Jihane Benslimane, experte en stratégie, fondatrice de Héra Consulting Group
Bayane : Comment qualifiez-vous le consommateur marocain?
Jihane Benslimane : La psychologie du consommateur marocain n’est pas différente des autres consommateurs dans le monde. De ce fait, la psychologie du comportement des consommateurs consiste à décomposer et à rassasier un besoin. Ce besoin dépend bien entendu d’une manière de vivre, de la culture du pays, de la classe sociale, de l’âge, du genre, etc… différents critères qui peuvent impacter la pulsion de l’achat.
Le consommateur marocain a besoin de passer par plusieurs étapes avant d’acheter. Il a besoin d’admettre et de confirmer son besoin, s’informer sur le besoin et les différentes solutions, choisir la marque adéquate, décider de l’achat et réagir à posteriori.
Cependant, pour les produits de luxe, l’action ou la réaction va se faire en fonction de la performance du produit, sa rareté, ses critères, son image, les personnalités qui l’utilisent, les relations publiques et son prix. En effet le consommateur marocain de produit de luxe va s’identifier à d’autres personnes et souhaite appartenir à une classe aisée déterminée. Son image va être directement liée aux produits de luxe en sa possession.
Comment les réseaux sociaux ont-ils impacté le comportement du consommateur marocain?
Jihane Benslimane : Les Réseaux Sociaux ont un grand impact sur la perception qu’a le consommateur marocain sur un produit. Il est important d’indiquer que certaines industries ou secteurs sont plus impactés que d’autres par les RS. Le consommateur marocain ne sera donc pas forcément influencé par tous les biens et services proposés dans les Réseaux Sociaux. Un internaute sur trois suit au moins un influenceurs dans les Réseaux Sociaux. Aussi, la majorité des consommateurs marocains ayant effectué un achat après vu le produit consommé par un influenceur se dit satisfait du produit.
Le consommateur marocain passe en moyenne 1h30 par jour sur les réseaux sociaux et s’identifie, alors, beaucoup aux influenceurs qui deviennent une référence en matière de façon de vivre, bien-être, éducation, achat, beauté,…
Il semble important de rappeler que les réseaux Sociaux permettent de s’informer, de faire des découvertes, de rencontrer des gens plus facilement, de se sentir moins seul, de connaître d’autres cultures, de développer sa communication avec autrui. Les Réseaux Sociaux sont donc intéressant mais à consommer avec modération. En effet, ils peuvent avoir un impact négatif sur la santé mentale du consommateur notamment :
Les Réseaux sociaux deviennent un baromètre de mesure dans lequel le consommateur marocain compare sa vie à celle des autres. Ils peuvent penser que la vie des influenceurs est une réalité alors que les publications sont orchestrées dans le but de créer la motivation à l’achat. Cela peut créer un sentiment de frustration ou de manque parce que nous n’avons pas tel ou tel produit ou tel ou tel bien-être. Ceci pousse directement à impacter négativement le bien-être mental et le sentiment s’infériorité du consommateur marocain.
Enfin, l’engagement dans l’image que le consommateur donne dans les réseaux sociaux est lié à une estime de soi. L’évaluation constante du nombre de likes ou de réaction affecte directement la santé mentale.
Peut-on dire qu’aujourd’hui le consommateur marocain préfère les canaux digitaux?
Je souhaite ajouter que tout est calculé pour capter l’attention du consommateur marocain dans les Réseaux Sociaux afin de rendre les plateformes additives et faire que celui-ci y passe le plus temps possible.
Il est difficile de résister à cette addiction numérique pour les consommateurs marocains. Les actions sont faites pour cela comme par exemple un Tweet, un message, un like et un message. Chaque notification stimule dans notre cerveau la voie de la récompense. Le cerveau du consommateur relâche de la dopamine, l’hormone du plaisir.
Il est donc naturel que le consommateur marocain soit «hyper connecté » et soit davantage sensible aux canaux digitaux en comparaison à d’autres canaux Médiatiques.
