Gestion de l’eau: la réponse, dans la nature

Le monde célèbre ce 22 mars la Journée mondiale de l’eau sous le thème «l’eau : la réponse est dans la nature». Cette commémoration est marquée cette année par la 8e édition du Forum international de l’eau qui se tient depuis lundi à Brasilia sous le thème «Partager l’eau» et qui prendra fin vendredi. Cet évènement est marqué par la présence de 170 pays, dont le Maroc, avec pour objectif de concrétiser les actions de sensibilisation à une ressource naturelle qui ne cesse de s’épuiser face à la forte et croissante demande.

La Terre pourrait bientôt manquer d’eau, a averti le Forum de Brasilia. L’ONU ainsi que de nombreux spécialistes et hommes politiques réunis à Brasilia ont appelé lundi à agir au plus vite pour éviter que la Terre manque d’eau, au premier jour du Forum international de l’eau.

L’ONU a dévoilé de son côté un rapport particulièrement inquiétant selon lequel près de la moitié de la population mondiale – 3,6 milliards de personnes – vit dans des zones où l’eau peut manquer au moins un mois par an, un nombre qui pourrait atteindre 5,7 milliards en 2050.

«Près de 97% des ressources disponibles d’eau dans le monde sont dans des nappes phréatiques transfrontalières», d’où la nécessité d’une «gestion efficace des eaux partagées», a déclaré Benedito Braga, président du Conseil mondial de l’eau, institution dont le siège est à Marseille (France) et organisatrice de l’événement.

Des solutions fondées sur la nature

Face aux changements climatiques et à la pression démographique qui pèsent sur les ressources en eau, l’ONU recommande que les pays se concentrent sur les «solutions vertes», en s’inspirant de la nature plutôt que de construire de nouveaux barrages et des stations d’épuration.

Fortes de leur potentiel prometteur et riche de leur diversité, les solutions fondées sur la nature pour la gestion de l’eau, constituent un élément essentiel pour la sauvegarde de cette ressource naturelle limitée, dont la demande ne cesse d’accroître.
Inspirées de la nature, ces solutions sont en ligne avec la croissance verte qui préconise une exploitation durable des ressources naturelles et l’utilisation de processus naturels pour soutenir les économies à la faveur notamment d’une panoplie d’avantages partagés dans le domaine social, économique et environnemental.

Elles peuvent ainsi, toucher plusieurs domaines, comme ceux de l’amélioration de la santé humaine et les moyens de subsistance, de la croissance économique durable, des emplois décents, de la réhabilitation des écosystèmes et du maintien et de la protection de la biodiversité.

C’est dans ce sens que la Directrice générale de l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO), Audrey Azoulay a fait valoir que la question des ressources en eau potable est l’«un des enjeux majeurs de ce siècle», relevant que l’une des réponses possibles se trouve certainement dans « les solutions fondées sur la nature » qui s’inspirent du cycle naturel de l’eau et qui encouragent la protection et la restauration des biosphères.

«Il faut favoriser des solutions qui protègent, gèrent et restaurent les écosystèmes naturels ou modifiés, et qui répondent aux défis humains et écologiques de manière efficace et durable, en améliorant le bien-être des individus et en préservant la biodiversité», a souligné Azoulay dans un message publié sur le site de l’UNESCO. Plantation de nouvelles forêts, reconnexion des rivières aux plaines inondables, restauration des zones humides, sont entre autres, des actions qui permettront de relever les défis contemporains de gestion de l’eau, en vue notamment de développer une agriculture durable et de bâtir les villes de demain, a relevé la responsable onusienne.

Le Maroc au Forum mondial de l’eau

Conscient de l’importance de la problématique de l’eau qui préoccupe l’ensemble des pays du monde, le Maroc a participé activement au 8e Forum mondial de l’eau à Brasilia, avec une délégation présidée par le Chef du gouvernement, Saâd Eddine El Othmani. Dans le cadre de sa participation aux travaux du Forum mondial de l’eau, qui se poursuivent jusqu’au 23 mars dans la capitale brésilienne, le Maroc a également mis en place un pavillon pour mettre en avant son expérience dans le secteur des ressources hydriques. Lors du forum, El Othmani a mis en avant les diverses actions entreprises par le Royaume en matière de gestion de l’eau, à travers notamment l’élaboration d’un plan national de l’eau définissant les grandes lignes de sa politique hydrique jusqu’à 2050 pour capitaliser sur les acquis, rattraper certaines carences et innover en matière de production et de gestion de la ressource, tout en traitant des volets relatifs aux mécanismes de financement et de suivi.

Il a partagé l’expérience du Maroc qui a engagé depuis longtemps une politique dynamique qui a permis au pays de se doter d’une importante infrastructure hydraulique constituée de 139 grands barrages totalisant une capacité de plus de 17 milliards m3 et de plusieurs milliers de forages et de puits captant les eaux souterraines, ce qui a contribué à l’amélioration de l’accès à l’eau potable, à la satisfaction des besoins des industries et du tourisme et au développement d’un système d’irrigation à grande échelle.

Cependant, le secteur de l’eau au Maroc, a-t-il souligné, fait face à plusieurs défis liés notamment à la raréfaction des ressources en eau et l’accentuation des phénomènes climatiques extrêmes (inondations et sécheresses) sous l’effet des changements climatiques, ainsi qu’à l’inadéquation des ressources avec des besoins en eau en croissance continue.

La secrétaire d’État chargée de l’Eau, Charafat Afailal, a quant à elle appelé, mardi à Brasilia, à mettre en avant la situation alarmante de l’eau en Afrique et a plaidé pour que la question hydrique demeure au premier plan des préoccupations de la communauté internationale.
« Le Royaume du Maroc souhaite que cette édition du Forum Mondial de l’Eau soit l’occasion pour mettre en avant la situation alarmante de l’eau en Afrique», a souligné la responsable marocaine.De son avis, l’initiative «Water for Africa» lancée par le Maroc lors de la 22e conférence des parties à la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (COP 22), qui s’est déroulée à Marrakech, «constitue un cadre dans lequel l’aide inclusive mondiale pourrait être conçue et accordée» au Continent.

«Une solidarité internationale en faveur du Continent africain est plus que jamais nécessaire», a-t-elle indiqué dans une intervention au nom du Maroc, lors de cette rencontre, qui a connu la participation de hauts responsables et d’experts de plusieurs pays africains, ainsi que de représentants d’organisations internationales. Par ailleurs, Afailal a estimé que la communauté internationale dans son ensemble est appelée à «redoubler d’efforts afin de préserver les acquis dans le domaine de l’eau et pour que la question de l’eau soit au cœur des préoccupations». A cette occasion, la secrétaire d’État chargée de l’eau a rappelé que le Maroc, qui a œuvré avec le Conseil Mondial de l’Eau pour faire converger les agendas des communautés de l’eau et du climat, reste disposé à continuer à militer pour que la question de l’eau demeure au premier plan des préoccupations de cette communauté.

Ce conclave a été marqué par la remise de la sixième édition du Grand Prix Mondial Hassan II pour l’Eau, décernée à l’Organisation de Coopération et de Développement économiques (OCDE), en la personne de son secrétaire général, Angel Gurria. La consécration de L’OCDE constitue une sorte de reconnaissance pour tous ses efforts, notamment ses multiples actions et son engagement en faveur de la mise en œuvre des principes de solidarité et d’inclusion afin de garantir la sécurité hydrique et de contribuer à la justice climatique.

(MAP)

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