Emblème de la capitale du Souss: Agadir Oufella revisité

Saoudi El Amalki

Un peu moins de six décennies, après le cataclysme de 1960, il semble bien que la pittoresque citadelle d’Agadir, communément connue sous le nom de «la Kasbah d’Agadir Oufella» vient de jouir d’un intérêt tout particulier, sous la houlette paternaliste et condescendante, faut-il bien le reconnaître, du Wali de la région Souss. Certes, des sursauts d’orgueil ont émaillé le long itinéraire de ce site historique, en termes d’essai de réhabilitation, mais, ce n’était, jusqu’ici, que des saupoudrages en sa direction, sans réelle refonte salutaire. Cette fois-ci, l’entrain autour de la tâche paraît beaucoup plus volontariste à son égard.

Pour accomplir une action payante dans son ensemble, puisque nombre de touches devraient y intervenir, un parterre d’érudits et d’experts émérites, en matière de diverses sciences inhérentes à la nature de la restauration et de l’aménagement du patrimoine historique se sont réunis récemment. L’événement est de taille et ravive, pour de bon, la conscience collective de cette pléthore de contributeurs, aussi bien nationale qu’étrangère. Devant une imposante assistance, tout acquise à cette cause à la fois commémorative et transcendante, le chef de file de ce beau monde ouvre le bal par une allocution revigorante au cours de laquelle, il met en exergue la qualité du cadre de vie des populations et l’historicité identitaire des territoires pour l’intégration sociale et l’essor économique et environnemental.

Tout au long de son discours explicite,  il n’a pas manqué de mettre en évidence le caractère patrimonial et fonctionnel de ce patrimoine d’envergure qui réunit aujourd’hui une pléiade d’intervenants de multiples horizons pour mettre sur pieds une esquisse globale interdisciplinaire, aux regards croisés et concertés. «Le patrimoine dans sa dimension archéologique constitue un fondement nodal et essentiel pour un développement territorial durable», conclut-il, tout en relevant l’aspect cognitif et instructif des ateliers et des tables rondes programmés au cours de cette journée d’étude de haute teneur mobilisatrice.

En effet, juste après cette pertinente communication introductive, le public a eu droit à une panoplie d’interventions axées sur tous les volets relatifs à la reconstitution  et à la valorisation de ce legs historique, longtemps laissé pour compte.

Une série d’éclairages déferlait sur la salle archicomble et suscitait dans les tréfonds de la réminiscence de l’histoire commune et de la contemporanéité du présent vécu. Il faut bien dire que les résonances du passé et les exigences du présent fortifient les esprits pour une genèse incitatrice et une cosmogonie plurielle autour d’un emblème unificateur.

Le projet de restauration réunit, en fait, tous les tronçons des remparts de la Kasbah d’Agadir Oufella. Un fond américain d’environ 150.000 dollars a été mobilisé pour retaper plus  de 120 mètres du rempart de la Kasbah, alors que les travaux tardent à prendre leur cours d’exécution, en dépit du lancement du projet en fanfare. C’est du passé, pourrait-on rétorquer à ce retard ! Certes, on se ressaisit pour de bon, afin de mettre sur les rails cette ébauche prometteuse, après mûre réflexion et entame méticuleuse. D’autre part, il serait plus judicieux de temporiser pour repenser l’opération dans sa globalité, en vue de mettre en avant un travail cohérent, pondéré et inclusif.

La partie américaine est constamment éprise par des initiatives pareilles, notamment des sites archéologiques, des peintures et des manuscrits, des objets ethnologiques, des langues autochtones, des formes d’expression culturelle traditionnelle…C’est ainsi qu’il s’avérait plus opportun de s’approprier une vision globalisante pouvant faciliter l’amorce de l’entreprise et assurer la performance escomptée. Ce site classé patrimoine national en 1944, renvoyé aux calendes grecques, depuis près de 58 ans, serait revalorisé en matière de financement, vu cette nouvelle synergie qui profile ardemment, en présence des instances institutionnelles et représentatives. La mutualisation des efforts de toutes les compétences, conduite par un comité scientifique performant, serait d’un grand apport au service du seul bijou patrimonial dont la communauté serait résolument fière et auréolée dans les jours à venir.

On ne peut que saluer vivement cette symbiose qui s’opère à présent, autour de cet héritage renvoyant à une histoire séculaire. Ce patrimoine qui rassemble toute une flopée d’acteurs mue par une volonté ardente pour se rendre utile, après une longue période de léthargie. Ce serait, à coup sûr, le meilleur hommage posthume qu’on pourrait rendre à une nuée d’âmes ensevelie sous terre et dont l’esprit plane sur les cimes et les versants de ce promontoire usé par le temps mais encore riche en épopée de naguère. Les survivants de ces lieux funestes auraient également, de leur vivant, savouré les agréments d’une réhabilitation savante et réfléchie de ce que l’on appelle à jamais «Agadir Oufella».

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