Grippe aviaire, aliments cancérigènes et normes avicoles

La FISA contre-attaque

La FISA semble être sur tous les fronts ces derniers temps. D’un démenti à l’autre et d’une précision à l’autre, la fédération interprofessionnelle du secteur avicole contre-attaque  à nouveau pour dire que la demande d’exportation des produits avicoles marocains sur le marché de l’Union Européenne (UE) n’a pas été rejetée ni refusée et que le processus d’audit préalable est toujours en cours. Aucune décision n’est au jour d’aujourd’hui prise.

L’activité avicole évolue et se développe pour répondre au mieux aux standards et exigences sanitaires appliqués à l’international.  D’ailleurs,  la filière est soumise à deux contrats programmes dont le dernier signé en 2017 vise essentiellement à poursuivre la normalisation des circuits d’abattage et de commercialisation, avec la modernisation des points de distribution traditionnels et la création de points de vente modernes. De même, il ambitionne  de renforcer l’appui aux capacités industrielles modernes et de développer les exportations sur les marchés de proximité.

Grippe aviaire, aliments cancérigènes dans l’aviculture et aujourd’hui non-conformité des normes sanitaires exigées dans les élevages, les tueries traditionnelles et les différents points de ventes, la FISA se veut rassurante et réconfortante.

Le dernier  communiqué de la Fédération avicole date de la semaine dernière et vient expliquer la situation réelle des choses.  La FISA rectifie et précise que l’UE n’a encore pris aucune décision concernant  l’autorisation pour le Maroc d’exporter ses produits avicoles traités thermiquement  (charcuterie…) à destination des pays de l’Union Européenne. Elle précise que le  rapport d’audit en question  a porté sur l’amont de la filière avicole et a concerné les aspects liés à la santé avicole, les laboratoires et la réglementation avicole.

Ledit rapport  a révélé effectivement certaines remarques axées essentiellement sur la partie avale du secteur connu par la prédominance de l’informel (transport, ryachates) tout en invitant les services de l’ONSSA à fournir les actions correctives et d’amélioration destinées à répondre aux recommandations de l’audit, indique le communiqué de la FISA.

Le même rapport n’a en aucun cas annoncé une décision de l’Union Européenne concernant l’exportation de nos produits. Et de poursuivre qu’un second round de visites est prévu entre le  11 au 18 octobre 2017 suivi d’autres programmes courant décembre prochain.

En effet, les deux contrats-programmes avec le Gouvernement ont pour objectif la mise à niveau de toute la chaîne de valeur du secteur avicole en encourageant le développement d’un réseau d’abattoirs industriels avicoles et la transformation des ryachates en unités d’abattage de proximité destinées aux ménages conformes au CPS. Toutefois, la fédération reconnait que même avec la signature de ces contrats-programmes, la  partie avale continue de connaître un retard manifeste.

Il est à rappeler également que la démarche du secteur s’inscrit dans une logique d’export pour les unités dont la traçabilité est assurée (répondant aux critères établis par les lois 49/99, 28/07 et pour certaines, les normes ISO et HACCP).

Les explications de l’ONSSA

Selon un communiqué de l’Office national de la sécurité sanitaire des produits alimentaires (ONSSA), un audit a été effectué du 11 au 22 septembre 2017 par une équipe d’experts de la Commission européenne (CE). Cet audit succède à celui déjà effectué en  mars dernier par une équipe d’experts européens sur l’amont de la filière avicole.  La mission d’audit sur la production de viande de volailles, qui s’est déroulée dans de bonnes conditions, avait pour  objectif d’évaluer les plans de surveillance des résidus des médicaments vétérinaires, des pesticides et des contaminants de l’environnement, le suivi de leur mise en œuvre ainsi que l’évaluation des compétences techniques des services vétérinaires de l’ONSSA.

L’audit a également concerné la vérification de la mise en œuvre du plan de surveillance des résidus dans l’aquaculture, dont les produits sont autorisés à l’export depuis 2004, annonce l’ONSSA.

Pendant leur mission, les experts européens ont vérifié les mesures prises par l’ONSSA en matière de sécurité sanitaire des viandes et produits à base de viandes de volailles et des produits de l’aquaculture. Ils ont notamment visité des fermes d’élevage de poulet et de dinde, des abattoirs avicoles, des établissements de préparation des viandes et produits à base de viandes et d’aliments pour animaux, des fermes aquacoles, une société pharmaceutique et un cabinet vétérinaire privé. «L’ensemble de ces visites a eu pour objectif de vérifier que les circuits de commercialisation et d’utilisation des médicaments vétérinaires sont bien maîtrisés», précise l’office.

