« ils m’ont volé la langue arabe pendant une période de l’histoire du Maroc »

Abdellatif Laâbi

Mohamed Nait Youssef

La présentation des nouvelles publications du poète et romancier marocain, Abdellatif Laâbi était l’un des moments forts de la troisième journée du SIEL. Il est 17h à la salle Ribat Al Fath. Les amoureux de la poésie se sont retrouvés pour écouter l’une des voix poétiques singulières dont les quatre recueils majeurs de Laâbi ont été traduits du français à l’arabe par Mohamed Khmassi.

«C’est une expérience ancrée dans l’âme et l’espace. Il s’agit là d’une bonne traduction profonde de Mohamed Khmassi qui franchit les tréfonds des textes. », a souligné l’écrivain Issa Makhlouf, modérateur de la rencontre.

Traduire n’est pas toujours trahir. A vrai dire, certains textes retrouvent une nouvelle vie dans une autre langue, poétique bien entendu.

Pour Mohamed Khmassi, le traducteur est porteur de la question de la transmission de toutes les richesses de la poésie avec une dimension humaine et universelle. « Abdellatif Laâbi est un grand poète universel avec un engagement humain contre toutes formes d’injustice. Sa poésie est une célébration de l’humain et un manifeste pour l’humanité.», a affirmé Issa Makhlouf. Dans sa poésie, a-t-il dit, on trouve un hommage à la femme.

Le traducteur demeure un lecteur qui rentre dans la peau du texte, dans sa profondeur. «Il y a un dialogue avec la poésie et la pensée de Abdellatif Laâbi. Il y a un dialogue entre les deux langues. », a expliqué le poète et écrivain, Issa Makhlouf.

Selon Abdellatif Laâbi, il y avait des négociations entre le poète et le traducteur. «Je proposais de réviser le texte avec l’œil oriental fin. En effet, la façon avec laquelle nous travaillons au Maroc n’est pas la même que celle de l’Orient qui m’est toujours cher.», a-t-il révélé.

La traduction ouvre de nouveaux horizons. C’est une espèce d’altérité, d’ouverture sur le monde et l’autrui. 

« Je veille à ce que j’écris soit traduit dans plusieurs langues comme l’anglais et l’espagnol. Or, j’ai cet attachement à la langue arabe parce qu’ils m’ont volé cette langue pendant une période de l’histoire du Maroc.», a-t-il fait savoir.

A l’époque, dit-il, la seule langue que je maîtrisais c’était  la langue française. «J’ai inventé ma propre langue. En revanche, je regrettais de ne pas avoir appris la langue amazighe.», a-t-il indiqué.

Top