Lahoucine Bardaouz, un talent pluriel

Lahoucine Bardaouz est une icône du théâtre et cinéma amazighs. Né le 11 septembre 1955 à Inezgane, ville située entre Agadir et Aït Melloul, il a eu une brillante carrière artistique qui s’est construite progressivement durant plusieurs années de travail d’arrache-pied.

C’est dans les années 70, plus précisément en 1976 que Lahoucine Bardaouz  entame sa carrière de comédien avec l’Association Amal Souss-Inezgane. Cette structure culturelle et artistique était connue à l’époque par sa contribution dans le dynamisme du secteur culturel dans la région. Deux années plus tard, Bardaouz intègre l’Association Achouâla Attakafia Inezgane où il joue dans deux pièces de théâtre,  à savoir  «Bhal Attamtil» et «Khaliouna n’matlou».

Après avoir joué en darija, le comédien charismatique se lance dans une nouvelle expérience, cette fois-ci en langue amazighe avec l’association Tifawine. A une époque où le théâtre amazigh est à ses débuts, les artistes sont inlassablement à la recherche de notoriété et d’une place parmi les grandes figures de l’art marocain et étranger. C’est alors que Lahoucine Bardaouz fait une rencontre qui impactera à jamais sa carrière. Il côtoie Ahmed Baddouj, l’une des figures emblématiques du 7e art marocain et amazigh. Cette rencontre débouche sur deux films en langue amazighe, à savoir «Tiyiti N’wadane» et «Ajmil L’gherd». Ces deux films où il joue certes deux rôles secondaires, mais importants  révèlent au grand public un nouveau visage du cinéma, celui du «doyen de l’écran amazigh» comme beaucoup d’amoureux de son art aiment l’appeler.

Bardaouz fait partie des artistes amazighs aux multiples talents qui sont connus par la maîtrise parfaite de leurs rôles qu’ils choisissent avec beaucoup d’exigence et d’audace. L’artiste excelle dans l’incarnation des personnages et joue ses rôles avec beaucoup de sincérité.

Avec le temps, ses rôles se sont multipliés et son visage est devenu  de plus en plus connu auprès du large public. Son rôle dans le film «Hamou Ounamir» (2002)  ainsi que dans les séries télévisées «Douiba», «Rommana et Bertal » et «Souk N’ssa» réalisées par Fatima Boubegdi  marqueront son entrée en grande pompe dans les domaines du cinéma et de la télévision. Ses participations et contributions sont nombreuses, diverses et multiples. Dans le film de  Lahoucine Bizgarne, «Tayiri Issiouid’n» ou encore dans celui d’Abdallah Dari, «Touf Tanirt», Bardouaz laisse son empreinte et sa trace d’artiste confirmé et doué.

Un acteur est celui qui prend des risques et qui s’aventure. Et l’une des vertus de Lahoucine Bardaouz réside dans sa confiance aux jeunes réalisateurs et leur potentiel. Il a pu ainsi jouer avec le jeune réalisateur Abdellaziz Oussaïh dans plusieurs  films  dont «Alkenz Aouri Tkmal’n» , «Lhilt Touf Lâar» , «Hmad Lqerran» et d’autres travaux.

 Infatigable, Bardouaz a incarné plusieurs rôles dans des longs métrages en 35mm tels que «Tamazirt Oufella» du réalisateur  Mohamed Mernich, «Swinguem» de l’acteur et réalisateur Abdallah Ferkous, «Aghrrabou» et «Addour» d’Ahmed Baidou, «Tabrate» et «Tadminine» du réalisateur Ali Aït Bouzid.

 Lahoucine Bardaouz est également scénariste. Dans ce cadre, il a écrit des scénarios pour des films qui ont changé la ligne éditoriale du cinéma dans la région du Sud, ainsi que la vision traditionnelle véhiculée par les premiers films des années 90. Bardaouz s’est inspiré du patrimoine amazigh pour réaliser ses travaux et ses écrits ont été bien accueillis par le public marocain. Parmi ses scénarios écrits pour des films à succès figurent : « Hmad Lqarran », « Tallouht Loualidayne », « Lhilt Touf Lâar », «Kra y Gat yan D’lhem n’s», «Lkenz Aouri Tkmal’n», «Tillas N’tifawin», «Tabrate»,  pour ne citer que ceux-là. Lahoucine Bardaouz est toujours présent sur scène et parcourt des distances pour mieux représenter son art et ses lettres de noblesses.

Mohamed Nait Youssef

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