Les recommandations des auditeurs européens

À l’issue de ce premier audit, les experts de la Commission européenne avaient publié un rapport contenant quelques recommandations. Celles-ci portaient notamment sur la nécessité de combler les faiblesses dans le système de diagnostic de la grippe aviaire et de garantir l’absence de foyers de maladie de Newcastle, une maladie qui affecte les volailles. « Les conditions ne sont donc pas pleinement réunies pour une certification sanitaire des élevages produisant de la viande de volaille pour l’exportation de produits carnés vers l’Union européenne », concluait la Commission européenne. Les services de l’ONSSA avaient répondu en assurant qu’ils mettraient en œuvre une série de mesures pour remédier à cela. Un dernier audit est programmé pour le mois de décembre 2017 pour évaluer l’aval de la filière (établissements d’abattage, de préparation et de transformation des viandes de volailles) et permettre éventuellement l’exportation des produits avicoles marocains, conclut l’ONSSA.

Pas d’aliments cancérigènes

Il y’a quelques jours, la FISA comme l’ONSSA avaient publié un communiqué pour démentir catégoriquement l’existence et l’utilisation  d’aliments cancérigènes dans l’aviculture. La fédération du secteur avicole a précisé que le Maroc ne procède aucunement à des importations d’aliments de volailles. Tous ses besoins sont satisfaits par la production nationale et une partie de sa production est même exportée. Elle rappelle à cette occasion que les usines de fabrication d’aliments composés disposent d’une capacité de production annuelle de 6,5 millions de tonnes, alors que le marché national ne peut absorber que 4,2 millions de tonnes. La production d’aliments composés est régie par un ensemble de textes législatifs dont la loi 28-07 relative à la sécurité sanitaire des produits alimentaires qui soumet l’activité de production des aliments composés à une autorité préalable de la part des services de l’ONSSA  avec l’engagement d’assurer un suivi rigoureux de toutes les étapes de fabrication et de manutention de manière à garantir un aliment composé de qualité qui respecte les normes reconnues mondialement.

92% du poulet  passe par les tueries artisanales!

Il est clairement annoncé que si le corpus législatif et réglementaire est exhaustif et totalement respecté en amont de la filière, l’aval reste entaché d’anarchie avec un circuit de distribution et de commercialisation et un système de contrôle défaillants.

Le constat fait part de l’existence de plus de 15000 tueries artisanales et donc du passage de 92% du poulet produit et de 20% de la dinde produite  par  le circuit non agréé et non contrôlé (grosses tueries, marchés de gros et souks) contre seulement 8% du poulet et 80% de la dinde qui passent par le circuit agréé tracé (abattoirs Industriels, boucherie, grande surface).

Aujourd’hui, la réforme avicole est plus que jamais nécessaire pour être au même niveau à court terme que le pays voisin, à savoir la Tunisie qui a très bien réussi sa réforme et à long terme avec la Turquie qui se positionne actuellement en tant que 5e exportateur mondial des produits avicoles. Pour ce faire, la sensibilisation reste de mise et le renforcement du système de contrôle et de sanctions est entre les mains de l’ONSSA.

La réforme devrait se faire progressivement sur trois ans et selon deux  scénarios possibles, indique une étude du cabinet Mazars Maroc. Le premier consiste en la reconversion des tueries de quartier en abattoirs de proximité avec un cahier de charges et le second propose la reconversion des tueries de quartier en points de vente. Le suivi s’avère essentiel dans la mesure où il faut contrôler la provenance de la volaille,  la chaîne de froid  et enfin, assurer le contrôle du respect des exigences sanitaires, hygiéniques et d’équipement.  La valorisation des déchets à  base de volaille est aussi au programme. La réforme suppose aussi et surtout la mise en place de subventions au profit des tueries pour faciliter leur transformation en points de vente agréés ou en abattoirs de proximité. Le développement de l’agrégation et la création des zones sanitaires à statut sain n’est pas non plus en reste.

Contrat-programme industries agro-alimentaires

La 9e édition des Assises Nationales de l’Agriculture a été marquée par la signature d’un contrat programme entre le Gouvernement et les acteurs privés  pour le  développement des industries agro-alimentaires. Ce contrat, qui couvre la période 2017-2021, vise à développer le secteur de l’agro-industrie au Maroc en accélérant l’intégration entre l’amont productif et l’aval de la transformation. Il concerne particulièrement les filières des fruits et légumes, agrumicole, avicole, des viandes rouges, du lait, de l’olive, de la minoterie et de la conserverie des produits agricoles. Pour la filière avicole, ce contrat vise essentiellement à poursuivre la normalisation des circuits d’abattage et de commercialisation, avec la modernisation des points de distribution traditionnels et la création de points de vente modernes. Il ambitionne également à renforcer l’appui aux capacités industrielles modernes et à développer les exportations sur les marchés de proximité.

Fairouz El Mouden

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