Le tabagisme tue!

Avec ou sans Covid-19

Tous les ans, plus de 7 millions de décès sont dus à la consommation directe de tabac et environ 1,2 million sont la conséquence du tabagisme passif, soit un total de 8,2 millions de décès évitables, selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), qui continue de faire campagne pour un monde sans tabac.

En cette journée mondiale sans tabac (31 mai de chaque année), dédiée cette année à la protection des jeunes, l’OMS rappelle la dangerosité du tabac et ses effets meurtriers sur les consommateurs en particulier les jeunes de plus en plus visées par les campagnes de promotion de l’industrie du tabac et de ceux qui servent ses intérêts commerciaux.

Au Maroc quelque 18% de la population, selon des études fiables faites au cours des deux dernières années, seraient pris au piège du tabagisme direct contre 50% de la population, victime de tabagisme passif.

Logiquement parlant, il suffit donc de cesser de consommer du tabac, sous une forme ou une autre, pour se prémunir de ce risque, en particulier en cette période de propagation de la Covid-19, un virus meurtrier invisible, mutant et volatile, qui a mis à genou et à nu la faiblesse et la limite des connaissances et du savoir humains.

Ce n’est qu’une question de volonté, ni plus ni moins. Nombreux sont les anciens fumeurs qui ont cessé du jour au lendemain de fumer, après une ou plusieurs tentatives. D’autres continuent toujours de se chercher des «excuses» et des «explications» «convaincantes» à leurs yeux pour se décourager et décourager les autres.

Ancien fumeur pendant une vingtaine d’années, j’ai cessé il y a plus de trente ans. Dégouté par l’odeur du tabac et de sa fumée qui sort de ma bouche et se dégage de mon corps et de mes vêtements et alerté par les dégâts sanitaires et matériels qu’il me cause, j’ai décidé de m’en débarrasser une fois pour toutes. Les résultats ont été rapides. Après trois jours seulement sans tabac, j’ai redoublé de volonté pour ne plus jamais approcher la cigarette, promesse à laquelle je n’ai jamais failli jusqu’à présent.

Il ne fait pas de doute que ceux qui s’en sortent sans «supplétifs ou aides médicales» comme moi sont nombreux. Mais nombreux aussi sont ceux qui se déclarent incapables de tenter l’expérience, bien qu’ils soient conscients des dangers de la cigarette.

La cigarette tolérée

Parmi les obstacles majeurs auxquels ces derniers sont confrontés figure en premier le fait que la cigarette est largement tolérée sur le plan culturel et social.

Une fois qu’on y a gouté on devient dépendant du tabac, un produit dont la promotion et l’extension sont assurées et généreusement financés par l’industrie du tabac.

C’est ainsi que les promoteurs du tabac n’ont pas hésité à avancer sans vergogne que les fumeurs sont moins affectés par le coronavirus ou que la nicotine protège de la COVID-19. Ils ont publié des articles de presse qui sèment le doute sur le fait que le tabagisme, direct ou passif, accroît la gravité des maladies respiratoires, en particulier en cette période de Covid-19. Selon des études sérieuses, les fumeurs sont sans doute plus vulnérables face à la COVID-19 car lorsque l’on fume, les doigts (et potentiellement les cigarettes contaminées) sont en contact avec les lèvres, ce qui augmente la possibilité de transmission du virus de la main à la bouche. En outre, les fumeurs pourraient déjà être atteints d’une affection respiratoire ou présenter une capacité pulmonaire insuffisante, ce qui augmenterait considérablement le risque de maladie grave.

Les produits du tabac tels que les pipes à eau (destinés à attirer les jeunes, surtout) nécessitent souvent le partage des embouts et des tuyaux, facilitant ainsi la transmission de la COVID-19 dans les milieux communautaires et sociaux. Les conditions favorisant les besoins en oxygène ou réduisant la capacité de l’organisme à l’utiliser correctement exposeront les patients à un risque accru d’affections pulmonaires graves telles que la pneumonie.

Les larmes du crocodille

Selon Adriana Blanco Marquizo, Cheffe du Secrétariat de la Convention-cadre de l’OMS,   « comme cela a été largement documenté, l’industrie (du tabac) n’hésite pas à user de la tromperie et à capitaliser sur les crises humanitaires, les catastrophes naturelles et d’autres événements catastrophiques similaires », pour gagner du terrain et faire la promotion de sa production.

Avec la COVID-19, a-t-elle dénoncé, «l’industrie du tabac cherche une fois encore à tirer parti de la situation vulnérable de nombre de nos parties, en offrant son «aide philanthropique !» sous la forme de dons financiers, de dons d’équipements de protection individuelle, de ventilateurs et d’autres ressources, dans une démarche visant à redorer son image et améliorer sa réputation».

Témoin de cette implication, deux géants du tabac, British American Tobacco (BAT) et Philip Morris, ont annoncé s’être lancés dans le développement d’un vaccin contre la COVID-19 par le biais de filiales de biotechnologie. BAT a fait savoir, le 15 mai, qu’il attendait le feu vert de la Food and Drug Administration (FDA), l’agence américaine du médicament, pour entamer la phase 1 des essais cliniques.

Le fait que l’industrie du tabac propose son aide pendant cette pandémie relève du «paradoxe», estime Dr Blanco. «N’est-ce pas là la même industrie qui produit et commercialise agressivement un produit addictif qui tue jusqu’à la moitié de ses utilisateurs ? N’est-ce pas là la même industrie dont les produits entraînent une augmentation de l’incidence des maladies non transmissibles qui, à leur tour, aggravent l’issue des patients atteints de COVID-19 ?».

A ses yeux, il est prévisible que l’industrie du tabac «suive son schéma habituel en se targuant d’avoir apporté une aide significative aux gouvernements pendant la pandémie puis en faisant pression sur eux ou en s’ingérant dans les efforts que déploient ces mêmes gouvernements pour renforcer la lutte antitabac».

Attention les amis, n’oubliez pas que le tabagisme tue et qu’il faut s’en débarrasser.

M’barek Tafsi

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