De l’idée de Platini à la pandémie, un tournoi pas comme les autres

Euro

L’Euro-2020 itinérant, disséminé dans 11 villes du continent, s’est avéré une usine à gaz en matière d’organisation, un problème aggravé par la pandémie de Covid-19 et le report d’un an de la compétition.

Retour sur la genèse de ce tournoi au format inédit, qui ne sera a priori pas reconduit à l’avenir:

Juillet 2012. L’Espagne vient tout juste de conquérir son troisième titre majeur consécutif en écrasant l’Italie (4-0) en finale de l’Euro, après le Mondial-2010 et l’Euro-2008. Michel Platini, président de l’UEFA, lance une idée folle: répartir l’édition 2020, celle des 60 ans de la compétition, entre « 12-13 villes dans toute l’Europe ».

L’objectif affiché est de rapprocher la compétition d’un maximum de supporters, et d’y associer toute l’Europe.

Mais la Fifa, par la voix de son N.2 de l’époque Jérôme Valcke, étrille un concept qui « détruit l’esprit de la compétition ». Du côté de certains supporters, notamment ceux qui souhaitent suivre leur équipe sur toute la compétition, les doutes subsistent.

Le projet est néanmoins validé fin 2012 par le comité exécutif de l’instance européenne, écartant trois candidatures « classiques » (Turquie, Azerbaïdjan-Géorgie, Irlande-Ecosse-Pays de Galles).

En 2014, les 13 villes-hôtes sont désignées. Londres obtient l’organisation de la finale dans sa mythique enceinte de Wembley.

Mais les critiques continuent de poindre, sur les distances faramineuses entre Saint-Pétersbourg (Russie), Bakou (Azerbaïdjan) ou Glasgow (Ecosse). Et les défenseurs des droits humains s’inquiètent que l’Azerbaïdjan, au bilan peu flatteur en la matière, soit récompensé en accueillant des matches.

L’avantage de la formule itinérante, pointe l’UEFA, est le peu de travaux à faire pour mettre les stades aux normes.

Pourtant, à Bruxelles, où le stade du Heysel devait être démoli et remplacé pour l’occasion par un ultramoderne « Eurostadium », le chantier ne cesse de prendre du retard. Tant et si bien que fin 2017, l’UEFA retire purement et simplement à la capitale belge ses quatre matches.

Les difficultés d’organisation, tout comme les critiques montantes sur l’impact environnemental de tant de trajets en avion, convainquent l’UEFA de ne pas réitérer l’expérience.

D’autant que Platini, qui avait porté l’Euro itinérant, est depuis tombé en disgrâce, emporté en 2015 dans sa chute par l’ex-patron de la Fifa Sepp Blatter.

En septembre 2018, c’est l’Allemagne qui est désignée pays-hôte de l’édition 2024.

La pandémie de Covid-19 va encore compliquer les choses. Les confinements pour endiguer la progression du coronavirus mettent à l’arrêt total le monde du sport.

Le 17 mars 2020, trois mois avant la date prévue du coup d’envoi, l’UEFA décide de reporter d’un an l’Euro… qui continuera officiellement de s’appeler « Euro-2020 ».

Mais le virus continue de déferler sur l’Europe, et à l’issue d’une saison 2020-2021 à huis clos presque partout, le rêve de voir des stades pleins s’éloigne.

Chaque Etat prenant ses propres dispositions sanitaires, l’imbroglio est démultiplié. L’UEFA souhaite absolument que chaque stade accueille du public, malgré les réticences de plusieurs villes hôtes.

Une rumeur enfle: et si la compétition avait finalement lieu uniquement à Londres, où les stades sont nombreux et la campagne de vaccination bien avancée?

Mais la formule itinérante tient bon.

Au prix de nouveaux sacrifices: Dublin et Bilbao se voient privées de leurs matches, l’UEFA jugeant trop drastiques leurs mesures sanitaires. L’instance européenne déplace en catastrophe vers Séville les rencontres prévues à Bilbao.

Avec 11 villes-hôtes, au lieu des 13 prévues, l’Euro à travers toute l’Europe aura bien lieu. Mais après combien de péripéties…

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