Il y a juste quelques semaines, le Dr Lahoucine Aboudrar a rendu le tablier, à la tête de la Faculté des sciences juridiques, économiques et sociales d’Agadir. Un beau parcours aussi bien éloquent que laborieux d’un doyen qui n’aime pas trop les faisceaux des projecteurs ni les gros titres des manchettes.
Depuis déjà de longues années, il détenait les rênes de cette institution, avec doigté et abstinence hors pair. Tout au long de sa mission, il a fait montre de vertus au sens large du terme, sans jamais faillir à ses devoirs à l’égard de son entourage pluriel. Il fallait assurer le bon fonctionnement du travail administratif, mais également la bonne assimilation des divers apprentissages au sein d’un jeune établissement encore aux premiers balbutiements. En effet, mise en marche en 1999, la FSJES qui recueillait, chaque année, dans son campus, plus de 7000 nouveaux postulants à des multiples filières, émanant de toutes les régions du sud du royaume, devait gérer vaillamment sans relâche, la surabondance de l’effectif et maintenir la stabilité de l’ambiance.
Ce n’était nullement une aventure de tout repos pour s’acquitter d’une besogne aussi ardue et stressante, d’autant plus que les études poussées de droit et d’économie captivaient, de plus en plus, les jeunes étudiants de tous bords.
Mais, le doyen sortant avait cet attouchement subtil de décrisper les tensions et d’aplanir les dissensions. Il avait également cette délicatesse peu commune de dissuader les récalcitrants et d’assagir les renégats. En fait, deux décennies d’existence de cette structure embryonnaire ne sauraient instaurer toute l’expertise requise. De bout en bout, le doyen partant a su, avec grâce et finesse, tirer son épingle du jeu, en optant pour une gouvernance inclusive et intégrée de toutes les constituantes de l’instance supérieure en dépit des contraintes.
Certes, cette tâche a pu également s’accomplir en raison de la cohésion qui règne dans les différentes composantes de l’université Ibn Zohr que conduit avec brio et succès, l’actuel président, Dr Omar Halli. Mais, il va sans dire non plus que les qualités indéniables de Lahoucine Aboudrar ne sont plus un secret pour personne. Son affabilité débonnaire et sa magnanimité suave sont reconnues et estimées, à juste titre, tant au sein de la Faculté que dans la vie publique.
Durant son probant mandat, il n’avait compté que des collègues avec lesquels il partageait les mêmes valeurs du métier, mais aussi les préceptes vertueux. Il savait bien concilier avec doigté et circonspection, la rigueur de la matière cognitive dans les amphithéâtres et la ferveur de la passion des étudiants. Pour lui, la faculté est un berceau de connaissances et un havre d’épanouissement des aptitudes.
On retiendra cette symbiose à laquelle il s’est attelé, corps et âme, à tisser avec le staff professoral et la flopée déferlante de la cohorte estudiantine de tout acabit. Il bien évident qu’on regrettera son départ parmi tout ce beau monde, mais il sait bien que toute chose a une fin et que son successeur en compagnie duquel il a gravi un bon bout de chemin, saura assurer la continuité et rehausser davantage le statut d’une entité universitaire de référence mise en fringant échafaudage par le doyen sortant. «Le style est l’homme même !», disait un jour Leclerc de Buffon devant un parterre d’érudits de l’académie française. La conscience tranquille et l’esprit ragaillardi, Lahoucine Aboudrar avait ce style propre à son charisme qui faisait de lui un gestionnaire avéré, tout en demeurant un citoyen empreint d’humilité et de décence. Gloire à toi, Doyen!
Saoudi El Amalki