Forum de débats publics en prévision du 10e congrès national du PPS

2018, l’année de tous les risques pour Trump

Depuis sa victoire surprise face à la candidate démocrate Hillary Clinton et son élection le 19 décembre 2016 en tant que président des Etats-Unis, Donald Trump n’est  pas parvenu à s’affirmer comme étant le président de tous les Américains. Son populisme et son nationalisme excessif (loin de tout patriotisme) sont en train de lui faire perdre sa popularité au sein des classes moyennes, popularité qui varie entre 30 et 38%, selon le Pr Mohammed Cherkaoui de l’université américaine George Mason.

Une grande partie de l’opinion publique, de la presse, des intellectuels mais également des couches sociales moyennes ne supporte plus les mensonges et les promesses non tenues du président dont l’élection a été favorisée par la crise sociale, économique et culturelle qui s’était  traduite par un vote populaire ayant  déjoué tous les pronostics, a expliqué Pr Cherkaoui, ce spécialiste dans la résolution des conflits et auteur de plusieurs ouvrages, articles et recherches sur la politique américaine et les conflits les plus en vue dans le monde.

Trump avait succédé à Barack Obama le 20 janvier 2017 tout en jurant d’en détruire l’héritage.

A présent, il est visé par une série d’enquêtes et est menacé de destitution ….y compris pour incapacité d’exercer ses fonctions, a indiqué le Pr Cherkaoui lors d’une conférence donnée, jeudi soir au siège national du Parti du progrès et du socialisme, à l’initiative du pôle des relations extérieures du parti.

C’est en prévision du 10e congrès national du parti, que ce nouveau débat public sur le thème du «trumpisme et ses effets sur les relations internationales» est organisé, a expliqué le modérateur de la rencontre, Abdellatif Mouatadid, membre du Comité central du parti.

Plusieurs voix s’élèvent de tous les côtés pour apporter en cette année 2018 au trumpisme les correctifs nécessaires, a indiqué le conférencier, qui a rappelé que Trump est un néoconservateur qui représente la droite chrétienne évangélique.

Selon lui, le trumpisme s’appuie sur six piliers. Vu de l’intérieur, Trump s’appuie notamment sur le nihilisme et l’antiélitisme pour se faire une place chez les couches les plus modestes, qu’il a réussi à attirer par son populisme et son show, rôle qu’il maitrise pour avoir exercé la fonction pour une chaine de télévision. Il n’a jamais milité dans les rangs des Républicains ou des Démocrates.

En Arrivant au pouvoir, il avait promis de tout changer pour faire sortir l’Amérique de son marasme économique et lui permettre de retrouver surtout sa grandeur.

A présent, il montre son véritable visage comme étant non pas le défenseur des classes moyennes broyées par la mondialisation comme promis mais celui des riches. Il avait séduit les classes moyennes par ses discours et tweets rédigés dans une langue très simple du niveau du brevet élémentaire. Toujours au chapitre économique et social, Trump s’est aligné en fin de compte sur l’orthodoxie républicaine, en prenant des mesures non pas en faveur des défavorisés mais au profit des grandes fortunes. Ce faisant, il rompt avec la tonalité sociale qui marquait ses discours populistes de campagne: la promesse d’un Etat protecteur au service des modestes.

Au plan international, il prône une politique isolationniste et un protectionnisme adapté à la mondialisation en cours, en essayant d’éloigner les Etats Unis de tous les conflits et guerres dans le monde.

Pour le nouveau président américain, les Etats Unis n’ont aucune responsabilité morale à ce niveau. Il va plus loin, en proposant une révision de l’engagement américain au sein de l’OTAN, comme il s’est retiré de la convention internationale sur l’environnement et est en train de faire de même pour la NAFTA.

Plus grave encore, il pense que les Etats Unis doivent réduire de 40% leur contribution à l’ONU.

