Liberté!

En quête d’un nouveau souffle démocratique, on ne peut qu’être stupéfait par la nature des jugements prononcés à l’encontre de Zefzafi et de ses autres compagnons. La coercition n’a jamais constituée une réponse adéquate au mouvement social. L’action contestataire ne fera que se développer avec les avancées démocratiques, aussi lentes soient-elles, l’ouverture économique, aussi exclusive soit-elle et l’utilisation de l’internet.

Seul le dialogue, un encadrement politique et une action socioéconomique de proximité, permettront de dépasser les difficultés et de s’inscrire dans le changement positif de la société. La mobilisation et l’émergence de luttes ne s’effectuent pas ex nihilo mais trouvent leur raison dans la ségrégation sociale et spatiale dont souffrent la population et les territoires à travers le royaume. C’est là une réalité reconnue par l’ensemble des acteurs politiques et sociaux nationaux.

Que l’on nous permette de citer à dessein, entre autres références, Ihssane Guennoun, Junior Program Officer à OCP Policy Center, qui, se penchant sur un ouvrage collectif sur la «Cohésion Sociale, institutions et politiques publiques» (2017) du Professeur Abdallah Saaf, Senior Fellow à OCP Policy Center, consigne : «Bien que le Maroc jouisse d’un développement économique et social, sa croissance ne s’est pas nécessairement accompagnée d’un ajustement des inégalités. En effet, la croissance économique n’a pas engendré une transformation du système de production qui pourrait provoquer des changements sociaux nécessaires au bien être des individus.Ainsi, force est de constater que l’un des défis du Maroc est de corréler positivement la prospérité économique avec la cohésion sociale. Selon la théorie sociale, ce défi repose sur deux facteurs principaux.

D’une part, l’Etat éprouve du mal à gérer les besoins sociaux des citoyens, plus particulièrement dans le monde rural, et d’autre part, le modèle de développement économique du Maroc ne répond pas aux impératifs d’inclusion des femmes et des jeunes dans le marché du travail et ne prend pas en considération les inégalités sociales».

«Plus récemment, le pays a été marqué par des mobilisations contestataires qui portaient sur des revendications politiques et sociales. Selon le modèle de spirale inflationniste des attentes, plus un pays s’améliore sur le plan économique et plus les attentes de sa population seront croissantes. Cela s’est confirmé car le modèle de développement économique du pays a concentré les richesses entre les mains d’une catégorie de la société ce qui a provoqué l’exclusion d’autres classes sociales. Par conséquent, plusieurs couches de la société ne se sentaient plus appartenir à la même société ce qui a considérablement affaiblit les mécanismes qui protégeaient la cohésion sociale au Maroc».

«Aujourd’hui, la cohésion sociale au Maroc fait face à plusieurs défis que Driss Guerraoui (Secrétaire Général du Conseil Economique, Social et Environnemental) a résumé en quatre éléments dans un article paru chez le quotidien L’Economiste (12/03/2016). Il évoque ainsi la crise du secteur de l’enseignement, la non-généralisation de la protection sociale, la persistance du chômage, et enfin, les défis de gouvernance des politiques publiques en matières d’action sociale et de solidarité».

En dépit des appréciations différentes que l’on peut avoir sur tel ou tel sujet, prendre la parole avec une voix forte et un talent d’orateur ne doivent pas conduire à l’emprisonnement dans notre beau pays. Liberté à tous!

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