À la mémoire de Mohamed Sektaoui, un homme exceptionnel des droits humains
Dans une soirée empreinte de poésie, où se sont mêlés tristesse et amour, les proches et amis de Mohamed Sektaoui ont célébré sa mémoire. La douleur de la séparation se confondait avec l’affection intacte pour l’homme et l’héritage qu’il laisse dans de nombreux domaines. C’est ce sentiment unanime qui a réuni des centaines de personnes lors de la cérémonie du quarantième jour après son décès, un hommage vibrant à l’un des piliers des droits humains.
Samedi soir à Rabat, les témoignages se sont succédé, brisant les distances : des participants ont fait le voyage depuis Londres et d’autres pays spécialement pour honorer sa mémoire. Le Club des avocats, situé à Hay Riad, a accueilli cet événement marqué par une présence importante d’acteurs du monde des droits humains, du milieu associatif, de la sphère politique, mais aussi des arts, de la presse et d’autres domaines où Mohamed Sektaoui avait tissé des liens profonds.
Des amis et compagnons de route sont également venus de différentes villes du Maroc, de sa ville natale Béni Khaled, d’El Jadida, de Safi et bien sûr de Rabat, témoignant de leur attachement à l’homme et à son parcours exceptionnel. L’invitation à cette cérémonie, initiée par Amnesty International, l’Ordre des avocats de Rabat et l’Organisation de solidarité universitaire, contenait un message poignant signé en son nom : « Ô fidèles amis, quarante jours se sont écoulés depuis mon départ… Venez, que je vous contemple à travers les yeux de mon âme. Saisissons ensemble des instants de joie, car la vie, croyez-moi, est bien trop courte. Qu’il est beau de vous voir unis et enlacés en mon souvenir… Soyez toujours emplis d’amour et de bonheur. »
Un engagement indéfectible pour les droits humains
Les interventions ont unanimement salué la noblesse de Mohamed Sektaoui, son patriotisme et son combat inlassable pour les plus démunis, qu’il défendait sans relâche au Maroc, mais aussi à l’échelle du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord.
Sa mémoire planait sur l’assemblée, illuminée par l’amour de ses proches : son épouse Latifa, sa fille Maysoun, sa sœur Hafida, ainsi que sa grande famille du militantisme, ses compagnons d’Amnesty International et de l’Organisation de solidarité universitaire, et ses amis du monde politique, artistique et médiatique.
Parmi les témoignages marquants, celui de Mohamed Nabil Benabdallah, secrétaire général du Parti du Progrès et du Socialisme, a particulièrement retenu l’attention. Rendant hommage à son ami disparu, il a souligné que Mohamed Sektaoui était un homme de conviction, croyant fermement en la démocratie, en l’État de droit et en la justice sociale :
« Il était convaincu que la lutte pour ces valeurs nécessite un engagement personnel et collectif, car les droits légitimes ne se réalisent que par la mobilisation de ceux qui les revendiquent. »
Benabdallah a rappelé comment Sektaoui, après une riche expérience dans les sphères politique et syndicale, avait consacré son énergie au militantisme associatif et aux droits humains, œuvrant à la formation et à l’accompagnement des nouvelles générations de militants.
Il a aussi évoqué l’ultime contribution du défunt : quelques jours avant son décès, alité à l’hôpital, Sektaoui avait tenu à envoyer une intervention écrite pour une conférence organisée par le Parti du Progrès et du Socialisme à l’occasion de la Journée internationale des droits de l’homme.
« Ce geste témoigne de son engagement indéfectible. Il nous a honorés en nous envoyant cette contribution, probablement son dernier témoignage public sur la situation des droits humains au Maroc. »
Une générosité sans limites
Latifa, son épouse, a livré un témoignage bouleversant, évoquant quarante ans d’amour, de complicité et de respect mutuel.
« Il était bien plus qu’un mari, c’était un ami, un confident, un père exemplaire, un homme d’une bienveillance infinie. Son sourire, sa gentillesse et sa générosité étaient sans égal. »
Des larmes dans la voix, elle a partagé le souvenir d’un homme dévoué, soucieux du bien-être des autres, toujours prêt à donner sans attendre en retour.
Un leader inspirant et visionnaire
Parmi les interventions marquantes, Salah Abdelloui, son compagnon de route à Amnesty International, a souligné l’héritage indélébile laissé par Sektaoui : « Tu es toujours parmi nous, nous observant à travers les yeux de ton âme. Tes réalisations et ton engagement sans faille pour les droits humains continueront d’inspirer des générations. »
Il a salué en lui un intellectuel raffiné, un militant infatigable et un poète d’exception, regrettant son départ prématuré.
Abdellaoui a rappelé leur première rencontre en décembre 1997, lors du lancement d’Amnesty International au Maroc, une aventure où Sektaoui joua un rôle fondamental. Les souvenirs qu’il a partagés, empreints d’émotion, ont illustré l’immensité de son engagement et la profondeur de leur amitié.
De son côté, Pierre Sané, ancien secrétaire général d’Amnesty International à Londres, a adressé un message de condoléances émouvant, lu par Soufiane El Atrassi, président d’Amnesty Maroc. Il y a rappelé la détermination de Sektaoui à établir une culture des droits humains au Maroc, une mission qu’il mena avec une énergie et un dévouement exemplaires.
Un hommage unanime
Les hommages se sont succédé, portés par des figures du monde juridique, associatif, artistique et médiatique. Aziz Rouibeh, bâtonnier de Rabat, Abdeljalil Bahadou, président de l’Organisation de solidarité universitaire marocaine, la poétesse et diplomate Wafaa El Omrani, Idriss El Yazami, ancien président du Conseil national des droits de l’homme, ainsi que de nombreux amis et militants, ont rendu un vibrant hommage à celui qui fut l’un des plus éminents défenseurs des droits humains au Maroc. Tous ont salué son engagement, sa vision éclairée et son immense générosité.
Mohamed Sektaoui n’est plus, mais son combat et ses idéaux demeurent. Son souvenir, gravé dans le cœur de ceux qui l’ont connu, continuera d’inspirer ceux qui poursuivent la lutte pour un monde plus juste.