Attendons pour voir…
Nabil EL BOUSAADI
Alors qu’elle purgeait, depuis 2017, une peine de 22 années d’emprisonnement pour « corruption », « abus de pouvoir » et « violation de la loi électorale », Park Geun-hye, 69 ans, qui avait présidé aux destinées de la Corée du Sud de 2013 jusqu’à sa destitution en 2017, été graciée, ce vendredi 24 décembre 2021.
Selon une communication faite le jour-même, aux médias nationaux et internationaux, par le ministre sud-coréen de la justice, cette grâce qui est intervenue dans « une perspective d’unité nationale », prendra effet à compter du 31 décembre 2021.
En justifiant, de son côté, cette mesure par l’état de santé déclinant de l’ancienne dirigeante sud-coréenne qui avait été hospitalisée, à plusieurs reprises cette année, son successeur, Moon Jae-in, qui fut porté au pouvoir dans la foulée de la destitution de cette dernière, a fait part de son désir de « surmonter la douleur du passé et (d’) aller de l’avant dans la nouvelle ère ».
Le président sud-coréen ajoutera, par ailleurs, qu’eu égard aux « défis » auxquels la Corée du Sud est confrontée, « l’unité nationale et une inclusion humble sont plus urgentes que tout ».
Aussi, selon l’agence de presse Yonhap, Mme Park Geun-hye, a exprimé sa « profonde gratitude au président Moon Jae-in et aux autorités gouvernementales » pour cette décision qui a été prise en dépit « de nombreuses difficultés ».
En effet, bien qu’en janvier dernier, la fin du procès de l’ancienne cheffe de l’Etat sud-coréen lui avait ouvert la voie pour solliciter une grâce présidentielle, les services de la présidence de la république avaient répondu qu’il n’était « pas approprié » d’évoquer une quelconque amnistie au motif que la condamnation de Mme Park constitue « une leçon historique ». En outre, en mars les procureurs sud-coréens avaient même procédé à la saisie de la maison de l’ancienne présidente au titre du règlement de l’amende de 16 millions d’euros qui lui avait été infligée pour « corruption ».
Pour rappel, Mme Park Geun-hye, qui fut la première femme élue présidente de Corée du sud et qui est la fille du dictateur militaire Park Chung-Hee, avait été reconnue coupable d’avoir perçu des dizaines de millions de dollars de la part de différents conglomérats sud-coréens dont, au premier rang, Samsung Electronics, d’avoir partagé des documents classés « secrets », d’avoir enrôlé sur une « liste noire » des artistes qui critiquaient ouvertement sa politique et même d’avoir limogé, de manière arbitraire, des responsables pour le simple fait qu’ils s’opposaient à ses abus de pouvoir.
Elle avait, également, été reconnue coupable d’avoir « usé de son autorité présidentielle » à la demande de Mme Choi Soon-il, sa confidente de l’ombre surnommée, par la presse, « la Raspoutine sud-coréenne » afin d’«obliger des entreprises à donner de l’argent à des fondations ».
Tous ces faits ayant mis à nu le clientélisme douteux et les accointances troubles qui existaient entre le pouvoir politique à l’époque de la présidente Park Geun-hye et de nombreux conglomérats familiaux, Mme Choi Soon-il avait fini par être reconnue coupable d’« abus de pouvoir », de « corruption » et d’ « interférences dans les affaires de l’Etat » et condamnée à 20 années d’emprisonnement.
La Corée du Sud est connue pour la sévérité de sa justice à l’encontre de ses anciens chefs d’Etat puisque quatre d’entre eux, encore en vie, ont été condamnés après la fin de leur mandat mais étant donné que rien ne permet de confirmer, pour l’heure, que la grâce accordée à Mme Park Geun-hye n’est qu’un « acte isolé » qui n’en amènera pas d’autres dans son sillage, attendons pour voir…