Coronavirus
Ouardirhi Abddelaziz
Plusieurs foyers épidémiques ont été signalés ces derniers jours, ce qui bien entendu fait craindre une nouvelle résurgence de cas des personnes atteintes de la covid-19 avec toutes les conséquences y afférentes. Ce constat suscite moult interrogations et interpelle le plus grand nombre à ne pas lâcher prise, en respectant davantage les mesures prises au préalable par les autorités compétentes pour venir à bout de cette pandémie.
D’un cluster à l’autre
Le vendredi 19 juin, dans son point de presse quotidien, le ministère de la Santé avait annoncé que deux-cent-six (206) nouveaux cas d’infection au nouveau coronavirus covid-19 avaient été enregistrés. Sur ce total, 164 nouveaux cas ont tous été enregistrés dans l’usine de conditionnement et de cueillette de fraises de Lalla Mimouna, située non loin de Moulay Bousselham.
Le ministère de la santé a effectué des prélèvements et a dénombré plus de 600 cas testés positifs à la covid-19 parmi les ouvriers et leurs proches. Ce qui constitue un record non négligeable depuis le début de la pandémie au Maroc. Pour le cluster de la ville de Safi, les cas d’infection au nouveau coronavirus ont été estimés jusqu’au dimanche 5 Juillet à 10 H à 500, mais rien n’est définitif.
Des fraises aux Sardines
La levée du confinement a été vécue avec beaucoup d’enthousiasme pour nombre de citoyens. Nombreux d’entre eux ont exprimé leur grand besoin de souffler, de s’émouvoir après tant de mois passés chez eux. Cependant, cette volonté d’aspirer à la liberté a suscité chez certains, le non respect des mesures sanitaires liées à la pandémie : le respect des gestes barrières, l’utilisation du gel Hydroalcoolique etc.
Et ce qui devait arriver, arriva. La lutte contre la covid-19 n’est pas encore finie, on constate que le nombre des contaminations repart à la hausse particulièrement au niveau de la région Marrakech – Safi.
Célèbre pour ses sardines, qui représentent une vraie richesse permettant à de nombreuses sardineries d’employer plus de 6.000 personnes, la ville de Safi est aussi réputée pour être la capitale de la poterie marocaine et de céramiques.
Et c’est justement au niveau de cette ville, qu’un nouveau cluster localisé dans des unités de sardineries industrielles (usine de conditionnement de poisson), où l’on a dénombré plus de 500 cas de coronavirus (dimanche 5 juillet 2020.)
Il s’agit principalement d’ouvrières travaillant pour traiter les sardines et les mettre dans des boites de conserve. C’est un travail à la chaîne où les ouvrières sont pratiquement collées les unes aux autres, sans aucune protection. Ce qui explique la hausse de contaminations au nouveau coronavirus.
Face à cette augmentation fulgurante de contaminations, les autorités ont donc décidé de placer la ville de Safi en quarantaine.
Laxisme des autorités
Ce n’est vraiment pas de gaité de cœur pour moi de dire cela, mais il faut tout de même nous rendre à l’évidence. Le nouveau cluster de la ville de Safi n’est pas le fruit du hasard.
Toutes ces ouvrières ne sont pas tombées malades du jour au lendemain, toutes n’ont pas été contaminées subitement. Il est utile à cet effet de rappeler que pour se déclarer, et pour qu’apparaissent les symptômes du coronavirus, il y a une période d’incubation dans l’organisme.
Le délai d’incubation est la période entre la contamination et l’apparition des premiers symptômes. Le délai d’incubation de la covid-19 est de 3 à 5 jours en général. Il peut toutefois s’étendre jusqu’à 14 jours. Pendant cette période, le sujet peut être contagieux.
Le facteur temps est ici déterminant et permet de mieux comprendre l’inertie des autorités face à une situation qui devrait en principe suscité un très grand intérêt , une surveillance permanente, un suivi régulier et l’emploi des moyens de prévention au sein des unités de transformation des sardines.
C’est une approche qui aurait dû être appliquée par les autorités aux usines de traitement des sardines de la ville de Safi et ce dès le 19 Juin, à la suite de l’annonce par le ministère de la santé de la contamination de 420 ouvrières d’une unité de conditionnement de fruits rouges à Lalla Mimouna. Sans oublier qu’au total, ce furent 800 personnes qui ont été testées positives. Les autorités compétentes auraient dû prendre des mesures en ces sens.
Il aurait fallu agir le 20 Juin, se rendre sur place, voir comment se déroule le travail au sein de ces usines de sardines.
De la responsabilité des uns et des autres
Le gouverneur a tous les pouvoirs pour exiger le respect des cahiers de charges, la présence d’un médecin du travail et d’un infirmier sur le lieu où travaillent ces ouvrières. C’est une obligation dans une telle situation. Quid des inspecteurs du travail?
Le département de la santé en la personne du délégué du ministère, devait lui aussi de son côté agir vite avec les équipes qui sont à sa disposition.
Le cluster de Safi aurait pu être évité si seulement les autorités de cette ville avaient pris en considération et à temps, ce qui s’est passé a Lalla Mimouna.
Les responsables de ces usines doivent rendre des comptes, car ils sont tout aussi responsables de cette hausse des cas de coronavirus.
Et si à Dieu ne plaise, d’autres clusters se déclarent ici et là, par la faute, la négligence, l’irresponsabilité, le non-respect des mesures de protection par d’autres citoyens, il ne fait alors aucun doute que l’épidémie repartira à la hausse.
A l’heure où nous écrivons ces lignes, on ne peut s’empêcher d’avoir une pensée pour toutes les personnes qui sont touchées par la covid-19 à Safi et dont le nombre va certainement dépasser les 800 après la réalisation des tests de dépistage des membres des familles des ouvrières.
Où sont hospitalisées ces personnes?
Comment se déroule leur prise en charge?
Quelles sont les infrastructures sanitaires mobilisées pour l’occasion?
Qu’en est-il des ressources humaines qualifiées?
Des questions parmi tant d’autres qui naturellement nécessitent des réponses, tout en sachant que face au coronavirus : «vaut mieux prévenir que guérir».
Aujourd’hui, l’apparition soudaine de tels clusters devraient susciter nombre d’interrogations et des dispositions devraient être prises pour les éviter.
Le maitre mot pour tous les responsables doit être la vigilance, le respect strict des mesures de protection, l’anticipation, et ne pas hésiter un seul instant a confiner la population, à rétablir des mesures de restriction, dès lors qu’il y a un risque de voir arriver cette deuxième vague qui n’est pas à exclure.