Les destitutions s’enchaînent en Corée du Sud

Attendons pour voir…

Nabil El Bousaadi

Bien que plus de trois semaines se soient déjà écoulées depuis que l’ancien président sud-coréen Yoon Suk-Yeol, qui avait vainement tenté d’imposer la loi martiale, a été destitué et remplacé par son Premier ministre Han Duck-soo, la situation est toujours tendue dans le pays dès lors qu’en l’absence d’un accord entre les différents partis siégeant au Parlement, le président en exercice refuse de pourvoir les trois sièges encore vacants à la Cour constitutionnelle suite au départ à la retraite de leurs précédents titulaires alors même que cette dernière ne dispose que de 6 mois pour valider ou rejeter la destitution du président conservateur Yoon Suk Yeol qui a fait suite à sa tentative d’imposer la loi martiale.

Face à ce blocage, le Parti Démocrate (PDC), qui est la principale formation d’opposition, a déposé, ce jeudi, une motion de destitution à l’encontre du président Han Duck-soo, qui en sa qualité d’ancien Premier ministre assure l’intérim de la présidence de la république après la suspension de l’ancien président.

Soumise, dès le lendemain, au vote de l’Assemblée, qui s’est déroulé sous les protestations bruyantes des députés du parti au pouvoir qui, pour manifester leur colère, se sont mis à chanter en levant les poings, cette motion a recueilli l’approbation de 192 députés ; ce qui constitue un nouvel épisode dans la crise politique qui secoue la quatrième économie d’Asie depuis le coup de force manqué du président Yoon Suk Yeol intervenu début décembre.

Haut fonctionnaire de carrière, âgé de 75 ans, Han Duck-soo défend l’idée que son statut de président « intérimaire » ne lui confère pas le droit de procéder à des nominations importantes et exige que la nomination des juges fasse, au préalable, l’objet d’un accord entre le parti au pouvoir, le « Parti du Pouvoir au Peuple » (PPP) et les formations d’opposition en soutenant qu’il doit «s’abstenir d’exercer les pouvoirs présidentiels exclusifs les plus importants, y compris la nomination dans les institutions constitutionnelles».

Il est clairement annoncé dans le texte de la motion de défiance visant Han Duck-soo que ce dernier « entrave intentionnellement l’enquête spéciale visant à interroger les personnes impliquées dans la rébellion et a clairement fait part de son intention de rejeter les nominations de trois juges de la Cour constitutionnelle”, non pourvus en raison du départ à la retraite de leurs titulaires.

C’est la première fois, dans l’Histoire de la Corée du Sud, qu’un président par intérim est destitué après que le président ait été écarté par une motion de censure et que la fonction de chef d’Etat par intérim est dévolue au ministre des Finances Choi Sang-mok.

Les députés accusaient M. Han d’avoir « activement participé à l’insurrection » après la tentative avortée de son prédécesseur d’instaurer la loi martiale le 3 décembre dernier.

Sachant que si les trois sièges de la Cour Suprême ne sont pas pourvus avant la fin de la procédure, les six juges restants devront statuer, à l’unanimité pour chasser le président Yoon Suk-yeol et qu’un seul vote contre la destitution du président lui permettrait d’être automatiquement rétabli dans ses fonctions, la Cour Constitutionnelle a tenu, ce vendredi, la première audience du procès.

En votant, ce 27 Décembre 2024, la destitution du président par intérim, le Parlement sud-coréen a incontestablement aggravé la «crise politique qui secoue le pays depuis que l’ancien président Yoon Suk-yeol avait décidé d’instaurer la loi martiale» et qui risque de perdurer mais attendons pour voir…

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