La diplomatie verte

Il est vrai que le terme de para-diplomatie est devenu ces dernières années très à la mode et souvent on y projette toutes sortes d’idées et de définition. Un peu comme le terme de démocratie ou gouvernance. Certainement parce que c’est un concept commode désignant une réalité tout en étant une sorte d’idéal de ce que devrait être le pouvoir, le partenariat et la gestion de coopération.

Analysée sous le prisme de la science politique, la diplomatie verte est souvent présentée comme le creuset de nouvelles procédures de contribution  des pays, redonnant sa place au débat public sur des questions qui engagent à la fois la vie présente et future des habitants de la planète. Nous sommes bien face à la mise en place d’une gouvernance mondiale de l’environnement, ce qui nécessite une diplomatique environnementale, et lorsque cela touche les questions du climat, d’une diplomatie climatique. Dans ce nouveau régime des relations internationales, les rapports de forces évoluent au profit d’un multilatéralisme qui peine encore à être suffisamment cohérent.

La question de la prise en charge des enjeux environnementaux par nos sociétés est au cœur d’une littérature qui s’est grandement développée au cours des trente dernières années. À l’origine portée par des regards disciplinaires en provenance de la sociologie, de l’étude des politiques publiques, de l’économie ou de géographie, on observe depuis le début du millénaire un engouement marqué autour de l’utilisation de la notion de gouvernance environnementale pour cerner ce champ de réflexion. Cela doit aussi aux militants de l’écologie politique qu’à la diplomatie internationale et aux Sommets de la terre qui ont permis la rencontre de ces deux catégories d’acteurs.

Tout en sachant que la diplomatie verte demeure une diplomatie  collective, à travers la formation de coalitions et d’alliances, permet ainsi de mettre en commun les ressources, d’exprimer des préférences, de formuler des revendications et de faire valoir une position commune, et ce afin d’accroître le pouvoir de négociation de l’ensemble des membres du groupe  visant à consolider  les partenariats et renforcer la coopération internationale pour s’adapter aux changements climatiques et protéger notre planète  contre les catastrophes naturelles qui peuvent survenir momentanément, surtout que ces dernières années on a tous pu suivre des  situations climatiques très critiques qui ont touché les pays les plus vulnérables mais qui sont parvenus à peser davantage dans les négociations que leur poids initial ne pouvait a priori le laisser penser, il convient toutefois de relativiser leur influence. Et S’ils parviennent bien à mettre à l’agenda de nouveaux enjeux et à agir sur le processus de négociation, leurs revendications, malgré quelques succès, se retrouvent le plus souvent écartées du texte final des négociations ou intégrées dans une version délestée de son ambition initiale, comme le démontre l’exemple des compromis réalisés autour de l’article sur les pertes et dommages lors de la COP21.

Comme on le sait tous, les Etats riches du nord ont abusé pendant des décennies des ressources de la planète. Il est principalement question des puissances émergentes, des nouvelles puissances (Chine, Inde, Brésil) et des Etats-Unis qui font barrage à toute initiative susceptible de remettre en cause leur activité économique, et par voie de conséquence le niveau de vie de leur population. De la même façon, les Etats du Sud refusent de signer des accords qui entraveraient leur développement fulgurant .par ailleurs  l’engagement de l’Accord de Paris à limiter le réchauffement de la planète en-dessous des 2°C, ainsi que l’Appel à l’Action lancé lors de la COP22 de Marrakech pour la mise en œuvre dudit accord, en particulier à travers des contributions déterminées au niveau national (NDCs) et des plans nationaux d’adaptation avec la feuille de route adoptée à Marrakech  définit notamment  un cadre d’action mondial vers la localisation de la finance climat, les signataires soulignent l’importance de reconnaître la spécificité des défis du dérèglement climatique en Afrique, qui justifie, au niveau territorial, de donner la priorité à l’accès à l’énergie, à l’aménagement du territoire et à la planification urbaine, et à des actions d’adaptation.

Cependant l’outil diplomatique doit s’adapter aux nouveaux enjeux et aux nouvelles méthodes exigés par les négociations internationales sur l’environnement  s’il répond à nos ambitions, ainsi que de faire le point sur l’action des pays sur quelques uns des dossiers majeurs dans les négociations internationales : le climat et l’énergie, la biodiversité, la biomasse, les ressources halieutiques et le prix des énergies fossiles , le rapport met la communauté internationale devant les enjeux futurs : «dépasser les vieux clivages comme l’environnement contre l’économie, ou le Nord contre le Sud». Conscient des efforts considérables à fournir en matière d’environnement ( régulation des industries, les modes de production agricole, les sources d’énergie, l’aménagement des espaces pour sauvegarder la biomasse et la biodiversité marines et terrestres ), le rapport souligne aussi le rôle essentiel de la diplomatie des pays en la matière.  L’outil diplomatique mis en place par les pays doit lui permettre d’user de son influence dans des domaines où de difficiles et patients compromis seront nécessaires. A cet égard le gouvernement  est interpellé à faire de cet outil un dispositif qui permette tout à la fois de recueillir des informations, d’être ouvert aux propositions des élus et des ONG et les associations de La société civile -qui  constituent un rempart solide-,de planifier une stratégie d’action, et de mettre en place une nouvelle réforme couronnée de succès.

 La diplomatie environnementale doit  s’organiser autour de deux grands axes, qu’elle défend individuellement ou collectivement au sein des grandes instances internationales : le renforcement de la gouvernance internationale et la lutte contre les changements climatiques  sans oublier que dans le cadre d’un renforcement de la gouvernance écologique mondiale, Plusieurs pays  plaident depuis de nombreuses années, Jacques Chirac étant l’un des initiateurs de ce projet, pour la création d’une véritable Organisation des Nations unies pour l’environnement (ONUE). Selon cette approche, l’ONUE jouerait un rôle d’impulsion politique et définirait les priorités pour coordonner l’action de l’ensemble des institutions concernées (devenant de ce fait une autorité politique renforcée). Elle permettrait une rationalisation du système actuel de gouvernance (entraînant des économies d’échelles, les ressources libérées pouvant être réinvesties dans des actions concrètes en faveur de l’environnement). Enfin, la création de l’ONUE conduirait à une meilleure association de l’ensemble de acteurs (les processus de décision intergouvernementaux devenant alors plus transparents). Lors de la Conférence sur les changements climatiques s’étant tenu, à New York en septembre 2007, des chefs d’état  ont  rappelé de faire de la question climatique un axe majeur de l’action de leur pays  qu’ils dérigent . Pour autant, l’action de la plupart des pays en matière environnementale s’appuie sur un second pilier, l’aide publique au développement de projets qui contribuent à la lutte contre les changements climatiques.  Tout en rappelant que cette diplomatie  passe également par une adhésion aux grandes conventions internationales dans le domaine de la préservation de la biodiversité et de la lutte contre les changements climatiques (notamment les trois conventions, sur le changement climatique.

Le développement de la diplomatie politique environnementale est une question internationale par excellence, vu qu’elle constitue la base du traitement des questions relatives aux développement durable.

Cependant  il est nécessaire  d’engager un débat national franc et approfondi sur la gestion des décisions dans la politique  de préservation des ressources naturelles , de façon à jeter la lumière sur les étapes et les canaux de prise de décision, ainsi que sur le rôle des acteurs et intervenants, pour permettre aux parties concernées d’être au fait du rendement de la diplomatie en faveur de la bonne gouvernance écologique et la solidarité climatique qui s’inscrit dans la continuité de négociation dans la réparation de la planète et la promotion de paix.

Hasnaa Chehabi

(Présidente de l’association Femme Eau et Environnement)

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