La sécurité

Par : Abdeslam Seddiki

Rassurez-vous chers lecteurs, je ne parlerai pas de la sécurité au sens courant du terme. Non seulement je suis mal outillé pour le faire, mais Dieu merci, la situation dans le pays est bien maîtrisée et il n’y a pas lieu de s’en inquiéter outre mesure même si la vigilance doit être toujours de mise.

L’occasion ici de rendre un vibrant hommage aux hommes et aux femmes qui veillent constamment à assurer notre sécurité. Ils le font avec dévouement, détermination et une maîtrise reconnue au niveau mondial. Mon propos dans la présente chronique concernera la sécurité humaine et plus précisément la sécurité économique qui est aussi importante que la première.

Assurer la sécurité économique d’un pays, c’est mette à la disposition de la population les moyens à même de satisfaire ses besoins fondamentaux pour vivre dignement. Cela comprend toute une panoplie de biens et services. A titre d’illustration, j’exposer aideux cas de sécurité : alimentaire et hydraulique dans lesquelles notre pays a été pionnier en réalisant des progrès considérables. Les deux renvoient au droit à l’alimentation et au droit à l’eau.  Où en sommes- nous aujourd’hui par rapport à ces deux objectifs ?

Pour ce qui est de la sécurité alimentaire, force est de constater que le Plan Maroc Vert, à l’œuvre depuis 2008et pour lequel des moyens consistants ont été mobilisés, n’est pas encore parvenu à redresser notablement la balance commerciale agricole qui reste inférieure à 50%! Et pourtant, tous les indicateurs sont encourageants : l’investissement a presque doublé entre 2008 et 2016, la production a augmenté à un rythme annuel de près de 6,4% au cours de la même période contre 3,9% pour l’ensemble de l’économie, les exportations agricoles ont enregistré une augmentation de 34% au cours de la période considérée… Avec tous ces progrès, on continue néanmoins de payer une facture alimentaire de l’ordre de 22,8 milliards de DH en moyenne annuelle (dont les deux tiers sont consacrés aux importations céréalières) avec des pics dépassant la bagatelle de 30 milliards de DH.

Situation pour le moins énigmatique.  Sans aller jusqu’à remettre en cause la «vocation agricole» du Maroc, comme le font hâtivement certains analystes et observateurs, il y a lieu de s’interroger sur la pertinence de ces orientations et s’il ne fallait pas infléchir davantage le PMV en faveur de «l’agriculture solidaire» directement liée à la satisfaction des besoins de la population, sans pour autant négliger les productions destinées à l’exportation. Les Fonds pour le développement rural et des zones de montagne s’inscrit visiblement dans cette perspective.

Concernant la sécurité hydraulique liée au droit à l’eau, il y a lieu d’affirmer  que le Maroc est globalement sur la bonne voie moyennant cependant la poursuite de l’effort  au niveau de la mobilisation de la ressource et  les ajustements nécessaires notamment au niveau de la protection des ressources existantes et de leur  répartition équitable entre les utilisateurs.  Il faut rappeler que le Maroc dispose d’une «véritable culture de l’eau» grâce à la vision anticipative et stratégique du Regretté le Roi Hassan II, vision perpétuée et consolidée par Son Successeur le Roi Mohamed VI.

La politique des grands barrages lancée à partir des années 60, qui ne bénéficiait pas à l’époque de l’adhésion et du soutien de tous, s’est avérée pertinente et répondait parfaitement aux intérêts stratégiques du pays. Ses critiques avaient une vision étriquée selon laquelle «les grands barrages sont au service des grands exploitants agricoles».

Soit ! Mais rien n’interdit que ces grands ouvrages puissent bénéficier aussi à la petite et moyenne exploitation.

La vision pour l’avenir est désormais claire : nous avons une stratégie de l’eau couvrant la période 2010-2030, nous disposons d’une véritable politique de l’eau, le gouvernement actuel vient d’annoncer la préparation d’un nouveau plan national en la matière. Il faut aller de l’avant et mobiliser tous les moyens disponibles tout en tenant compte des changements climatiques qui impactent négativement nos ressources hydrauliques.

Les recommandations émises par le CESE en 2014 demeurent d’actualité. Elles portent sur une mobilisation supplémentaire annuelle de 6,4 milliards de mètres cube à travers le dessalement d’eau de mer (31%), l’édification de nouveaux barrages (27%), la rationalisation de l’irrigation (25%), le recyclage des eaux usées (11%) et l’amélioration des rendements de l’adduction d’eau (6%). A cela il faut ajouter, et c’est urgent, le transfert de l’eau du nord du pays vers le sud. Qu’importe le coût ! Il y va de la survie de toute une partie de nos concitoyens.

L’eau est un bien public, on ne le dira jamais assez. Elle ne doit pas faire l’objet d’un traitement marchand et bassement mercantiliste. Tout comme la préservation de notre souveraineté alimentaire.

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