«L’amour c’est comme les oiseaux», un cri de révolte

Lucile Bernard 1Après «la vie comme un poème», «Dernières nouvelles avant le jour», la romancière et fondatrice du centre de création artistique «Riad Sahara Nour» à Marrakech, Lucile Bernard, vient de sortir un nouveau roman : «l’amour, c’est comme les oiseaux» paru aux Editions l’Harmattan. Le roman relate l’histoire de Lou, jeune fille de quinze ans, délaissée à son sort dans un monde incompréhensible, ambigu et miné de toute sorte de maux, de danger et d’entraves. L’amour dans le roman est une force salvatrice pour la protagoniste.

Al Bayane : Après «la vie comme un poème», «Dernières nouvelles avant le jour», vous venez de publier un nouveau roman «l’amour, c’est comme les oiseaux». Pouvez-vous nous présenter ce nouveau roman?

Lucile Bernard : «L’amour c’est comme les oiseaux» est le cri de révolte de Lou, une jeune adolescente de quinze ans livrée à elle-même dans un monde qu’elle ne comprend pas, un monde qu’elle cherche à fuir avec son p’tit frangin depuis que sa mère est morte, aussi bien sa famille, son école, son quartier.  Qu’elle cherche aussi à fuir avec ses mots à elle, ses mots rouge sang dont elle inonde son journal qu’elle emporte partout avec elle avec ce petit livre de Rimbaud, «Les Illuminations», découvert à la bibliothèque du lycée, Rimbaud, son compagnon de poète, son ami de toujours. C’est aussi la rencontre de Lou avec l’amour, en la personne d’Arthur, un jeune étudiant en philosophie qui va la ravir à elle-même, l’emporter, opérer sur elle comme une résurrection dans son monde de désespérance. Dans ce sens ce roman est aussi un véritable hymne à l’amour.

Parlez- nous un peu du processus d’écriture de ce roman.

Ce roman je l’ai bâti autour d’un thème majeur, central, celui de la culpabilité. Lou se sent coupable de n’avoir pas été là lors de la mort de sa mère atteinte d’un Alzheimer. Je l’ai bâti en même temps autour de la quête de l’amour et son sens, cet amour fou, inconditionnel, obstiné, viscéral qu’elle porte à sa mère, cette mère malade dont elle s’occupe en rentrant du lycée, cet amour inaliénable au-delà de la mort, mais aussi autour de l’amour rédempteur quand elle rencontre Arthur, cet amour qui nourrit, qui sauve, comme la Poésie.

Au niveau de la quatrième de couverture, on trouve un souffle poétique dans les mots et la musicalité des phrases. Est-ce un choix esthétique?

Il n’y a pas vraiment de choix délibéré. Dans cette entrée en écriture, il y a surtout une façon d’être au monde, d’écouter ce qui vient, ce qui passe à travers nous, une disponibilité quant à l’inspiration quand elle nous traverse avec ses tumultes, ses joies, ses ravissements. L’écriture nous ravit à nous-mêmes, nous emporte, on ne résiste pas à l’écriture.  Lorsque j’écris, j’aborde l’écriture à l’état brut, charnel, sans rien changer parfois. Laisser tout comme c’est, ainsi, à l’état originel. D’autres fois, c’est un véritable corps à corps avec les mots, une danse de l’amour, mais la musique est là, toujours avec la poésie. La poésie sauve, elle nous sauve à nous-mêmes.

Qu’est-ce que l’amour pour Lucile Bernard ?

L’amour est partout. Il est inscrit dans chacune de nos cellules, chaque respiration de l’univers, dans le souffle qui nous entoure. Il est le cœur du cœur, ce trésor caché, cet élan du cœur qui nous saisit, nous transporte, nous pousse hors de nous- mêmes vers l’être aimé. Il est cet abandon, dans ce regard sur nos frères, cet émerveillement devant toute la beauté du monde. Il est le ciment de toute fraternité. L’amour fait grandir le monde. Sans amour, on ne peut rien. Sans amour, point de salut. L’amour est moteur du monde.

Mohamed Nait Youssef

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