Les pannes de l’émergence

Il est bien certain que notre pays réalise des avancées notoires en matière d’infrastructure diverse, fondée sur la construction matérielle. On n’en est, en fait, qu’aussi bien allègre que comblé, en raison de la justesse de ce choix relevant des grands chantiers, à l’horizon des émergences escomptées. De surcroît, il n’en demeure pas moins évident non plus, que la nation s’est faite sienne l’option pluraliste et démocratique dans l’irrévocabilité absolue, à l’aune de la contemporanéité nationale. Mais, il est assurément juste de reconnaître que le Maroc pêche par deux paradoxes criards qui le tirent vers le bas et assombrissent assidûment les indicateurs ayant trait à la cause humaine. Tout d’abord, il y a lieu de relever, non sans émoi, la persistance de l’ignorance dans les rangs de larges franges sociales. Un handicap de forte incidence sur l’épanouissement de la société, dans la mesure où il est périlleux de libérer ou encore démocratiser sans doter les individus de savoir et de valeurs. « La liberté commence là où l’ignorance s’arrête, puisque donner la liberté à l’illettré c’est autant passer l’arme au fou ! », disait l’éminent écrivain de l’Hexagone, Victor Hugo, à cet égard. Ensuite, il faut bien constater non sans désolation, non plus, la relégation de la culture au second plan dans les politiques publiques dont s’assignent les décideurs à nos jours. En fait, il convient de mettre les deux manquements criants sur le même ordre de gravité, car l’un concerne la mise à mal alphabétique, tandis que l’autre se faufile dans l’esprit de perception et d’analyse des citoyens. Tout au long des décennies, ce piédestal vital de la fondation de l’élément humain est quasiment ignoré voire exclu des priorités de l’Etat. Le piètre budget sectoriel public destiné au département en question, en est une illustration déconcertante. Ce qui ne permet jamais d’ investir dans la ressource humaine, pierre angulaire de toute expansion sociétale, à l’instar des nations développées dont tout l’intérêt était porté sur la culture et l’art sous ses multiples formes et expressions. Pis encore, on a toujours estimé que le Savoir encore la Culture étaient une « menace » à la stabilité et la maintenance du régime, durant des décades et, de ce fait, on s’est payé le luxe de sacrifier des générations qu’on opprimait pour leurs opinions et leurs ingéniosités. Ce qui explique les ratés et les retards qu’on ne cesse d’accuser à ce propos. Ce fut une bêtise fatale qu’on traînait pendant longtemps ! Le linguiste spécialiste kabyle de la langue et de la culture Amazigh, Mouloud Mammeri, avait dit, un jour : « L’erreur scientifique peut tuer  des personnes, mais l’erreur culturelle peut tuer des générations ! »                 

Top