humains.

Cette année, nous sommes un peu dans la continuité pour mettre la lumière sur la question de la liberté d’expression et notre plaidoyer pour mettre fin aux harcèlements des défenseurs des droits humains, des bloggeurs et des journalistes.

Dans ce cadre, Amnesty réitère son appel à la libération de tous les prisonniers d’opinion. Par ailleurs, cette année coïncide avec le lancement des grandes campagnes d’Amnesty international pour mettre fin à l’apartheid d’Israël contre les palestiniens. En effet, comme tout le monde a suivi ses dernières semaines, il y avait le fameux crime contre la journaliste Shirine Abou Aqleh.

Qu’en est-il du plaidoyer d’Amnesty  dans ce cadre?

Amnesty international dans la foulée, s’évertue à appeler pour une enquête indépendante et interpelle le procureur général du tribunal international à entamer une enquête indépendante dans la mesure de présenter les présumés coupables à la justice. Cette année, nous avons constaté une solidarité des citoyens avec cette cause pour mettre fin à l’apartheid d’Israël contre la population palestinienne. Notre stand est un espace d’échange avec les jeunes sur les thématiques des droits humains, sur l’abolition de la peine de mort, ainsi que les discriminations faites à l’égard de femmes et les débats qui sont en cours pour les libertés individuelles. Nous continuons toujours à prôner  pour une réforme du code pénal marocain pour une meilleure harmonisation avec les conventions internationales, particulièrement l’article 490 et la peine de mort. Ce sont en effet des thématiques qui intéressent et qui engagent notre travail avec le public.

Puisque nous sommes dans un salon international de l’édition et du livre. Quid de vos publications ?

Cette année, on a produit quelques nouveaux guides pour les enseignants, les éducateurs et tous les diffuseurs des droits de l’homme qui font de la formation sur l’éducation des droits humains. Nous avons aussi un guide sur la formation pour mettre fin à la violence à l’égard des femmes. On a également décidé d’aller vers tout ce qui est numérique et d’essayer d’imprimer de moins au moins du papier pour une meilleure protection de l’environnement. On a aussi une base de données sur toutes les publications récentes qui sont à la disposition des visiteurs du SIEL.

Vous avez lancé un appel contre la mondialisation et surtout la situation des droits de l’homme qui  a connu une certaine régression dans beaucoup de pays du monde, notamment avec la Covid-19 et restrictions sanitaires?

Le travail d’Amnesty est basé sur trois piliers. D’abord, c’est la recherche pour voir quelles sont les violations massives commises à travers le monde. Après les rapports, il y a le plan d’action. C’est-à-dire comment Amnesty devrait travailler pour mettre fin à ces violations. Et la troisième partie, concerne le volet du plaidoyer, la communication afin de faire de la pression sur les gouvernements de chaque pays. Chaque année, Amnesty publie un rapport qui étale ces manquements et ces désengagements des Etats vis-à-vis du respect de leurs engagements au niveau des droits humains, en particulier. Malheureusement, au niveau mondial, on a constaté ces agressions touchant à la liberté d’expression, de manifester pacifiquement et aussi le harcèlement des défenseurs des droits humains et surtout le nombre croissant des journalistes qui sont tués à travers le monde, soit dans des conflits et dans des pays où il y a certaines dictatures. Récemment, il y a une problématique qui ne cesse de prendre de l’ampleur au niveau mondial. C’est la problématique de la migration et les demandeurs d’asile. Ce sont des grands défis pour l’humanité et les défenseurs des droits humains pour faire des plaidoyers. Il y a aussi la montée du racisme et de l’extrême droite. Les défis sont énormes et les responsabilités sont celles des Etats et les gouvernements qui ont les moyens.

Amnesty accorde une attention très particulière à la jeunesse. A vrai dire, il y a beaucoup de jeunes qui sont impliqués dans de différentes actions. Qu’en est-il de cette dynamique ?

Cette question est pertinente à notre sens. En effet, vu notre contexte qui est le Maroc ou même la région, l’intérêt pour les jeunes est une priorité pour Amnesty depuis sa création au Maroc. Nous avons essayé d’intégrer les jeunes dans le travail Amnesty dans les domaines des droits humains depuis 1998. Nous avons chaque année, un campus annuel pour intégrer les jeunes dans la promotion et l’éducation des droits humains, mais aussi dans le leadership. Nous sommes arrivés après 20 ans, à avoir un vrai leadership jeune. Récemment, nous avons tenu notre assemblée générale, il y avait des élections. Nous sommes aujourd’hui à 75% de jeunes dans l’organe de leadership, dont le président actuel (25 ans). C’est important !

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