Iliasse El Mesnaoui
Que ce soit pour les entreprises ou pour leur assureur, sensibiliser autour de la prévention des accidents de travail est un combat de tous les jours. C’est dans ce cadre que Wafa Assurance a tenu une conférence jeudi dernier à Casablanca pour partager son expérience d’assureur hyperactif dans ce segment, ainsi que pour rappeler, chiffres à la clé, que la prévention est une stratégie gagnant- gagnant, et que sécurité rime avec compétitivité.
D’emblée, Ali Harraj, P-DG de la filiale du groupe Attijariwafa Bank, a expliqué l’ampleur des risques qu’encourent les sociétés insoucieuse de cet aspect. «Saviez-vous que seule une entreprise sur deux redémarre son activité à la suite d’un sinistre incendie, faute d’une couverture assurance suffisante ?», informe-t-il pour illustrer l’impact désastreux de ce genre
D’incidents sur l’activité d’une entreprise. En effet, l’accident de travail est un fléau national et international : dans le monde, toutes les 15 secondes, 153 travailleurs en sont la victime.
Du coup, mettre en place une politique de gestion des risques au sein d’une entreprise constitue un investissement rentable et créateur de valeurs pour elle, et un marché lucratif pour les assureurs. Et Wafa Assurance n’est pas du reste. La compagnie adopte une politique d’accompagnement qui se décline à travers les interventions de ses ingénieurs sur les sites des entreprises clientes, afin de traiter les risques spécifiques qui peuvent menacer leurs ressources humaines ou leurs biens matériels. Œuvrant sous le label «Wafa Prévention», l’assureur effectue annuellement quelques 300 visites de risques. Ses services analysent également plus de 5000 accidents de travail, dispensent une trentaine de formations et effectuent une dizaine d’études sectorielles sur la même période.
Même que Wafa Assurances prévoit d’étendre son champ d’action en matière de prévention. Harraj précise que «au-delà des risques que nous connaissons depuis des décennies, nous assistons à l’émergence de nouveaux risques liés aussi bien aux événements climatiques et naturels que des risques du fait de l’humain tels que les cyber-risques. C’est pourquoi des projets sont en cours d’élaboration pour élargir notre intervention à ce type de nouveaux risques».
De même, la conférence fut l’occasion d’appréhender exhaustivement la thématique de «l’accident de travail», en invitant des dirigeants et des managers d’entreprises nationales à partager leur expérience autour d’aspects comme la conduite que les entreprises doivent adopter pour se prémunir de tous les risques, ou bien les freins qui peuvent s’imposer à une politique efficace dans ce sens, ainsi que sur la manière efficace que doivent adopter les pouvoirs publics et les assureurs pour accompagner les entreprises dans leurs efforts de prévention.
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Trois questions à Ali Harraj,
Président-directeur général de Wafa Assurance
Quel est l’approche de Wafa Assurance vis-à-vis de l’accident de travail, et de la prévention en somme?
La prévention de manière générale est un axe stratégique important chez Wafa Assurance. La santé et la sécurité au travail, nous observons l’évolution de la fréquence de sinistres en termes d’accidents de travail, mais nous suivons également d’autres aspects, dont la santé et les maladies professionnelles par exemple, dont on ne parle pas suffisamment mais c’est une problématique importante dans certaines activités comme l’activité minière et autres. Notre stratégie repose justement sur la vulgarisation et la prévention. C’est un partenariat gagnant-gagnant entre l’assureur et l’assuré. Nos clients doivent comprendre qu’il y a un intérêt à améliorer les conditions de sécurité au travail et de mettre en place un programme de prévention parce qu’il y on tout à gagner. Pourquoi ? Parce que d’abord au niveau de la prime d’assurance, il y aura un impact financier direct qui sera une révision de la prime à la baisse, donc la charge de l’entreprise va baisser, et d’autre part, le coût de la non-sécurité est extrêmement élevé. Justement, les entreprises sont sensibilisées par rapport aux coûts indirects qu’ils ont parfois du mal à appréhender.
Avez-vous constaté que le nombre d’entreprises se conformant aux exigences de sécurité est en évolution?
Nous essayons justement d’inciter le maximum d’entreprises à respecter ces normes, que ce soit par la formation, par des visites sur site, par des recommandations et des analyses, et je peux vous assurer que ce n’est pas de la théorie et que ce sont des investissements extrêmement rentables pour les entreprises bénéficiaires. Quand on fait ce qu’il faut en matière de prévention, les résultats sont souvent au rendez-vous.
Vous prévoyez d’investir en Afrique, qu’en est-il de l’aspect santé et sécurité au travail dans vos marchés cibles?
Ce que je peux vous dire, c’est que nous sommes présents dans six autres pays du continent, et nous avons des projets de développement dans d’autres marchés. Nous essayons d’appliquer dans ces pays-là les mêmes stratégies qu’on applique au Maroc, et notamment tout ce qui relève de l’aspect santé et sécurité au travail. La différence réside simplement dans le niveau de maturité de ces marchés et qui varie d’un pays à l’autre. On ne peut pas appliquer partout et à la lettre l’arsenal de mesures que nous avons mais nous y allons progressivement, et cela donne de bons résultats.
Propos recueillis par I.E.M