Tout en prêchant une ligne protectionniste, le président américain estime qu’il est du droit de son pays de tirer profit de la mondialisation en cours. Pour ce faire, il envisage d’abaisser les impôts sur les grandes fortunes des multinationales (Apple) dans le but de les faire revenir investir dans le pays.

Mais c’est au niveau du dossier de la migration, que le président Trump est le plus critique à l’égard de tout ce qui a été fait jusqu’à présent dans le but de fermer le pays en prévoyant notamment la construction d’un mur entre son pays et le Mexique et une série de mesures contre des pays arabes et musulmans, dont les ressortissants sont interdits aux Etats Unis.

Selon le Pr Cherkaoui, Trump est hanté par l’idée de préserver le statut dominateur de la majorité blanche dont il est issu. L’arrivée des Hispaniques constitue pour lui une menace sérieuse qui va mettre fin à la domination des blancs.

En agissant de la sorte, le président américain s’attaque à la culture plurielle américaine. A New York City, pas moins de 130 nationalités coexistent, a rappelé le conférencier, déplorant la dérive xénophobe du discours du président américain contre les Africains, les Arabes, les Musulmans, les Latinos.

Ce qui n’est guère étonnant si l’on sait que Trump reprend en grande partie les idées de Samuel Huntington, connu pour son «clash des civilisations», a-t-il estimé.

Tout en se présentant comme étant un patriote par excellence, le président américain verse plutôt dans le nationalisme, dans son sens destructeur qui constitue le terroir fertile des mouvements racistes.

En gagnant les primaires républicaines, après avoir éliminé 16 autres candidats, Trump avait promis de corriger le Parti  Républicain en lui apportant une nouvelle vision de gouverner, de faire de la politique et surtout de tirer l’éponge sur l’héritage de son prédécesseur Obama et d’autres présidents américains.

Pour ce faire, il compte sur ses qualités de présentateur, lui qui maitrise le Show mission et la technique du spot publicitaire, et qui n’hésite pas à user de la tromperie et du mensonge, réalité qu’il véhicule à travers ses fake news, a dit Pr Cherkaoui, notant que des médias sérieux comme CNN et New York Times se sont engagés à ne pas céder aux pressions du président et à travailler pour réhabiliter l’image des Etats Unis et défendre les idéaux de liberté, de démocratie et de justice dans le pays et dans le monde.

En politique internationale, Trump cherche à se tenir à l’écart de tout en décidant de temps en temps d’intervenir en envoyant des missiles sur la Syrie et l’Afghanistan, mais sans jamais oser mettre à exécution ses menaces contre la Corée du Nord. Il est évident que cette  tendance ne sert guère la politique américaine, au sujet de laquelle le président est en conflit avec ses proches, lui qui défend des options différentes de son secrétaire d’Etat, Rex Tillerson et qui laisse son secrétaire à la défense, James Mattis, libre de conduire «sa» politique en Afghanistan ou en Irak.

En matière de lutte contre le terrorisme, Trump pense que tout le monde doit servir son plan visant à travailler pour la sécurité des Etats-Unis en s’en prenant en premier lieu aux Arabes et aux Musulmans, auxquels il a réussi à faire signer une transaction de 380 milliards de dollars de vente d’armes américaines, notamment dans les pays du Golfe.

Commentant les analyses du Pr Cherkaoui, plusieurs intervenants ont exposé différents points de vue et hypothèses sur les revers de la politique américaine mais également sur les succès remportés par Trump, en dépit des critiques et craintes qu’il suscite par ses prises de position imprévisibles et ses Tweets incendiaires, notamment envers ses opposants américains et dans le monde.

Pour certains, sa politique s’inscrit tout simplement dans le cadre du modèle néolibéral dominant dans le monde, à l’heure de la mondialisation en cours et du déclin de la gauche dans tous les pays, alors que pour d’autres, la montée du trumpisme est la conséquence de la connivence du système américain avec le sionisme et  de la crise de l’ordre économique mondial.

M’Barek Tafsi

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