Fatima Zâaf, une militante polyvalente

Portrait d’Agadir

Saoudi El Amalki

La militance authentique et humaniste n’a pas de frontières. Elle peut avoir plusieurs formes et sens, dans un milieu, souvent infesté d’ingratitude et de démence. Devant cette notion de militantisme de plus en plus, raréfiée et dénaturée, un militant et,  surtout une militante devrait se prémunir de peau de crocodile et se doter de patience d’Ayoub… Peu de gens honorent comme il doit cette appellation, devenue fréquente de nos jours, sans qu’elle n’en soit  justifiée ni méritée, dans un monde beaucoup plus dépourvu d’altruisme et de magnanimité. En Agadir, une brave femme fait partie des militantes rares et épiques qui ont gardé la fibre canonique du bénévolat et du volontariat généreux, comme on avait vécu, à l’époque du mouvement national. Fatima Zâaf, une militante de proue, porte bien ce nom idyllique qui a parsemé son long parcours de valeurs et de vertus, aux côtés de ses pareils, sans répit ni relâche. Sitôt, elle militait dans les rangs de sa formation de gauche, au moment où ce fut un risque énorme qu’une femme s’en mêle et s’y accrochait avec cran et bravoure, jusqu’à ce qu’elle décroche un siège aux communales qu’elle glorifie avec cœur et sacrifice. Au fil du temps, elle menait un combat acharné contre l’injustice, l’oppression et l’iniquité dans l’univers des droits de l’homme et plus spécialement ceux de la femme, à travers la société civile. Elle répond présente sans trêve, à l’appel de la lutte pour la liberté et l’égalité au sein des marches et des meetings, en dépit de son état physique et de celui de son époux, peu rassurants. Par sa substance combattante, Fatima ne manque nul rassemblement pour la bonne cause, arborant haut et fort, le vocable de la dignité et le propos de l’indignation contre scélérats et tortionnaires à la fabrique, l’entreprise, la ferme ou l’institution. Toujours joviale et avenante, elle secrète à souhait  la chevalerie de l’esprit, la chasteté de l’âme et la vitalité de l’action, sans jamais faillir à son idéal et son principe auxquels elle voue la détermination à revendre. La tête haute, le pas décisif et le cœur battant, elle met en avant son sourire intarissable, son affection indélébile et sa ferveur interminable, tout en rêvant du bonheur et du bien-être d’autrui et toute l’humanité entière. Fatima aime se rendre utile, se mettre au service des autres, s’aligner sur les grands idéaux et s’exécuter dans l’humilité et la discrétion, sans jamais verser dans l’exhibition hâbleuse ni la prétention nébuleuse encore moins la jacasserie fastidieuse. Ardente plaidoyère de la langue et la culture Amazigh, elle y avait consacré son énergie et son intensité pour institutionnaliser et officialiser l’essence identitaire existentielle de l’amazighité et aujourd’hui, elle monte au créneau afin de parachever sa plaidoirie tributionnelle, en vulgarisant son usage fluide dans le quotidien de l’administration et la vie courante, en compagnie de ses semblables du mouvement Amazigh et des fervents défenseurs de la pluralité linguistique de la nation « unie dans la diversité »… En guise de reconnaissance de cette grande dame de la ville, on lui offrira une gerbe de muguet et de jasmin, tout en lui dédiant un extrait du Spleen de Paris, intitulé : « Le Fou et la Vénus », de l’illustre poète  français, Charles Baudelaire :

« Quelle admirable journée ! Le vaste parc se pâme sous l’œil brûlant du soleil, comme la jeunesse sous la domination de l’Amour. L’extase universelle des choses ne s’exprime par aucun bruit ; les eaux elles-mêmes sont comme endormies. Bien différente des fêtes humaines, c’est ici une orgie silencieuses ! »

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