La maladie d’Alzheimer est un sujet qui me tient à cœur!

Farida Bouazzaoui

Mohamed Nait Youssef

Farida Bouazzaoui est comédienne, artiste peintre et présidente et fondatrice de la Troupe «Trace pour l’Art et la Culture». Lauréate de l’Institut Supérieur d’Art Dramatique et d’Animation Culturelle, elle a fait ses premiers pas dans le théâtre, notamment dans des troupes connues telles Masrah Chamat, puis Aphrodite, Aquarium, Anfass, entre autres…  Dans la pièce de théâtre «AN9OUD RIH», présentée dernièrement dans plusieurs villes du Royaume, la comédienne s’est mise dans la peau d’un personnage à la fois compliqué et complexe. Il s’agissait d’une vieille dame atteinte d’Alzheimer.

«J’ai travaillé avec des metteurs en scène aux styles et visions différents et variés. J’ai toujours essayé de profiter de chaque expérience. Car, la formation, pour moi, n’est pas assez suffisante pour un comédien, mais il faudrait plutôt accumuler des expériences et développer des outils de travail pour exceller dans sa pratique.», nous confie la comédienne.

Pour elle, la rigueur et l’autoformation sont essentielles pour la vie d’un artiste qui est toujours à la quête de soi, d’un style.

«Le travail sur le corps est important parce que le corps de l’acteur ne devrait pas être rigide. A cela s’ajoute, le niveau de concentration qui devrait être au niveau, et ce en maitrisant l’espace, le texte, entre autres…», a-t-elle révélé.

L’Alzheimer abordée par le biais du théâtre…

Farida Bouazzaoui est avant tout, une passionnée de son métier qu’elle avait choisi de son plein gré. En effet, sa passion l’a toujours guidée pour explorer des champs multiples de la création, mais aussi incarner des personnages dans les différentes situations.

«Le personnage Ismahan dans la pièce «AN9OUD RIH» me touche beaucoup. C’est un sujet qui me tient à cœur parce que ma mère est atteinte de la maladie d’Alzheimer.», a-t-elle révélé. Et d’ajouter: «j’observais les détails de son quotidien, ses gestuelles, son rythme de vie, ses transformations… Alors, quand j’ai lu le texte, la première chose qui a attiré mon attention, c’était cette maladie assez spécifique à laquelle il faudrait accorder plus d’intérêt et d’attention dans notre société, notamment l’entourage accompagnant la personne atteinte de cette maladie.»

Pour se mettre dans la peau d’un personnage, il faut le connaître d’abord. «J’ai fait des recherches sur ce sujet. On a essayé de travailler sur une étape de cette maladie, mais qui ne sera pas trop agaçante. Donc, j’ai travaillé avec Naima Zitan sur ce personnage, sur son rythme de vie lent, mais on a veillé à ce qu’il ne soit pas assez ennuyeux. A vrai dire, on a travaillé sur les transformations du corps fragile, rigide et déformé. Pour ce faire, on a travaillé sur les changements psychologiques du personnage. Bref, le travail était assez dur vu l’effort.», a-t-elle fait savoir.

Un travail esthétique sur les costumes et le maquillage

La comédienne a également travaillé sur les costumes et le maquillage qui ont été des éléments importants dans la pièce.

À l’instar du cinéma, le maquillage, dit-elle,  est très important  dans le théâtre parce qu’il est très influant. «On a essayé de braquer les lumières sur l’âge du personnage, ses états d’âme, son corps, ses traits de visage….», poursuit-elle. Pendant la période du confinement, l’artiste a  entamé une série de personnages maquillés dans des situations différentes. «Je suis artiste peintre. Pour moi, chaque couleur donne une impression. En effet, dans la pièce, j’ai essayé de travailler sur le côté pâle du personnage, sur ses rides, sur ses cernes, mais aussi sur les costumes qui sont en harmonie avec l’atmosphère générale de la pièce : la scénographie, l’éclairage.», a-t-elle indiqué.

En ce qui concerne les couleurs, la comédienne a travaillé sur des couleurs pastelles et grises. «J’ai essayé de travailler sur des couleurs froides pour monter l’ambiance du spectacle.», a-t-elle révélé.

Le théâtre marocain entre vents et marées

Le théâtre marocain a connu une évolution remarquable avec l’émergence des metteurs en scène porteurs de nouveaux projets prometteurs.

«Le théâtre marocain connaît une véritable évolution au niveau de l’interprétation parce qu’il n’y a pas uniquement le jeu au premier degré. Cette évolution est due essentiellement au travail des metteurs en scène en matière de la direction des artistes et de la mise en scène. C’est un travail d’équipe où les ingrédients doivent se réunir : une bonne interprétation, une scanographie fonctionnelle au niveau esthétique qui servira l’atmosphère générale, le texte et la mise en scène. »,  a-t-elle affirmé. Et d’ajouter : « il y a une diversité au niveau du théâtre avec les nombreuses expériences qui se basent sur la recherche et l’interdisciplinarité. Aujourd’hui, les metteurs en scène prennent plus de risques et s’aventurent pour présenter des théâtres différents avec des touches et visions diverses. Or, ces expériences restent personnelles, notamment avec l’absence d’une véritable volonté politique qui œuvre pour développer cet art sur tous les niveaux.»

Farida Bouazzaoui, la poésie dans le théâtre est essentielle et le rêve continue.

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